31 mars 2017

Snake Pass : Ondulez comme un serpent !

Sorti en catimini, Snake Pass débarque sur les plateformes du moment (y compris la Switch) avec la ferme intention de nous replonger dans l'ambiance des jeux de plate-formes des années 90. Dans la lignée d'un Yooka-Laylee, ce titre met en scène un duo improbable composé d'un serpent et d'un colibri. Mignon, coloré et particulièrement réussi, il débarque avec un concept très original et mise son fun sur son moteur physique. Et "cherry on the cake", le studio anglais Sumo Digital a eu la formidable idée de faire appel au génial compositeur David Wise, dont le talent n'est plus à prouver. Un tel cocktail, ça ne pouvait être que savoureux, non ?

téléchargement

La promesse d'incarner un serpent n'est pas nouvelle. Dans les années 90, RARE et David Wise étaient déjà de la partie avec Snake Rattle 'n' Roll sur NES/Mega Drive et Sneaky Snakes sur Game Boy. Seulement voilà, à l'époque, il fallait se contenter d'un univers en 2D ou, au mieux, en 3D isométrique. Tout cela est terminé et la technologie actuelle - près de vingt ans plus tard, merci le coup de vieux - permet de contrôler véritablement les ondulations de l'animal. C'est en partant de ce constat que Sumo Digital s'est attelé à ce projet qui respire la bonne humeur.

Capture VLC2017-03-31-23h29m03s895

De la reptation sans pression


Dès les premières notes, les musiques de David Wise font mouche. Le style du compositeur de Donkey Kong Country ou encore Battletoads est reconnaissable immédiatement avec ses percussions, ses nappes de synthé et ses magnifiques mélodies. En ce sens, il suffit d'écouter la musique du second monde, Water World, pour repenser aux folles escapades aquatiques de Donkey et Diddy sur Super Nintendo. Mais là, il n'est pas question de singes mais bel et bien d'un serpent, Noodle (oui, il s'appelle Nouille), accompagné de son compagnon colibri tout speedé, Doodle. Les deux compères ont pour mission de retrouver des artefacts afin de restaurer l'équilibre du monde dans lequel ils vivent. Chaque niveau, qui prend place dans un univers d'îles flottantes à la Avatar, est basé sur le même principe : il faut débusquer trois gemmes colorées pour ensuite les ramener à un socle prévu à cet effet. Le scénario, qui tient sur un mini-timbre-poste, n'est qu'un prétexte pour partir à l'aventure. D'autant plus qu'il est surtout question de réflexion et non d'action...

Capture VLC2017-03-31-23h31m49s156

À s'enrouler de bonheur


Comme dit dans l'intro, Snake Pass puise sa force dans son gameplay qui pousse le joueur à appréhender les mouvements du serpent pour les adapter à l'environnement. Si notre héros rampant est capable de plonger sous l'eau, d'onduler avec élégance ou de lever la tête, il va passer la majeure partie de son temps à s'enrouler autour des bambous qui font office de structures interactives. C'est par ce biais que le reptile peut atteindre les différentes zones de chaque niveau et ainsi atteindre son but. Son compagnon, quant à lui, pourra lui attraper la queue pour l'aider à progresser ou lui éviter de se faire cramer l'appendice dans la lave. Il pourra même le porter durant une courte période lors des derniers niveaux. Bien évidemment, les développeurs n'ont pas oublié les poncifs du genre plateforme, qu'il s'agisse des boules d'énergie à récupérer (20), des pièces spéciales à retrouver (5 par stage et souvent très bien planquées ou difficiles d'accès) ou des interrupteurs et autres mécanismes à activer. Snake Pass ne prône à aucun moment la violence et ne fait quasiment pas intervenir d'ennemis. En revanche, la "violence" pourra venir de votre niveau de patience...

Capture VLC2017-03-31-23h31m06s836

Un vrai et gros challenge


Malgré une durée de vie qui ne dépasse pas la quinzaine de niveaux, Snake Pass demande une grosse concentration. Si les plus chagrins regretteront que la maniabilité n'est pas toujours optimale, c'est avant tout par un apprentissage intense et sérieux que vous parviendrez à manipuler avec précision votre python. Et même avec ça, il faudra s'adapter à des mouvements de caméra parfois complètement à la rue (qui obligent le joueur à recadrer la focale), sans parler de l'élévation du cou de l'animal ou de la capacité à "agripper" les éléments du décor. Parfois, le jeu peut se montrer frustrant et il n'est pas rare de se retaper les mêmes passages à des dizaines de reprises. Malgré cela, l'ambiance cartoon et la progression bien étudiée font qu'on ne lâche pas la manette (ou l'écran de la Switch). Techniquement, le titre n'est pas renversant mais son esthétisme est tel qu'on est constamment charmé par les innombrables détails visuels. L'effet de l'eau, les lumières, les reflets sur l'environnement, les expressions de nos deux compagnons... l'ensemble participe à cet attachement. Et avec les compos de David Wise, bah, ça passe crème et on zappe les défauts...

