21 sept. 2018

Pro Evolution Soccer 2019 : FIFA n'a qu'à bien se tenir !

C’est désormais devenu un rituel. Chaque automne, le duel entre PES et FIFA anime les réseaux sociaux et autres forums durant plusieurs semaines. Et bien qu’Electronic Arts demeure le champion incontesté de la discipline – d’un point de vue commercial – Konami continue de parfaire son entraînement pour un jour remporter la compétition et retrouver les sommets de la simulation footballistique virtuelle. À l’heure où FIFA penche de plus en plus vers l’arcade, PES représente l’alternative parfaite pour des matchs peut-être un peu plus naturels. Il faut dire que la franchise, qui vient de perdre la licence de la Ligue des Champions, n’a pas d’autres choix que de se focaliser sur le gameplay. Est-ce qu’on s’en accommode ? Verdict quelques lignes plus bas. 



Tout le monde le sait : FIFA est un mastodonte qui engloutit à peu près tout ce qui touche de près ou de loin au football. Cette année, la série sportive d’EA s’est donc gentiment appropriée la totalité des coupes d’Europe, à savoir la Ligue Europa mais aussi et surtout la mythique Ligue des Champions. Aussi, lorsqu’on arrive sur le menu de PES 2019, il y a un côté artificiel – malgré la présence de Coutinho – qui saute aux yeux. De la Ligue des Masters à la simple coupe, rien ne sonne officiel et cela pourrait rebuter les afficionados du ballon rond. Pour autant, le football, ce n’est pas que les clubs prestigieux, les stades mythiques et les stars incontestées que sont Ronaldo, Neymar ou l’inarrêtable Messi. Non, le sport n°1 dans le monde, en termes de popularité, c’est aussi les districts départementaux, les petites enceintes ou encore les championnats professionnels mais plus « exotiques ». PES joue justement sur ce terrain en proposant des championnats dont les médias se foutent, il faut bien le dire, éperdument. On peut ainsi profiter de plusieurs championnats (danois, belge, écossais, suisse, colombien…) et même disputer la Champion’s League asiatique. Pour certains, cela n’a l’air de rien mais sur FIFA, sauf sur les éditions Coupe du monde, il est impossible de jouer avec la sélection japonaise. Et des fans des Samurai Blue, il y en a ! Côté championnats majeurs, il y a tout de même de quoi faire, même si les noms des équipes sont parfois imaginaires et que l’Allemagne est, une nouvelle fois, l’une des rares nations à ne proposer que deux effectifs sous licence (Bayer Leverkusen et Schalke 04). Qu’importe, PES 2019 est tout de même très généreux en matière de modes de jeu, que ce soit en ligne ou hors-ligne, en solo ou à plusieurs.


TOUT EST DANS LE TOUCHER

Mais la vraie force de cette série, on ne le répètera jamais assez, c’est bel et bien son gameplay. Il suffit de prendre la manette pendant quelques minutes pour comprendre que tout se joue au toucher. Lorsque le joueur reçoit le ballon, il peut faire ce qu’il veut après son contrôle : un dribble, un une-deux, une déviation, une passe longue… tout est naturel ! Le ballon a une physique très convaincante et les développeurs sont parvenus à trouver le parfait équilibre entre les attaques construites, les défenses renforcées et la vitesse des enchaînements. Il suffit d’un mauvais dosage dans la passe ou la frappe pour qu’un pigeon soit sur le point d’être catapulté sur orbite. PES impose une vraie concentration et les stars ne sont pas des surhommes capables de péter les reins adverses à chaque action. Si les gestes les plus spectaculaires sont de la partie, ils ne s’effectuent pas d’un coup de baguette magique et exigent du temps, de l’entraînement et un timing parfait. Il faut « travailler » l’équipe adverse pour déstabiliser son bloc. Le titre de Konami tend beaucoup plus vers la simulation que son homologue et il suffit que l’équipe soit coupée en deux ou désorganisée pour se prendre des raz-de-marée adverses. Sans réflexion, à moins de partir à l’abordage en fin de match, vous n’arriverez pas à remporter la victoire car vos joueurs vont se cramer inutilement. Si c’est pour avoir un Lemar ou Griezmann aussi vifs qu’un Mertesacker lancé à pleine vitesse, cela ne sert à rien et ça peut se payer cash. Si vous venez de FIFA comme c’est le cas de votre serviteur, les premiers matchs pourraient être cruels ; c’est-à-dire avec des tas d’occasions ratées et une banderille plantée par l’adversaire en toute fin de rencontre.


