The Last of Us Part I : L'expérience ultime d'un des meilleurs jeux PS3

 Ce test est une réécriture du texte paru à la sortie de The Last of Us en 2013

Pièce incontournable de la ludothèque PlayStation 3 et 4, The Last of Us revient pour la troisième fois en profitant du gap technologique de la nouvelle génération. L’idée derrière cette édition Part I réside dans le souhait de développeurs soucieux de proposer la formule ultime. Gameplay modernisé, commandes améliorées, de nouvelles options d’accessibilité… tout a été repensé pour faire de la première aventure d’Ellie et Joel un moment inoubliable. En profitant de l’expérience acquise avec The Last of Us Part II, l’original – déjà exceptionnel – se pare de qualités rares. Que vous n’ayez jamais fait cet épisode ou que vous l’ayez retourné dans tous les sens, apprêtez-vous à prendre un uppercut comme rarement. 

Mature, flippant, dérangeant, bouleversant, épique, stupéfiant, glaçant… un nombre incalculable de superlatifs a été employé depuis la sortie de The Last of Us en 2013. Par où commencer ? C’est la question que l’on peut se poser après avoir vécu une telle expérience. Bien évidemment, The Last of Us Part II est passé par là et il va incontestablement plus loin dans sa réalisation et son propos, mais la force de l’original réside justement dans le lien père/fille créé par Joel et Ellie et les évènements qui vont conduire à cette relation ancrée à jamais dans le cœur des joueurs. The Last of Us, c’est avant tout la fuite en avant de deux individus que tout oppose. Joel, un homme dévasté à l’apparence rustre et à la barbe drue, et Ellie, une adolescente de 14 ans qui a grandi soudainement lorsque le monde qui l’entourait s’est soudainement écroulé. Tous leurs repères, tout ce qu’ils pensaient avoir bâti n’est plus qu’une histoire ancienne qu’ils raconteront peut-être – si toutefois, ils survivent – lors de leurs vieux jours.

Sur la route, tadam, tadadadam….

Ensemble, ils vont traverser des États-Unis, et surtout une planète, ravagée par une pandémie dévastant les cellules humaines et faisant perdre tout contrôle à son hôte. Pour quelle raison ? Nous vous invitons à le découvrir par vous-mêmes, mais si vous êtes parents, vous allez être littéralement bouleversé par cette histoire et cette relation si particulière naissant peu à peu entre les deux protagonistes. L’écriture est juste, touchante, sans en faire trop. De fardeau par son inexpérience, la demoiselle petit à petit une source d’humanité et de compassion pour un homme dont le cœur semblait perdu à jamais. La violence entrevue dans The Last of Us n’est jamais gratuite, mais s’inscrit dans une logique de survie dans un monde qui ne fait aucun cadeau, et ce, quel que soient les individus que l’on croise. Nourriture, médicaments, vêtements… l’univers dépeint dans cette œuvre d’auteurs montre une facette dérangeante de l’âme humaine. Si la solidarité est palpable entre les êtres, l’individualisme et le besoin de sauver sa peau reprennent rapidement le dessus. The Last of Us n’évite pas certains clichés, mais le ton est si remarquable qu’on ne peut qu’être saisi par le scénario et les évènements. 

La survie a un prix

Avant de nous intéresser au gameplay, sachez que le prologue et la fin de The Last of Us sont parmi les séquences les plus émouvantes et spectaculaires jamais imaginées dans un jeu. C’était vrai en 2013, ça l’est toujours en 2022. Ce que vous allez vivre ne va pas vous laisser de marbre, bien au contraire. Si certains peuvent, à raison, regretter un démarrage poussif, l’histoire est si bien amenée qu’on ne peut que saluer cette montée en puissance. Bien que terriblement discrets sur leur passé, Joel et Ellie s’ouvrent peu à peu et le joueur découvre, par bribes, la vie antérieure d’un duo terriblement attachant. La tension, très présente, est atténuée par des séquences pleine d’humanité, drôles et touchantes. Happé de bout en bout, on a bien du mal à lâcher la manette, d’autant que ce Part I a été repensé pour une expérience modernisée. Dans l’absolu, le jeu reste dans son jus de l’époque, avec un gameplay (vue à la troisième personne, QTE, mélange d’action/infiltration, zeste poursuite/fuite…) toujours efficace, bien que très classique. Tout cela s’articule autour d’un monde qui s’est barricadé. À l’instar d’un film comme Warm Bodies ou d’une œuvre comme l’Attaque des Titans, les peuples sont pétrifiés par la peur de l’étranger et forment de petites communautés hermétiques. Tout infecté est considéré comme un pestiféré et le bestiaire, à commencer par les claqueurs, suffit à matérialiser cette peur viscérale qui saisit chaque corps encore en mesure de réfléchir. Ces entités sont des infectés de longue date qui sont devenues aveugles, se repérant au bruit et dont la seule morsure est fatale. La crainte qu’ils suscitent est d’ailleurs renforcée par une espèce de claquement (d’où le nom) terriblement stressant – encore plus dans la pénombre. Et comme si cela ne suffisait, on découvre rapidement que les infectés ne sont pas les seuls monstres du récit. 

