30 mars 2021

Lost Words : Beyond the Page - Une page se tourne

D’abord sorti sur Stadia, le service connecté de Google, Lost Words : Beyond the Page se glisse jusqu’à nos consoles et PC pour nous conter l’histoire émouvante de Barbara, Izzy pour les intimes. Récompensée par plusieurs prix, dont celui du meilleur jeu indépendant à la Game Connection Paris, cette œuvre écrite par Rhianna Pratchett (fille du regretté Terry Pratchett et déjà auteure de plusieurs jeux à succès) souffle un vent de fraîcheur sur les jeux narratifs. Beau, émouvant et plein de légèreté, Lost Words devrait vous interpeler.


Après un tutorial très original se déroulant dans les pages d’un livre, le jeu nous immerge dans un conte coloré et mignon reposant sur les poncifs de la plate-forme. On peut sauter, s’accroupir, attraper une paroi, pousser ou tirer un bloc de pierre, etc. Mais si le titre porte le mot « Words », ce n’est pas pour rien, c’est en effet en utilisant les mots que l’on progresse, obstacle après obstacle. L’aventure est scindée en deux parties bien distinctes, chaque niveau est d’abord présenté sous la forme d’un récit dans lequel on se déplace en utilisant les mots pour reformer des évènements. Le stick gauche permet de contrôler le personnage tandis que le droit est un pointeur qui sert à attraper les mots pour les repositionner au bon endroit. Il arrive aussi que certains mots aient un « pouvoir » qui va directement impacter les pages du livre. Cette interaction avec le récit est subtilement mise en scène et certaines idées sont vraiment géniales, comme lorsque les lettres se retournent puis s’éparpillent pour marquer un évènement fondateur de l’histoire. La partie plus conventionnelle, quant à elle, ressemble à un jeu de plate-forme à l’ancienne auquel on a greffé des rébus. Concrètement, vous devez ouvrir le livre et prendre par exemple le mot « réparer » pour remettre le pont en état et continuer votre chemin. À mesure que l’on progresse, Izzy apprend de plus en plus de mots.


À la recherche des Lucioles

Jeu très calme, très posé, Lost Words joue avec les émotions car on y devine, en filigrane, ce qui se cache derrière la trame imaginée par la petite fille qui nous conte cette histoire. Ainsi, l’aventure émeut à plus d’une reprise car il s’agit ni plus ni moins, pour cet enfant, de relater, avec ses mots et son imagination, l’hospitalisation de sa grand-mère. Les dialogues de Rhianna Pratchett touchent la corde sensible et le monde d’Estoria, fictif, s’ouvre peu à peu au joueur. C’est d’ailleurs plutôt futé d’interpeler ce dernier en positionnant les phrases et mots au cœur même de l’environnement, cela donne de l’impact à un scénario qui est plutôt simple. Certaines personnes seront d’ailleurs peut-être gênées par le ton un peu trop scolaire de la narratrice. Si le jeu est sous-titré (plutôt correctement d’ailleurs), la voix en anglais a un peu tendance à agacer. L’autre problème vient de l’aspect répétitif de l’aventure et du fait que celle-ci peine à renouveler ses mécaniques, malgré une durée de vie express qui n’excède pas les quatre heures. C’est donc avant tout pour sa thématique et son écriture que l’on s’intéresse à Lost Words, son gameplay intervenant en filigrane et ne laissant pas de souvenirs impérissables. Les contrôles ne sont pas toujours optimaux et on a recensé quelques bugs (des scripts qui ne se déclenchent pas), obligeant à recharger une sauvegarde. Malgré cela, Lost Words est un jeu qui accroche grâce à sa direction artistique soignée et son propos très intime. Il aurait juste mérité, à notre sens, un peu plus de challenge et un rythme plus prononcé.


VERDICT DU RÉDACTEUR : BIEN


Émouvant et bien écrit, Lost Words est un jeu narratif qui assume sa qualité première : son récit. Calme et posé, il transporte le lecteur grâce à son écriture et sa direction artistique charmante mais aurait mérité à être un peu plus rythmé. Son concept intéressant et ses mécaniques bien huilées ne sauront faire oublier les quelques bugs entraperçus ça et là et son manque de rythme. Il n’en demeure pas moins qu’il est enfin accessible au plus grand nombre et qu’il serait dommage de passer à côté de son histoire poignante et profonde. Mention spéciale à la musique, absolument superbe.