Capture VLC2017-03-31-23h27m38s930

Conclusion du rédacteur : BON


Qu'il est craquant ce petit jeu ! Réalisé avec soin par Sumo Digital, Snake Pass offre un concept vraiment rafraichissant. On apprend véritablement à se mouvoir comme un serpent en ondulant dans des décors colorés et agréables. L'ambiance tropicale alliée aux teintes musicales de David Wise nous transporte et vient atténuer les crises de nerfs qui peuvent survenir en raison de la difficulté parfois élevée du jeu. Il n'est pas parfait et il est même un peu court mais il vient souffler une telle bouffée d'air frais que le zapper serait une énorme erreur. Pour vingt balles, il n'y a pas à hésiter.
  

Points positifs :

Le duo improbable

Mignon, coloré et attachant

Les musiques de David Wise

Un vrai challenge, surtout pour le 100%

Onduler comme un serpent



Points négatifs :

Pas facile à prendre en main

Maniabilité perfectible

La caméra parfois pénible

Quand même assez court



Éditeur : Sumo Digital – Développeur : Sumo Digital – Genre : Plate-forme/Réflexion – Sortie : 29 mars 2017 – Plateformes : PS4, Xbox One, Switch, PC

Yakuza Zero : Les origines de la série

Née en 2006, la série Yakuza est parvenue à s'installer durablement dans le cœur des gamers. S'appuyant sur l'embryon de Shenmue, elle s'est imposée grâce à un ton mature, des personnages charismatiques et une approche cinématographique particulièrement réussie. Avec cet épisode estampillé Zero, SEGA ouvre la voie aux origines de la licence et nous plonge dans un Japon des années 80 plus séduisant et grandiloquent que jamais. Bien que les situations soient parfois exagérées et que le luxe et les paillettes tiennent plus d'une approche fantasmée, il faut bien reconnaître que le jeu ne laisse pas de marbre. À l'image des épisodes canoniques de la série, ce volet a une patte unique. En terme d'ambiance, de dialogues, de liberté, il est l'un des derniers représentants d'un SEGA qui se cherche et son arrivée, en plein début d'année 2017, est une sacrée bouffée d'air frais. Ces dernières semaines, nous avons été abreuvés de titres fantastiques mais aucun ne ressemble de près ou de loin à ce Yakuza Zero. Unique et déconcertant.



Alors que les derniers épisodes se focalisaient sur une période plus proche de nous, Yakuza Zero opte pour l'insouciance des années 80. C'est précisément en 1988, en plein cœur de Tokyo, que débute notre histoire. À cette époque, l'archipel est en pleine bulle économique et de nombreux secteurs sont en pleine croissance. Les grands groupes nippons sont intouchables et attirent les spéculateurs de tous bords. C'est le temps du luxe, des strass et des paillettes, avec tout ce que l'attirance de l'argent peut comporter comme dérives. C'est justement dans cette période que cet opus prend place. Lors des premiers chapitres, on y suit ce bon vieux Kazuma Kiryû, qui n'est alors qu'un jeune Yakuza. Bien que très puissant (la première séquence en dit long sur la force herculéenne du héros), il ne maîtrise pas tout et se retrouve mêlé à une sordide histoire de meurtre, causant de sacrés remous au sein de son clan. Les Yakuza répondent à des règles strictes et malheur à celui qui ose enfreindre les principes de ses pairs. Afin d'éviter le déshonneur et les complications pour son clan, il va alors défier l'autorité et partir à la recherche du véritable assassin de l'homme retrouvé avec une balle dans la tête. Exploration, baston, mini-jeux, bars à hôtesse, magasins, restaurants... et beaucoup de blabla, voilà les poncifs de la série que l'on retrouve ici.


