Test - Sonic Lost World - Wii U


Éditeur : SEGA
Développeur : SEGA (Sonic Team)
Date de sortie : 18 octobre 2013



Qu'il est loin le temps de la confrontation entre SEGA et Nintendo. Dans les années 90, les cours de récré sont l'épicentre de batailles rangées entre les partisans des deux clans. Chacun y va de son argument, certains étant sérieusement tirés par les cheveux (comparaison entre les jaquettes NES et Master System par exemple). A cette époque, Sonic et Mario s'affrontent sur tous les fronts : spots TV, publicités dans la presse, évènements... tous les coups sont permis ! Malgré cela, il faut reconnaître que Nintendo a souvent mené la danse (et de manière stratosphérique), sauf lors des premières années de la Mega Drive (Genesis aux États-Unis). Aujourd'hui, les choses ont bien changé : SEGA est devenue un éditeur/développeur et il n'est plus rare de voir le hérisson s'allier avec le moustachu à la salopette. Avec Sonic Lost World, la firme de Haneda livre un épisode totalement exclusif à la Wii U. Un titre bourré de références, à la réalisation léchée et à l'intérêt indéniable. Une exclu qui vaut vraiment le coup... mais qui pourrait diviser.

2012 aura été une année terrible pour SEGA. La firme a fermé de nombreuses branches, notamment en France, en Allemagne, en Espagne, au Benelux ou encore en Australie. Dans le cadre de cette restructuration, la société a décidé de se concentrer sur les licences fortes de la marque, notamment Football Manager, Total War, Aliens (?) ou encore Sonic. La mascotte bleue fait donc son come back avec un soft original et qui ramène à bien des souvenirs pour les aficionados de la marque. Sans attendre, plongeons tous ensemble dans l'Hexamonde !


X-Treme Galaxy

Sonic Lost World s'inspire du principe de la gravité, avec des niveaux qui peuvent être à la fois des cylindres ou des planètes toutes rondes. L'idée de base ramène bien entendu au concept de Super Mario Galaxy et de sa suite. Mais c'est oublier qu'une autre inspiration peut être derrière ce jeu : Sonic X-Treme. L'histoire rocambolesque de ce soft annulé sur Saturn mérite que vous vous y attardiez si vous ne la connaissez pas (internet propose de multiples articles à ce sujet mais vous pouvez aussi vous procurer le Pix'n Love #6 qui revient en long, large et travers sur ce fait). A la base, Sonic X-Treme était un jeu de plateforme, entièrement en 3D, axé sur les rotations de l'environnement avec une grande liberté de déplacement. Le projet n'aura jamais vu le jour mais il est indéniable qu'on en retrouve la substantifique moelle dans Sonic Lost World, même si Takashi Iizuka, le big boss de la Sonic Team, a certifié que les deux titres n'avaient rien à voir. Coïncidence donc ou vraie inspiration, l'important est de s'amuser et sur ce point, Sonic Lost World remplit amplement son office.