PLUS VRAI QUE NATURE

Lorsque se dresse la bande de Kagawa et que l’hymne japonais retentit, on ressent toute l’émotion visuelle de ce PES 2019. Encore une fois, la réalisation est extrêmement soignée, des visages au stade en passant par les animations ou les champs des supporters dans les tribunes. Un effort considérable a été fait sur la lumière et la modélisation générale flattera la rétine de n’importe quel passionné du ballon rond. Si les expressions sont encore un peu forcées et que certains mouvements paraissent un peu robotiques, on se rapproche de plus en plus d’une rencontre télévisée. En revanche, on ne peut que pester sur l’inégalité des commentaires, avec un Grégoire Margotton aussi convaincant qu’un Darren Tulett exaspérant (« les buts, c’est comme le ketchup… », merci Ronaldo). Par ailleurs, il arrive régulièrement que les commentateurs soient totalement couverts par les chants du public. Un passage par le volume sonore est plus que recommandé. On regrette aussi que l’interface n’ait pas subi de mue profonde mais dans l’ensemble, PES 2019 demeure très convaincant en matière de retranscription, avec de nouvelles scénettes et animations contextuelles. Cette année, pas de doute, PES peut considérablement prendre des parts de marché à FIFA.


Conclusion du rédacteur : TRÈS BON

Plus que jamais, Pro Evolution Soccer se rapproche de son meilleur niveau. Après avoir essuyé quelques plâtres, la série s’est peu à peu reconstruite et a trouvé le rythme de croisière qui lui convient. Grâce à un gameplay posé et incontestablement porté sur la construction du jeu et la mise en place tactique, PES 2019 est à même de satisfaire tous les fondus du carré vert. Tout est plus soigné que dans la précédente édition et les matchs sont de plus en plus naturels. Certes, il manque les licences des grandes équipes et compétitions mais, cette année, PES pourrait devenir le Montpellier de 2012, avec un Giroud supersonique (25 buts, 10 passes dé). Le titre de Konami est un peu à l’image du buteur et champion du monde français. Touché mais pour le faire tanguer, il va falloir s’accrocher.


Points positifs : 


Le gameplay basé sur la construction du jeu

Animations plus naturelles que jamais

Le foot, c’est aussi les divisions et championnats « exotiques »

Contenu important

Réalisation très soignée

Visages, gabarits au top

Le système de fatigue cohérent



Points négatifs : 


Encore et toujours le manque de licences

Pas de Champion’s League cette année

Une interface à retravailler

Commentaires inégaux


Éditeur : Konami – Développeur : Konami – Genre : Sport – Date de sortie : 30 août 2018 – Plateformes : PS4, Xbox One, PC

18 sept. 2018

Spider-Man : Toile d'impressionniste

Insomniac Games. Il suffit de me susurrer le nom de ce studio à l’oreille pour que les souvenirs reviennent comme un boomerang. En 2010, dans une interview, Jason Rubin (co-fondateur de Naughty Dog) me racontait que les jeux de son studio étaient liés à ceux d’Imsoniac. Les employés de chaque firme se baladaient entre les bureaux et il n’était pas rare qu’ils se filent des tuyaux pour réaliser leurs jeux respectifs. C’est ce qui a donné, par la suite, des œuvres aussi fortes que Spyro (inspiré par Crash Bandicoot mais en plus « enfantin ») ou Ratchet and Clank. Pendant longtemps, les Californiens ont fait évoluer leurs personnages les plus célèbres tout en élargissant leur champ d’action, que ce soit par le biais de la franchise Resistance ou le bondissant Sunset Overdrive. Toute cette expérience, acquise au fil des années, leur permet aujourd’hui de livrer leur dernier blockbuster : Marvel’s Spider-Man. Se frotter à une icône de la pop-culture peut être terriblement casse-gueule, surtout lorsque l'on connaît l’aura de Peter Parker et du héros qu’il incarne, mais le studio n’a pas pris les choses à la légère. Vraiment pas.