Une intrigue double

C'est ainsi que l'on suit les pérégrinations de notre gaillard au cœur de Tokyo, avec tout ce que cela comporte comme rencontres avec des PNJ, bastons de rue... et séquences mémorables, façon les 70 keums de Shenmue à dégommer. Après quelques heures, lors du troisième chapitre, le scénario zappe Tokyo et s'envole pour Osaka. Désormais, c'est une autre connaissance qui fait son apparition en la personne de Majima Goro. Toujours très sûr de lui, et un peu barré aussi, ce protagoniste est responsable d'un cabaret et va se retrouver mêlé, au même titre que Kazuma Kiryû, à une sombre affaire. Le joueur va ainsi passer de l'un à l'autre des héros en découvrant, petit à petit, les liens qui unissent les deux Yakuza. Cette intrigue, en duo, permet ainsi d'être tenu en éveil sans avoir l'impression de revisiter ad vitam aeternam les mêmes environnements. À l'image de Shenmue, le joueur va pouvoir dévier à tout moment de sa quête principale pour s'adonner aux plaisirs des deux métropoles. Pêche, karaoké, courses de voitures télécommandées, bon temps dans les bars à midinettes, il y a de quoi faire ! À cela s'ajoutent des quêtes annexes souvent drôles et décalées. Yakuza Zero, ça ne fait pas de doute, est un jeu très riche et qui parvient à tenir en haleine grâce à une ambiance rondement menée et pleinement inspirée des meilleurs films du genre.


En mode recyclage ?

S'il est indéniable que le recyclage est présent (il suffit de voir les animations des combats qui sont un mix de Shenmue et de titres comme Last Bronx ou Fighting Vipers), l'immersion est tout de même réussie. On s'amuse véritablement à déambuler dans ces rues illuminées où mille et un badauds vaquent à leurs occupations. L'ambiance, forcément très nippone, est dépaysante et c'est toujours un régal (même si tout le monde n'aimera pas) de s'évader le temps de quelques heures. Maintenant, il faut bien se rendre compte que le moteur technique est vieillissant et qu'il s'agit plus d'un boost léger d'un jeu PS3. En dépit des modélisations faciales fabuleuses, on a aussi droit à ce bon vieux clipping et à des ralentissements un peu étranges (genre, dans le cabaret de Majima, lorsque celui-ci fait face à un client un peu trop entreprenant). On regrette aussi que les dialogues (tous ne peuvent pas être zappés) sont absolument... interminables. Que le scénario soit prenant, c'est très bien. Mais il aurait fallu que les développeurs ne s'encombrent pas de dialogues omniprésents, surtout dans le cas d'une non-traduction française comme c'est le cas pour notre version. De même, les combats aléatoires (même si on peut échapper aux types, on se fait souvent rattraper) sont vraiment envahissants par moments. Mais dans l'ensemble, cela reste un Yakuza de très haute volée, avec des affrontements revus et réussis (on peut changer de style instantanément grâce à la croix directionnelle). À ce niveau, ce n'est pas du punch, c'est une explosion de dynamisme tant les coups sont violents. Enfin, impossible de ne pas glisser un mot sur les deux activités "personnelles" de nos compères. Là où Kazuma doit gérer un portefeuille immobilier (en gros, faire fructifier ses affaires), Majima, lui, prend la tête d'un établissement de charme. Il va donc falloir trouver les femmes les plus rafraichissantes, belles, pétillantes pour attirer la clientèle. Pas de doute, on est bien en présence d'une pure production nippone.




Conclusion du rédacteur : TRÈS BON

Yakuza Zero, à l'instar de ses grands frères, est un jeu unique. Si vous parvenez à plonger dans cette ambiance japonaise de la fin des années 80, avec ses histoires de yakuzas, vous allez oublier tous les défauts du titre. Les deux personnages sont incroyablement charismatiques et on prend un vrai plaisir à découvrir la croisée de leurs destins. Violent, drôle, parodique mais aussi réaliste, Yakuza Zero n'a pas d'équivalent - malgré son retard par rapport à son homologue japonais - en ce moment et il fait un bien fou ! Ces Japonais sont frappés mais c'est bien pour ça qu'on les adore.





Points positifs :


La croisée des deux histoires

Mise en scène géniale

Combats réussis et ultra dynamiques

Les multiples activités annexes

La modélisation faciale, bluffante

Les quêtes annexes décalées


Points négatifs :


Un jeu PS3 remis au goût du jour

Combats aléatoires trop fréquents

Les cut-scenes qu'on ne peut pas zapper

Dialogues interminables



Éditeur : SEGA – Développeur : SEGA – Genre : Action/Aventure – Sortie : 24 janvier 2017 – Plateformes : PS4

30 mars 2017

Dirt Rally VR : devenez pilote !