Entre gravité et exploration

Les débuts dans Sonic Lost World sont déstabilisants. Il faut s'adapter au concept gravitationnel, même si les rotations s'effectuent en toute fluidité, avec repositionnement automatique de la caméra. Dans ces conditions, à part à de rares moments (sur les planètes rondes en fait), Sonic n'a jamais vraiment la tête en bas. On arpente ainsi tubes, sphères et autres cylindres avec une aisance déconcertante, chaque niveau devant être parcouru plusieurs fois pour livrer tous ses secrets. Sur ce point, SEGA fait fort et offre ainsi une expérience gratifiante pour les amateurs de découverte.  Mais comme on l'a dit, il faut un peu de temps pour s'habituer, d'autant plus que Sonic n'a plus vraiment les mêmes aptitudes que par le passé. Cela peut paraître étonnant mais l'approche n'est pas axée sur la vitesse, faculté première du hérisson. S'il existe de multiples phases où la mascotte fait fumer ses pompes rouges, l'exploration est toute aussi importante. Ainsi, le hérisson détient désormais un bouton de tranche pour... accélérer. Sans cette pression, la mascotte trottine tranquillement et permet, à juste titre, d'apprécier les décors et de dénicher leurs moindres recoins. Mais même en course maximale, la vitesse reste tout à fait gérable. Outre la course, le hérisson peut aussi sauter sur ses adversaires, se mettre en boule et s'élancer (le fameux spin-dash) ou encore effectuer l'attaque tourbillon (un système de "lock" des ennemis s'enclenche et permet de les détruire automatiquement). Cette dernière attaque peut d'ailleurs être utilisée à la chaîne, permettant d'éliminer plusieurs adversaires de rang. Il peut aussi courir et rebondir sur les murs ou encore donner un coup de pied pour casser la défense de l'opposant ou l'envoyer valser sur ses comparses. Le Game Pad est aussi mis à contribution via les pouvoirs des Wisps, les fameuses créatures de Sonic Colours. Trois nouveaux pouvoirs font leur apparition, permettant d'exploiter la tablette de la Wii U : l'Aigle Pourpre, l'Astéroïde Indigo ou encore le Rythme Magenta. Vous allez apprendre à voler, à progresser sur des notes de musiques ou encore à avancer en absorbant tous les ennemis se frottant à votre anneau. On retrouve également des séquences en compagnie de la Vrille Jaune (qui permet de creuser le sol ou de se déplacer rapidement sous l'eau), de la Fusée Orange (qui porte bien son nom), du Vert Flottant (flotter dans l'air, ça a du bon) ou encore du Laser Cyan, qui propulse à la vitesse de la lumière. Toutes ces idées de gameplay ne sont pas négligeables mais il arrive à de nombreuses reprises que l'on pète un câble à cause d'une imprécision énervante. Sans doute l'une des tares du jeu, même si l'ensemble reste tout de même très jouable. 


Vestige du passé et 2,5D

Outre les niveaux en 3D, il arrive régulièrement que notre hérisson reprenne ses bonnes vieilles habitudes de l'ère 16 bits. On se déplace alors dans des environnements en vue de profil et c'est d'ailleurs durant ces stages qu'on se rend compte d'une nouvelle capacité de Sonic : il peut désormais s'accrocher aux rebords, ce qui est très pratique en cas de saut mal étudié. Les passages en 2,5D ont le mérite d'être très maniables, avec leurs lots de surprises. Déjà, l'histoire est très agréable à suivre avec en ligne de mire un Dr Eggman et des acolytes aussi bêtes que rigolos. Les doublages français sont pas mal du tout (le casting est au top) et on se prend à sourire à plusieurs reprises devant les cinématiques très réussies. L'autre petite pépite, ce sont les Effroyables Six, des personnages faisant office de boss, à la personnalité très marquée (et donc avec des doubleurs qui se sont adaptés aux protagonistes). Entre le gourmand rondouillard, la nénette à la mode, l'enragé ou encore le dépressif, on se marre plus d'une fois. Le dépressif et ses dialogues sont d'ailleurs truculents ! On rencontre ainsi ces grands méchants (plus drôles que mauvais d'ailleurs) à plusieurs reprises, dans des combats très variés. Au-delà de son univers et des multiples apparitions (Knuckles, Amy, Tails, Orbot...), ce Sonic Lost World est surtout blindé de clins d'œil aux épisodes 16 bits, mais aussi 8 bits. Les fans vont adorer ! Premièrement, le scénario gravite (tout au moins au départ) autour d'animaux (on reconnaît aisément les petits flickies) à sauver. Ces derniers sont enfermés dans des robots (les ennemis donc) ou dans des capsules qui rappelleront bien des souvenirs. On note également des adversaires sortis tout droit de Sonic the Hedgehog sur Master System et Game Gear. On croise ainsi les cochons du niveau Scrap Brain Zone ou encore les petites boules entourées de satellites protecteurs. Les piranhas font un come back, il y a un mini-jeu sous forme de flipper ou encore l'incontournable passage du casino. On note même des niveaux (avec une superbe musique au piano) où Sonic glisse sur des rails. Sur les sept mondes que comporte le jeu, la variété est là à chaque niveau. Pourtant, on retrouve les sempiternels thèmes graphiques, avec la forêt, la jungle, le désert, la neige, etc. Mais aucun niveau ne ressemble à l'autre, les développeurs ont vraiment fait en sorte de varier les plaisirs et c'est une totale réussite ! Mais le mieux, c'est vraiment que vous découvriez le tout par vous-mêmes. Les créateurs ont eu de l'imagination !