Dans cette aventure, Peter Parker n’est plus le jeune homme qui se découvre un pouvoir. Il a désormais 23 ans et cela fait huit ans qu’il voltige à travers les gratte-ciels en mettant de grosses tatanes à ses ennemis jurés et aux petits truands de New York. Entre deux missions, il s’assure d’être toujours proche de sa tante May, essaye tant bien que mal de renouer avec Mary Kate (MJ pour les intimes) et gère son métier de scientifique avec le maximum de sérieux. Pour créer l’enveloppe narrative de leur jeu, Insomniac Games a travaillé, main dans la main, avec Marvel. Dès le départ, l’idée consistait à raconter avant tout l’histoire de Peter Parker et non pas de Spider-Man. Jon Paquette, scénariste principal, a ainsi développer un univers qui se détache des comics et des films de la franchise. Certains des protagonistes, par exemple, n’ont pas le même rôle et l’intrigue est totalement inédite. En stoppant Wilson Fisk, dit le Caïd, Parker provoque involontairement une montée de la criminalité dans les rues de la Big Apple et doit endiguer l’émergence des Démons, un gang aux intentions malsaines. À ce nouveau défi va se mêler quelques Super-Vilains célèbres comme Shocker, Electro ou Silver Sable. Autant dire que l’Araignée va avoir du boulot !


GRAND POUVOIR, GRANDES RESPONSABILITÉS

En 2014, lorsque Marvel a ouvert son catalogue à Imsoniac, les développeurs ont tout de suite eu un coup de cœur pour Spider-Man. Le héros est jeune, bavard, parfois gauche et s’intègre totalement dans le côté hollywoodien des blockbusters vidéoludiques. Pour le studio américain, le fait de créer un titre sous licence était à la fois un challenge et la possibilité d’enrichir le background du tisseur de toiles. Et pour une première, on peut dire qu’ils s’en sont admirablement sortis. En reprenant le moteur de Sunset Overdrive et en l’optimisant, les concepteurs ont donné vie à une New York d’un réalisme incroyable. Pour atteindre ce résultat, il a fallu trois ans de travail et de nombreux repérages au cœur de la grouillante métropole. Et à ce jour, c’est sans doute la reproduction de New York la plus hallucinante que l’on ait pu voir dans un jeu vidéo. Les rues sont ultra animées, ça klaxonne dans tous les sens, la circulation et la population sont omniprésentes, on peut checker les passants et faire des selfies, les individus vaquent à leurs occupations (certains jouent au basket, d’autres font leur emplettes…) et chaque quartier (Financial District, Harlem, Chinatown, Times Square, Upper West Side, Greenwich Village…) est reconnaissable à son architecture et son agencement. Sur PS4 Pro, l’ensemble est d’une fluidité remarquable et on prend un malin plaisir à déambuler entre les gigantesques buildings, tout en prenant le temps de s’arrêter au cœur de Central Park. Insomniac a abattu un boulot de titan. Et ce n’est pas fini…


AUSSI SOUPLE QU’UNE ANGUILLE

C’est bien connu, Spider-Man est un héros élastique et les développeurs ont tout de suite cherché à établir un gameplay qui soit aussi souple qu’instinctif. Sur ce point, c’est une totale réussite. Le joueur tisse ses toiles à travers la ville avec une aisance déconcertante. En plus de se balancer de toile en toile, Spidey peut activer un boost pour aller plus vite ou littéralement se « scotcher » sur les différents éléments du décor. Par ailleurs, il peut courir sur les bâtiments ou se déplacer, telle une araignée, sur les plafonds ou sur les murs. Il est donc très facile de grimper sur la plus grande tour de la ville avant de faire un piqué vers le sol pour ensuite se rattraper à quelques mètres du bitume. Par moment, on n’a pas seulement l’impression d’incarner le personnage : on est Spider-Man. Cette liberté imprime un fun immédiat et pousse le joueur à ne jamais utiliser le voyage rapide. Bien évidemment, cette souplesse se retrouve dans les affrontements qui, s’ils s’avèrent classiques, proposent quelques idées intéressantes. Outre les différentes compétences, tenues et gadgets que l’on peut utiliser (le fameux upgrade d’expérience est de la partie avec trois arbres distincts : Innovateur, Défenseur ou Tisseur de toile), le héros peut attraper les objets qui sont à proximité pour interagir avec l’environnement ou frapper les ennemis. Il suffit pour cela d’utiliser les touches L1 et R1 simultanément et Spider-Man s’exécute. De même, il existe différentes manières d’utiliser les toiles pour surprendre les adversaires, que ce soit un individu en solo ou tout un groupe. D’une richesse assez folle, le gameplay de Spider-Man est à l’image de son personnage : complètement allumé – comme le prouvent les QTE hyper dynamiques – mais parfaitement réglé ! En clair, on prend son pied à rendre complètement gaga ses victimes, qu’il s’agisse des boss ou des méchants lambda.