Voir sans être vu

The Last of Us n’épargne rien, ni personne. Sa violence, viscérale, est palpable à chaque pression de bouton. Cette impression est renforcée, dans ce remake, par des animations plus crues et une caméra plus expressive. Les combats au corps-à-corps sont nerveux et le gameplay, dans son ensemble, se veut beaucoup plus efficace. On en veut pour preuve l’ajout de petites mécaniques liées à la DualSense et à sa gyroscopie. Une nouvelle fois, on ressent cette force qui émane du duo : Joël est puissant et violent, Ellie est plus subtile, mais cause tout autant de dégâts à mesure que le scénario s’écrit. Outre les phases d’infiltration, le père et sa fille spirituelle ont accès à un arsenal des plus complets : flingues divers, mitraillette, lance-flammes, fusil à pompe, cocktail molotov, bombe de dispersion… tout est bon pour terrasser les affreux. Et rien de tel qu’une brique ou une bouteille pour faire diversion. Dans un monde en perdition et jonché de lieux abandonnés, Joel et Ellie récupèrent tout ce qu’ils trouvent et apprennent peu à peu à crafter les outils de leur inventaire ou à utiliser certaines armes (le surin) à bon escient. Face aux multiples dangers, le joueur est en constant éveil, mais le récit offre des moments suspendus qui font sa force.

Horreur poétique

Cet oxymore convient à merveille au paragraphe qui va suivre. The Last of Us dépeint un monde ravagé par la violence et la peur, mais qui n’est pas avare en poésie. Dans cette douce et délicieuse balade vers la folie viennent se greffer des moments uniques où l’humanité reprend ses droits. Alors que les évènements tragiques se dessinent, le jeu affiche des environnements d’une rare élégance. La végétation s’invite désormais dans les buildings et chaque panorama est une ode à l’évasion. Cette impression est d’autant plus vraie qu’elle est liée à la naïveté d’Ellie, une gamine qui n’a jamais quitté sa zone de quarantaine et qui se retrouve face aux merveilles de la nature (animaux, le fait d’apprendre à siffler, les choses simples de la vie, etc.). Les doublages, poignants, sont remarquables de justesse, avec une VO tout simplement prodigieuse. Mais que les anglophobes se rassurent, la version française est également très réussie et demeure l’une des plus incroyables jamais entendues dans un jeu vidéo. Pour terminer, et parce que c’est aussi l’intérêt de ce remake, sachez que les graphismes sont juste exemplaires. Ses deux modes graphiques (Fidélité en 4K native et 40 fps / Performance en 4K dynamique et 60 fps) permettent de profiter de décors plus denses, de visages photo-réalistes et d’une direction artistique toujours aussi stupéfiante. Si certains détails semblent rester en 2013, on peut tout simplement dire que The Last of Us Part I est à l’image de sa suite. La refonte graphique est vraiment à la hauteur, le récit est toujours aussi remarquable et on reste bouche bée au moment de terminer cette aventure hors-normes. Les développeurs en ont d’ailleurs profité pour ajouter plein de petits bonus pour les fans (options, images/modèles 3D inédits, commentaires du jeu par les auteurs et acteurs, mode photo revu et corrigé, personnalisation des commandes…). Si vous aimez le jeu vidéo pour tout ce qu’il a à offrir, ne passez pas à côté de ce chef d’œuvre et de sa suite. On pourrait s’étendre des heures encore, en parlant notamment de la bande-son magistrale de Gustavo Santaolalla et de ses thèmes divins ou encore du prologue Left Behind inclus. Conseils aux parents : le 18 de la jaquette n’est pas là pour faire joli.

INDISPENSABLE

Le plus long des textes ne suffira pas à exprimer le ressenti émanant d’un joueur terminant The Last of Us Part I. Si le remake permet de profiter d’une remise à jour graphique et d’innombrables options améliorant l’expérience, le récit d’origine est si poignant qu’on ne peut que s’incliner face à l’extraordinaire création du studio Naughty Dog. Il est tout simplement impossible de sortir indemne d’une telle aventure, encore plus quand on est parent. C’est une œuvre à découvrir au moins une fois dans sa vie.

 

Points positifs :

Un remake visuellement digne de la next-gen

Des visages criants de réalisme

Le récit viscéral et touchant

La relation Joel/Ellie

De nouvelles options en pagaille

Plein de petits bonus pour les fans

Un gameplay encore efficace

L’atmosphère complètement dingue et les musiques de Gustavo Santaolalla

 

Points négatifs :

Quelques détails un peu datées (animations, etc.)

Pas donné pour un « simple » remake


Éditeur : Sony / Développeur : Naughty Dog / Genre : Action - Aventure / Date de sortie : 2 septembre 2022 / PEGI : 18 / Supports :  PS5, PC

Plus récente Plus ancienne