Watch Dogs Legion : Big Brother is watching you

Dans un monde ultra-connecté où les pirates font la loi, l’organisation Dedsec règne en maître. Dans son désir de liberté, elle va malheureusement être prise à son propre piège et se retrouver traquée dans un Londres dystopique où la cryptomonnaie et la technologie sont omniprésentes. Legion, troisième épisode de la franchise Watch Dogs, marche sur les traces du premier épisode. Si Ayden Pearce n’est plus de la partie, on retrouve le côté plus sérieux, mâture et sombre de l’original paru en 2014 et qui avait fait tant parler de lui à sa sortie. Beaucoup moins coloré et décalé que ne l’était Watch Dogs 2, cette nouvelle aventure offre un terrain de jeu fantastique, un gameplay percutant et un univers vraiment immersif. Mais en se focalisant sur des personnages génériques, Ubisoft Toronto a peut-être fait de Watch Dogs Legion un titre manquant de personnalité.

En lambeaux. Le groupe Dedsec est en lambeaux depuis que des attentats ont ravagé la ville de Londres. Jugée coupable, l’organisation de hackers est désormais l’ennemie public numéro 1 et n’a pas d’autre choix que de se reformer pour prouver son innocence. Sous l’égide de Sabine, la leader du clan, le joueur a pour mission de remonter jusqu’aux instigateurs de ce massacre pour faire éclater la vérité. Dans sa quête, il sera aidé par Bagley, une intelligence artificielle agissant dans l’ombre et capable de sortir son hôte de bien des situations. Sans être surprenant d’un point de vue scénaristique, le jeu aborde des thèmes importants comme le trafic d’organes, les dérives de la science, l’immigration ou même l’esclavage. Prêts à replonger ?


Bac-à-sable « thamisé »


Du point de vue de votre serviteur, Londres est une ville absolument géniale et on ne peut que saluer le choix d’Ubi Toronto de nous immerger dans cette cité magnifique, cosmopolite et gigantesque. En dépit d’une technique pas toujours optimale (clipping, bugs…), Watch Dogs Legion est une ode à la capitale britannique. D’Oxford Street à Covent Garden en passant par Buckingham ou encore Big Ben et les Chambres du Parlement, la carte postale interactive est plus qu’alléchante ! On se surprend à passer sous Tower Bridge en bateau ou à contempler la London Eye, la grande roue emblématique de la métropole, juste pour le simple plaisir de flâner. Londres est une ville tellement fantastique que ça fait un bien fou de se promener dans un univers numérisé qui n’est pas, pour une fois, une grande ville américaine (New York, Los Angeles, San Francisco…). Dans ce souci de réalisme, les développeurs ont fait appel à des acteurs anglais pour les doublages « so british », tout en s’appuyant sur des radios aux musiques typiquement britanniques. Ce melting-pot visuel et sonore fait qu’on peut passer des heures à fouler le sol de ce Londres modélisé sans se lasser. Mais bien évidemment, ça ne fait pas tout…


La rébellion en marche


Watch Dogs Legion s’appuie sur un principe simple. Après avoir sélectionné et personnalisé votre avatar (pas de Ayden Pearce ou de Marcus Holloway cette fois), vous allez effectuer une série de missions puis passer le flambeau à des inconnus interpelés dans la rue. Concrètement, tous les PNJ que vous croisez peuvent être incarnés et chacun d’entre eux dispose d’aptitudes qui leur sont propres (furtivité, résistance, rapidité…). Commerçante, chef de chantier, comptable, chauffeur de bus… tous vont participer à la reconstitution de Dedsec. Une nouvelle fois, le piratage est au cœur de l’expérience puisque le personnage principal peut interagir avec les caméras, les appareils électroniques et tout ce qui touche à la révolution numérique de la ville. Pour distraire les gardes ou pirater des systèmes, il va falloir user de tous les outils à votre disposition. Les mécaniques sont très proches des précédents épisodes : action, exploration, énigmes à bases de verrous à faire sauter, drones à contrôler… c’est du Watch Dogs et du Ubi pur jus ! Malgré cela, et même si la formule est vue et revue, Legion est plutôt accrocheur mais souffre de problèmes récurrents comme une IA (vraiment) perfectible, une progression ultra dirigiste et un côté répétitif tout de même bien présent. Le jeu est indéniablement prenant mais manque globalement de personnalité et ce ne sont pas ses petits à-côtés, comme la livraison de colis ou la recherche de points de tech (qui procurent de nouvelles capacités comme, par exemple, le fait de dissimuler numériquement une cible vaincue), qui changent la donne.


Un jeu prisonnier de son époque ?


Si le Londres de Watch Dogs Legion a bien plus de gueule que celui, très terne, d’Assassin’s Creed Syndicate, on ne peut que regretter l’absence de renouvellement de la formule. Cela fait maintenant plus d’une décennie qu’Ubisoft nous abreuve d’open worlds sans que ceux-ci, dans leur globalité, ne parviennent à se démarquer réellement. Une nouvelle fois, le joueur arpente une ville gigantesque en piquant des véhicules, en se rendant à un Q.G puis en se déplaçant à une autre destination pour faire sa mission, le tout étant savamment emballé avec son paquet de collectionnite et de missions annexes. Et indéniablement, cela finit par tourner en rond même si, encore une fois, ce n’est certainement pas un jeu raté. Au contraire, il s’agit probablement de l’épisode le plus efficace par sa générosité et son Londres modélisé. Mais il donne le sentiment d’être arrivé au bout d’un cycle et on n’a aucun doute sur la capacité de l’éditeur français de rebondir, surtout avec la next-gen qui est en train de débarquer.

VERDICT : FUN

Watch Dogs Legion est accrocheur et offre une balade exquise au cœur d’un Londres modélisé à la perfection. Les missions sont variées et le système de recrutement laisse la porte ouverte à de multiples expérimentations. Le jeu d’Ubi a également pour lui son ambiance dystopique et ses diverses approches allant de l’exploration à l’action en passant par l’infiltration. Malgré quelques problèmes récurrents (IA, peu d’optimisation technique, bugs…), l’ensemble est donc réussi. Mais comme expliqué dans le test, l’éditeur français est probablement arrivé à la fin d’une époque et va devoir utiliser de nouveaux leviers pour surprendre son public. Toutefois, rien que pour Londres, il y a tout de même largement de quoi craquer !

Points forts :

Londres magnifiquement modélisé
Ambiance sonore réussie
Des missions bien amenées
Le principe de piratage
Le système de recrutement

Points faibles :

Technique pas toujours au point
Scénario pas foufou
Une IA vraiment perfectible
L’impression d’un cycle qui se termine

Éditeur : Ubisoft – Développeur : Ubisoft Toronto – Genre : Action / Aventure – Date de sortie : 29 octobre 2020 – Plateformes : PC, PS4, One
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