C’est
toujours un exercice périlleux de s’attaquer à un tel monument. Pour tout ce qu’il
représente et pour tout ce qu’il diffuse, Final Fantasy VI – qui fut longtemps
éloigné du continent européen – est une œuvre majeure et incontournable de l’Histoire
vidéoludique. Alors que les précédents épisodes de la franchise avaient une
approche fantastico-médiéval, le dernier volet de la Super Famicom a surpris
tout le monde par la richesse de son univers techno-industriel, de son gameplay
et de ses personnages hauts-en-couleur. À l’approche de ses trente ans d’existence,
il demeure toujours aussi incroyable et cette version Pixel Remaster est
probablement l’épisode ultime pour en profiter pleinement.
Il suffit de redécouvrir l’intro avec le thème de Terra pour que des frissons se mettent à nous parcourir l’échine. Porté par un Nobuo Uematsu au sommet de son art, Final Fantasy VI Pixel Remaster laisse apprécier en quelques secondes toute l’envolée orchestrale du maestro japonais. Comme ses confrères, l’une des grandes forces de cette édition réside dans la réinterprétation et l’amélioration significative des mélodies du jeu. Les originales auraient pu se suffire à elles-mêmes, mais il suffit de réentendre les quelques notes de cuivres du prologue pour replonger. Et cette fois, à l’inverse de bon nombre de rééditions, tout est traduit en français ! Autant dire qu’on a bien du mal à s’en défaire une fois que l’aventure est commencée. Mais d’où vient réellement FF VI ?
UNE ŒUVRE MULTI-CULTURELLE
Aujourd’hui, la création d’un jeu repose sur un schéma bien établi avec des tâches définies pour chaque artiste, modeleur 3D, designer, programmeur, etc. Final Fantasy VI, quant à lui, a été façonné « au feeling », chacun apportant ses idées à mesure que le développement progressait. Au gré des expérimentations, l’univers et les personnages se sont affinés et c’est finalement la conjonction de nouveaux employés – apportant un souffle inédit à l’univers – et le trio Sakaguchi / Kitase / Ito qui va, peu à peu, modeler l’atmosphère immersif de ce sixième épisode. Par rapport à ses prédécesseurs, l’histoire de Final Fantasy VI se montre plus sombre, plus ténébreuse. Le jeu débute un siècle après une guerre ayant opposé les humains et les Espers, des êtres doués de magie. Au terme du conflit, chaque clan s’est mis à vivre de son côté tout en conservant une haine prononcée de l’ennemi d’autrefois. Au fil des décennies, les hommes ont développé la technologie et se sont éloignés de la magie. En parallèle, la Magitek, mélange de magie, de technologie et d’ingénierie génétique, a émergé et a fait naître un Empire puissant. Fou de conquête, ce dernier n’a désormais qu’un but : s’emparer du monde en manipulant les humains. Mais de jeunes gens vont se liguer pour contrecarrer les plans de l’Empereur Gestahl.
DES SÉQUENCES TOUJOURS AUSSI MÉMORABLES
Quiconque a pu terminer Final Fantasy VI ne peut que s’y résoudre : le jeu multiplie les moments d’anthologie et happe par le charisme de ses héros. Terra, Locke, Edgar, Sabin, Celes… tous apportent un regard sur l’univers si singulier de l’œuvre de Squaresoft. Le scénario a été rédigé par plusieurs membres de l’équipe de développement, mais cela n’empêche pas l’alchimie de se créer à mesurer que l’on progresse. Cette édition Pixel Remaster a ainsi fait le pari de revisiter la célèbre scène de l’opéra et le résultat est tout simplement remarquable. Outre le travail sur la lumière, les développeurs ont choisi de faire appel à des chanteurs qui s’exécutent en anglais, espagnol, italien, allemand, japonais, coréen et français ! Dans la langue de Molière, le rendu est très réussi ! Rien que pour cette scène, cette itération Pixel Remaster mérite le détour. En parallèle de cela, on découvre parfois quelques petites différences par rapport à l’original, notamment des moments un peu plus atténués sur le plan de la violence des évènements. Cela ne change pas le récit, mais cela tranche évidemment avec les thématiques adultes retranscrites dans cette œuvre. Côté graphismes, Final Fantasy VI Pixel Remaster conserve le charme du pixelart et enrichit sa palette d’effets pour un rendu plus percutant lors des combats. Kazuko Shibuya, quant à elle, a retravaillé l’intégralité des sprites, ce qui procure à cet épisode une tonalité visuelle vraiment intéressante.
UNE EXPÉRIENCE QUI DÉFIE LE TEMPS
En plus de tout ce dont nous avons parlé plus haut, Final Fantasy VI Pixel Remaster modernise la formule de l’original en proposant à l’utilisateur d’accélérer les affrontements ou, même, de les activer automatiquement, l’IA se chargeant de combattre. La progression est également plus aisée grâce à une visualisation des points d’intérêt sur la map et une interface revue et corrigée, même si la police de caractère, un peu trop « stricte », tranche avec l’univers de la franchise. En termes de gameplay, FF VI reste fidèle à l’ATB (Active Time Battle) issu de FF IV tandis que les chimères jouent un rôle prépondérant dans l’aventure. La notion de groupe est souvent mise en avant et oblige le joueur, à plusieurs reprises, à remodeler son escouade en fonction du scénario. Bref, de bout en bout, Final Fantasy VI est fidèle à son prestige, mais le redécouvrir avec l’édition Pixel Remaster permet de profiter d’un confort exceptionnel et d’une séquence, l’opéra, sublimée. Si vous n’avez qu’un seul Pixel Remaster à choisir, c’est celui-ci.
CULTE
Paru
il y a vingt huit ans, Final Fantasy VI demeure à ce jour l’un des épisodes les
plus appréciés de la franchise. À l’époque, Hironobu Sakaguchi et son équipe voulaient
atteindre une certaine forme de réalisme et ils ont utilisé tous les moyens à
disposition, y compris les logiciels 3D, pour donner naissance à leur vision. Si
l’original est culte, le redécouvrir avec la prestance de l’édition Pixel
Remaster apporte un confort (interface, options, traduction…) dont il est
difficile de se passer une fois le jeu terminé. Et puis, rien que pour la
séquence de l’opéra, cette fois entièrement chantée, refaire cet épisode vaut
le détour. Intemporel, génial, inoubliable… les mots manquent pour qualifier l’expérience
FFVI.
Points positifs :
Un jeu culte tout simplement
Les musiques réorchestées sous la supervision de Nobuo Uematsu
Le rendu Pixel Remaster est convaincant
La scène de l’opéra sublimée (VF remarquable)
Le
confort apporté par cette version
Points négatifs :
La police, un choix étrange
Quelques éléments « atténués »
Éditeur : Square-Enix / Développeur : Square-Enix
/ Genre : Jeu de rôle / Date de sortie : 23
février 2022 / PEGI : 7 / Support : PC