Sorti en 2016, Dirt Rally s'est rapidement imposé comme un intournable auprès des amateurs des courses poussiéreuses et tout en glissade. Il faut dire que le genre souffle le chaud et le froid depuis un certain nombre d'années et que les représentants sortant du lot ne sont pas nombreux. Aussi, en attendant un hypothétique second volet, l'arrivée de la réalité virtuelle pour Dirt Rally est une excellente nouvelle ! Aussi classe et efficace soit-il, le PS VR ne fait pas l'unanimité et peine à sortir du carcan des expériences courtes. En se glissant dans la peau d'un pilote de rallye, surtout avec une mise à jour ne dépassant par la vingtaine d'euros, on peut s'attendre à de belles promesses. Alors immersion au top ou gamelle mémorable ?

Dirt_Rally_Logo

D'emblée, et comme on pouvait s'y attendre, les graphismes de Dirt Rally VR sont en deçà de l'original. Si l'ensemble est globalement propre visuellement, on regrette que l'aliasing soit aussi présent. Même topo pour la résolution qui prend un sérieux coup dans le volant par rapport aux standards esthétiques de la PlayStation 4. Maintenant, on le sait, tout l'intérêt de la VR réside dans cette propension à nous immerger dans des situations généralement inaccessibles pour le commun des mortels. Se retrouver dans l'habitacle d'une voiture de rallye lancée à vive allure, avec cette impression de toucher les bords de la route à chaque virage, c'est vraiment autre chose que d'avoir les deux paluches posées sur la manette. Et sans grande surprise, avec une base aussi solide que Dirt Rally, il y avait peu de chances d'être déçus.
dirt-rally-playstation-vr-screen-4

Attention, serrez à droite sur crête


Une fois le casque visé sur la tête, il est bien difficile de lâcher le jeu. L'ensemble du contenu est jouable en VR et les sensations sont vraiment excellentes. L'impression de vitesse est grisante et on est constamment happés par les différentes ambiances et lumières qui enveloppent les décors. D'ailleurs, les effets météo, particulièrement bien rendus, participent à cette immersion. On a beau être en présence d'un jeu vidéo, l'utilisation du casque pousse à une concentration extrême tant une simple erreur peut se payer cash. Du côté de la jouabilité, il n'y a pas grand chose à redire : les commandes répondent au doigt et à l'œil et le gameplay, tout en finesse et en glissade, s'intègrent totalement à l'expérience de la VR. Pour couronner le tout, les développeurs ont intégré un mode absolument génial intitulé "copilote", jouable à deux, et qui vous placent, vous et votre partenaire, dans les mêmes conditions que les véritables pilotes de rallye. Pendant que l'un se concentre sur sa route, l'autre lui donne toutes les indications pour le guider. Entre engueulades et fous rire, ce mode mérite quasiment à lui seul l'achat de cette mise à jour.

dirt-rally-playstation-vr-screen-3

Et le motion sickness ?


Dirt Rally VR est bien plus nerveux que la plupart des jeux exploitant le casque de Sony. Il faut donc l'essayer pour vous assurer que vous résistez aux mouvements rapides dans le cadre d'une expérience en réalité virtuelle. L'aliasing étant omniprésent et cela n'aidera sûrement pas les plus sensibles. Sorti de là, il faut bien admettre que ce titre, avec cette option, offre une nouvelle approche vraiment plaisante.

dirt-rally-playstation-vr-screen-1

 

Disponible en simple mise à jour ou en édition complète (avec le jeu et la mise à jour), Dirt Vally VR donne un petit coup de boost au casque de Sony qui a tendance à s'endormir en ce moment. Si la partie visuelle est, comme on pouvait s'y attendre, un peu en retrait des standards PS4, elle n'affaiblit en rien les excellentes sensations. En matière d'immersion, on s'y croit et il faudra sans doute pas mal de temps pour maîtriser le gameplay tout en glissade du jeu. Même si vous avez retourné Dirt Rally dans tous les sens, c'est un second apprentissage qui est demandé ici. Une jolie surprise qui pourrait donner des idées à d'autres développeurs.



Points positifs :
 
  • L'impression de vitesse
  • Pilote de rallye, c'est grisant
  • Jolies effets d'ambiance
  • Concentration et fun
  • Le mode copilote
 
Points négatifs :
 
  • Visuellement en retrait de l'original
  • Faut avoir les reins solides
 
Éditeur : Codemasters – Développeur : Codemasters – Genre : Course – Sortie : 17 février 2017 – Plateformes : PS4 (PS VR)