Un pour tous, tous multi

Outre l'aventure solo, le jeu propose à un acolyte de rejoindre votre partie. Vous pouvez ainsi parcourir chaque niveau en contre-la-montre ou en co-op. Il faut tout de même avouer que la coopération passe un peu inaperçue. En effet, le second joueur ne fait que suivre Sonic avec un petit véhicule (hélicoptère, aéroglisseur et jet de combat), et peut interagir avec le jeu en éliminant certains ennemis, etc. L'intérêt n'est pas proche de zéro, mais on lui préfère de très loin les courses à deux. L'intérêt avec la Wii U, c'est qu'il n'y a pas besoin d'écran splitté. L'un des joueurs joue via le Game Pad, l'autre utilise la télé et on peut ainsi s'éclater sur tous les niveaux du jeu, en tentant de terminer premier. Le côté communautaire est également mis en avant puisqu'il est possible d'utiliser le Miiverse, d'accéder à des classements (mondiaux, nationaux et ceux de ses amis) et enfin de "wispédier" (un clin d’œil à Wikipedia) des items à des contacts afin de rendre ces objets encore plus puissants. Sonic Lost World essaye de brasser un maximum d'éléments et c'est tant mieux. 


Beau, coloré et speed

Sans être impressionnant sur le plan visuel, surtout à l'approche des PlayStation 4 et autres Xbox One, Sonic Lost World a le mérite d'être un jeu travaillé. Les effets visuels, la fluidité, la variété des environnements, les animations en arrière-plan...  l'Hexamonde est un univers plein de vie.  Le titre de SEGA a aussi le mérite de proposer un vrai dépaysement, avec parfois beaucoup d'originalité dans le gameplay. Les thèmes musicaux sont également ultra variés et franchement au top ! Sonic Lost World n'est pas une exclusivité de bas étage, bien au contraire. Il pose de nouvelles bases, ne prône plus une vitesse excessive, avec un joueur spectateur de sa progression et surprend à de nombreuses reprises. Bien que naïve, on se prend à l'histoire et à ses personnages attachants. Il faut aussi noter que le challenge est au rendez-vous, avec certains niveaux vraiment redoutables (surtout sur la fin, avec pas mal de die and retry) et la possibilité de participer à des stages cachés "old school" encore plus difficiles. Chose intéressante à signaler, les développeurs ont ajouté un item "aile" qui permet, lorsque vous n'avez plus de vie, de passer une section entière pour arriver au prochain checkpoint. Plutôt bien vu et souvent pratique ! Il y a tant à découvrir avec ce Sonic Lost World que les déçus de la plupart des derniers épisodes (sauf peut être les phases de jour du Sonic Unleashed, le Sonic Generations et Colours) pourraient bien retrouver le sourire. Un Sonic différent certes, parfois décousu et imprécis (d'où la note finale), mais un Sonic plaisant et réussi ! A noter que les badges rouges (5 par niveau), une fois tous collectés, donnent lieu à une surprise très "fan service". Qu'est ce donc ? La réponse quand on aura terminé le jeu à 100 % ! 



Sonic Lost World n'explose pas la rétine, loin de là. En revanche, les décors et les animations sont vraiment jolis et on prend un vrai plaisir à traverser ces environnements très variés. Le travail graphique effectué est de qualité.




Les niveaux de l'Hexamonde sont vivants, avec des animations dans tous les sens. Les fleurs bougent, les ennemis se déplacent, les nuages évoluent dans le ciel... tout respire le travail bien fait là encore. 




Dans le passé, on a déjà vu les ravages d'un gameplay mal étudié (Sonic the Hedgehog 2006 étant le pire à ce niveau) et Sonic Lost World a certains aspects vraiment perfectible. Il n'en reste pas moins jouable la plupart du temps.




Le jeu de la Sonic Team a le mérite de proposer des musiques au style très varié. On passe du jazz au rock en passant par des thèmes plus zen. Un joli effort de la part des musiciens et du compositeur Tomoya Ohtani (ou Ôtani). 






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