Bye Sweet Carole : un jeu d'enquête horrifique en animation traditionnelle qui sort des sentiers battus

Prônant une animation traditionnelle et une direction artistique inspirée des grands classiques de Disney et d'autres studios d'animation, Bye Sweet Carole est un jeu d'horreur très original. Sorti il y a quelques jours, c'est un jeu d'énigmes qui s'assume pleinement, au risque de décontenancer toutes celles et ceux qui s'attendent à une aventure rythmée, avec un gameplay réactif. Pour ma part, je dois bien avouer que cette épopée dans le monde imaginaire de Lana Benton m'a vraiment plu. Dans ces conditions, comment expliquer un tel décalage entre certains avis et d'autres ? C'est ce qu'on va essayer de voir avec ce test.

Bye Sweet Carole est assurément une œuvre d'auteur. Amoureux du cinéma d'animation traditionnel, le créateur, scénariste et directeur artistique Chris Darril, a décidé de s'appuyer sur les codes graphiques de Disney et d'autres studios d'animation pour mettre en scène un jeu d'enquête à dominante horrifique.  Ce parti pris est très étonnant, et il faut avouer que bon nombre d'observateurs se demandaient quel type de jeu allait se dessiner avec cette aventure. Mais commençons par le début. L'intrigue se déroule en Angleterre et le joueur incarne Lana Benton, une jeune femme qui enquête sur la disparition de son amie de toujours, Carole Simmons. La demoiselle est persuadée que son acolyte n'a pas fugué et qu'une autre raison est à l'origine de cette disparition. Mais pour mener à bien ces investigations, l'héroïne va devoir s'infiltrer au cœur de l'orphelinat de Bunny Hole et braver de multiples dangers pour tirer au clair ce mystère.

Le charme de l'animation à la main

La première particularité du jeu, on l'aura compris, provient de sa direction artistique extraordinaire. Inspiré des plus grands classiques de l'animation traditionnelle, à commencer par Disney, Bye Sweet Carole est absolument saisissant sur un plan visuel. Entièrement dessinés à la main, les personnages, les décors et les animations forcent le respect et on est littéralement transporté dans cet univers graphique. Comme Cuphead en son temps. En dépit de quelques mouvements qui manquent de souplesse, le jeu de Chris Darril et son équipe est un véritable tour de force sur le plan artistique et chaque tableau est digne d'une œuvre d'art qui aurait demandé des heures et des heures de travail et de finition. Comme Alice, on est immédiatement saisi par l'envie de suivre le lapin dans son terrier. 

Énigmes, diversion et fuites

Mais comme on le sait, le graphisme est loin de tout faire dans un jeu vidéo. Et c'est probablement sur le plan de son gameplay que Bye Sweet Carole manque de faire l'unanimité. Le jeu s'articule autour de tableaux qui répondent à différentes énigmes pour progresser. Même si certaines séquences font penser à de la plateforme, le titre reste finalement fortement marqué par un système d'énigmes et d'objets avec lesquels Lana Benton doit interagir. Par conséquent, on se retrouve en présence d'un jeu qui rappelle les point'n click des années 90, avec un système d'objets à utiliser ou encore à combiner. La progression est volontairement lente et le rythme du jeu est extrêmement posé. 

Les seuls moments où l'action gagne en intensité, c'est lorsque Lana se retrouve au cœur d'environnements hostiles, ou qu'elle se retrouve traquée par des poursuivants de différentes natures. Ainsi, si l'on prend par exemple le chapitre 3, Lana doit délivrer un personnage d'une cage en utilisant toutes sortes de stratagèmes, et dans le même temps, elle doit échapper à la maîtresse des lieux - qui n'hésite pas à la frapper dès qu'elle la voit. Pour se dépêtrer, le joueur doit utiliser les cloches pour faire diversion, et le cas échéant, se cacher dans un placard ou un autre élément du décor en retenant sa respiration. Il est même possible de se transformer en lapin ! Le tout est assez original, mais il faut bien garder à l'esprit que ce sont des séquences qui sont les seuls dynamiteurs d'une progression qui reste extrêmement lente. 


Un jeu magnifique, mais qui impose des concessions

Pour comprendre le décalage qu'il y a entre certains avis, Bye Sweet Carole est un jeu absolument magnifique, mais dont le gameplay impose parfois de se faire violence. En vérité, la progression n'est pas des plus fluides. On note quelques petits problèmes de maniabilité, et le personnage a souvent tendance à souffrir de problèmes de collision, que ce soit avec les éléments du décor ou d'autres personnages. L'autre souci provient immanquablement d'une répétitivité prononcée dans l'action. Les énigmes se ressemblent énormément et on fait, peu ou prou, toujours la même chose. Dès lors, on peut comprendre que certaines personnes ont été totalement happées par l'univers, et sont passées au-dessus des défauts, là où pour d'autres, les problèmes du gameplay sont absolument rédhibitoires. 

Pour ma part, j'ai passé un moment plutôt agréable car je fais partie de celles et ceux qui adorent l'animation traditionnelle. Par conséquent, j'ai aimé me déplacer dans ces décors au grain de VHS en allant progressivement d'énigme à énigme. Il est d'ailleurs intéressant de souligner que le jeu propose quelques cinématiques, sous forme de dessins animés, vraiment réussies et que l'atmosphère a un impact évident sur l'appréciation générale. Bye Sweet Carole est un jeu d'auteur qui s'assume, avec ses qualités et ses défauts. Il a en tout cas de sérieuses bases pour une suite que l'on espère plus aboutie.

Au final, c'est bien ou pas bien Bye Sweet Carole ? Tout dépend de ce que vous attendez d'un jeu vidéo à énigmes. Si vous recherchez du rythme, des énigmes qui se renouvellent et des commandes réactives, vous pouvez passer votre chemin. À l'inverse, si vous êtes de celles et ceux qui arrivent à faire des concessions de gameplay pour vous concentrer sur un univers, une direction artistique et une ambiance, Bye Sweet Carole a de fortes chances de vous surprendre. Pour ma part, mon choix est fait depuis longtemps...

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