Points positifs :
  • Une direction artistique soignée
  • L’écriture de Rhianna Pratchett
  • Un thème émouvant
  • Le concept des mots
  • La mise en scène originale
  • La bande son, magnifique
Points négatifs :
  • Des bugs obligeant à relancer la sauvegarde
  • Narratrice au ton trop scolaire
  • Animations perfectibles
  • Un gameplay passif et répétitif
Éditeur : Modus Games / Développeurs : Sketchbook Games – Fourth State / Genre : Plate-formes / Date de sortie : 6 avril 2021 / Nombre de joueurs : 1 / PEGI : 7 / Supports : PC, Switch, PS4/PS5, Xbox Series X, Xbox One, Stadia

16 mars 2021

Monster Energy Supercross 4 : Oh, le gadin, le gadin

Passé sous l’égide de THQ Nordic, le studio italien Milestone poursuit sa conquête des jeux de moto à un rythme effréné. Après MXGP 2020, Moto GP 2020, Ride 4, c’est au tour de la quatrième itération de Monster Energy Supercross de débarquer sur les plate-formes du moment. Testé sur PlayStation 5, le titre affiche de belles promesses et montre des qualités plus marquées que son prédécesseur. On a ainsi enfourché notre cylindrée pour retrouver les sensations des pilotes fonçant sous le crépitement des flashs et des effets pyrotechniques. Pour un plaisir décuplé ?


Monster Energy Supercross 4 est un jeu de moto certes, mais c’est surtout une simulation de moto-cross. Comprenez par là qu’il faut oublier (en partie) les longues évasions à travers la nature. Ici, le gros des courses se déroule dans des stades survoltés répartis sur l’ensemble du territoire américain. Première constatation, bien que la saison 2021 batte son plein, il faut se contenter des licences (pilotes, pistes et écuries) de l’année dernière, ce qui ne manquera pas de chagriner les puristes. Mais que ces derniers se rassurent, le titre de Milestone a quelques atouts sous son carénage.


Hey mais ça tape visuellement

Sur PlayStation 5, Monster Energy Supercross 4 fait preuve d’un certain caractère. On ne va pas vous mentir en disant que les tracés sont hyper variés (en même temps, dans des stades, c’est toujours plus difficile de marquer la différence) mais les développeurs ont bien bossé ! L’ambiance de la discipline est bien retranscrite avec ses effets pyrotechniques plutôt réussis. La physique des différentes surfaces est assez réaliste et on prend un certain plaisir à évoluer dans un environnement fait de crépitements de flashs et des hurlements du public. Bien sûr, ce n’est pas avec un jeu de cette envergure que les consoles next-gen vont être mises au sol mais il faut saluer l’effort. Ce quatrième volet a aussi le mérite, en tout cas sur les machines next-gen, de tourner à 60 images par seconde sans aucun ralentissement.


Entre arcade et simu

Pour le gameplay, les protégés milanais ont gardé les fondamentaux du précédent épisode. Mêlant arcade et simulation, Monster Energy Supercross 4 demande néanmoins un long apprentissage pour soigner ses trajectoires. Le freinage et les sorties de courbe sont primordiaux pour espérer garder une bonne place parmi les concurrents. Sur PlayStation, la Dual Sense fait qu’on ressent parfaitement le poids de la moto et c’est un véritable régal de doser l’appui sur les touches latérales de la manette pour effectuer les dérapages adéquats. On reste néanmoins sur notre réserve en ce qui concerne la réception au sol lorsque notre moto s’élève à plusieurs mètres dans les airs pour retomber violemment. Il y a un aspect robotique dans l’animation qui mérite d’être amélioré. Il en va de même pour les figures assez anecdotiques. Par ailleurs, l’utilisation du corps du pilote est perfectible et c’est souvent rageant de voir ce dernier bringuebaler aux quatre vents à cause d’une physique peu réaliste. Et ça, ça pose un vrai problème…


C’est quoi cette difficulté !?

Pour une raison qui nous échappe, les développeurs ont eu un mal fou à régler la difficulté du jeu. C’est bien simple, même en facile, il n’est pas rare de se retrouver dans les dernières places ! Parfois, le jeu donne l’illusion d'une certaine maîtrise pour ensuite nous plonger à quelques mètres de la fin de la course. C’est comme si les pilotes adverses décéléraient et accéléraient au moment voulu pour nous faire rager ! Certes, le gameplay est assez technique et l’entraînement est indispensable pour performer mais ce n’est pas normal que les pilotes adverses semblent intouchables ou presque. On profite parfois de quelques gamelles des concurrents pour reprendre une place ou deux mais le programme nous ramène toujours à la réalité : douloureuse et implacable. Cela aurait pu être accessible au plus grand nombre si l’option de rembobinage (hop, on se gamelle, on revient en arrière et on repart) n’était pas limitée ! En effet, celle-ci est liée à une jauge qu’on doit recharger pendant la course – grâce au pilotage, figures, etc. – mais elle n’est utilisable que TROIS fois ! Cela pourrait convenir dans le cadre d’un jeu à la difficulté parfaitement réglée mais pas là, le plaisir de la conduite se transforme en frustration car la moindre gamelle se paye cash ou presque. Par moments, c’est vraiment à se demander si les pilotes adverses n’ont pas de la nitro sous le derrière ! C’est dommage car ça plombe la motivation.


Un mode carrière plus intéressant

C’est d’autant plus regrettable que le mode carrière a subi quelques changements. Désormais, entre chaque épreuve, il est possible de participer à des défis de différentes natures et ces derniers se déroulent en plein air, ce qui apporte une certaine variété à la progression du joueur. Fonctionnant avec un système de performance à étoiles (une, deux ou trois étoiles), ces challenges offrent une bonne manière de progresser. On peut également souligner l’apparition d’un arbre de compétences visant à améliorer certains aspects du pilotage. Dans la façon de négocier les virages, de freiner, d’effectuer les figures ou dans le contrôle global de l’engin, la différence est palpable à mesure que l’on évolue dans ce mode. C’est en ce sens qu’il ne faut rien lâcher et parfaire son apprentissage en débutant au bas de l’échelle. Le jeu est difficile mais il propose aussi une marge de progression qui rassure au fil des épreuves. Tout dépendra donc de votre degré de patience. En ce qui concerne les autres modes de jeu, le complexe est un endroit en plein air pour piloter votre bécane en toute liberté et il est possible d’accéder à un championnat, à des épreuves, de s’amuser avec d’autres pilotes en ligne ou bien de créer son circuit. L’ensemble manque quand même de folie, c’est très classique et c’est un peu le sentiment global que l’on retient de l’expérience. Ce n’est pas un mauvais jeu mais il aurait vraiment besoin d’un patch pour doser sa difficulté. Les amatrices et amateurs de la discipline devraient toutefois être conquis car cet épisode est supérieur au précédent.


VERDICT DU RÉDACTEUR : CORRECT


Agaçant. Monster Energy Supercross 4 affiche de belles qualités mais sa difficulté ubuesque fait que le plaisir a tendance à s’estomper au profit de la frustration. Bien évidemment, les joueurs adeptes de la discipline passeront outre et parviendront, au fil des entraînements, à coiffer aux poteaux les concurrents adverses. Mais pour les autres, tant bien même qu’il existe un arbre de compétences et une marge de progression importante, cet apprentissage va se montrer douloureux. L’idée du rembobinage limité n’est pas mauvaise mais l’utilisation du dispositif est beaucoup trop punitive. Certains ne seront peut-être pas d’accord mais c’est pourtant un fait : on s’énerve ! Un patch permettrait de régler ce souci, ce qui ne serait pas une mauvaise chose car le jeu, bien que très classique (et un peu fade), est dans l’ensemble plutôt correct.

Points positifs :
  • L’ambiance
  • Belle réalisation
  • Le 60 fps constant sur next-gen
  • Pas mal de modes de jeu
  • Les gâchettes haptiques
  • Les sensations
Points négatifs :

  • Difficulté très mal dosée
  • Pas d’écran splitté
  • Animations parfois un peu robotiques
  • Un peu fade tout ça quand même

Éditeur : Milestone / Développeur : Milestone / Genre : Moto-cross / Date de sortie : 11 mars 2021 / Nombre de joueurs : 1 / PEGI : 3 / Supports : PC, PS5, PS4, Xbox One, XSX, XSS