UNE CONSTRUCTION SOMMAIRE

Cela étant dit, si Spider-Man est remarquable sur bien des aspects, il aurait peut-être mérité une structure plus originale. Dans ses grandes lignes, le jeu reprend toutes les ficelles de l’open-world avec une trame en tant que fil rouge, des missions annexes et une myriade d’activités plus ou moins intéressantes à réaliser à travers la ville. Ainsi, la radio de la police donne constamment des informations sur les délits qui se déroulent dans la cité : braquages, kidnappings, accidents, courses-poursuite, etc. On est donc toujours sur le qui-vive en réalisant des exploits à droite et gauche, même si, à la longue, cela tourne un peu en rond. À côté de ça, Parker aura des sacs à retrouver (chaque objet lié à la vie du jeune garçon est détaillé), des stations radio à remettre en marche, des casse-têtes (notamment à base de circuits électroniques) à résoudre et bien d’autres petites missions de ce type. Certains ne manqueront pas de souligner l’aspect très « Batman Arkham » mais le niveau de finition est tel qu’on efface assez rapidement cette impression. Il faut dire que l’ambiance générale impose le respect. Donald Reignoux s’est totalement imprégné du personnage et livre un doublage exceptionnel de vie. Drôle et touchant à la fois, l’acteur a visiblement pris un plaisir fou à incarner l’homme-araignée et cela s’en ressent tout au long de l’aventure. Les autres personnages ont également profité du même soin. Par conséquent, couplé aux bruitages de la ville et aux musiques hollywoodiennes, ces dialogues font qu’on ne s’ennuie jamais. Même lorsque ce satané JJJ déballe toute sa haine sur sa radio publique. De jour comme de nuit, ce Spider-Man est aussi impressionnant qu’il est prenant. On savait qu’Insomniac fait partie des studios les plus talentueux de la planète mais on ne s’attendait sans doute pas à une telle maîtrise. Qui aurait pu imaginer, il y a dix ou quinze ans, que les jeux atteindraient un tel niveau. Aussi renversant que les cabrioles de notre cher héros au costume moulant.


Conclusion du rédacteur : GRISANT

Rarement le sentiment de liberté n’avait aussi palpable dans un titre mettant en scène l’homme-araignée. Le joueur n’incarne pas Spider-Man, il est Spider-Man. La voltige à travers les gratte-ciels et les rues de New York n’a aucun équivalent et donne une vraie impression de puissance. En obtenant la licence, Insomniac Games n’a pas dénaturé l’œuvre de Stan Lee et Steve Ditko. Au contraire, le studio est parvenu à moderniser la formule sans envoyer aux oubliettes tout ce qui a été fait par le passé. Malgré les libertés entreprises par les développeurs californiens, le jeu est d’une qualité graphique indéniable et jouit d’un gameplay très efficace, à la fois dynamique et très bien mis en scène. Il est toutefois dommage que l’aventure ne fasse que reprendre les recettes éculées de l’open-world, il y avait peut-être matière à faire plus original. Une toile d’artiste à défaut d’être une toile de maître.



Points positifs :

La reproduction de New York et son ambiance

La qualité des animations

Gameplay très réussi

Le doublage français (mention spéciale à Donald Reignoux)

Incroyable sensation de liberté

Combats de boss spectaculaires

Des activités dans tous les sens


Points négatifs :

Un monde ouvert qui n’invente rien

Phase d’infiltration un peu en retrait


Éditeur : Sony – Développeur : Insomniac Games – Genre : Action / Aventure – Date de sortie : 7 septembre 2018 – Plateforme : PlayStation 4

14 sept. 2018

Shadow of the Tomb Raider : Lara plus furtive que jamais

Créée en 1996 par les pontes de Core Design, Lara Cruz, devenue Croft durant le développement, se mue en personnage culte. L’égérie, bien que virtuelle, est catapultée au rang d’icône en faisant la couverture de nombreux magazines à travers le monde. Le personnage apparaît dans des publicités et va même jusqu’à accompagner le groupe U2 lors de sa tournée. Aussi archéologue qu’intrépide, l’Anglaise prend alors les traits d’une femme expérimentée et redoutable. Cela en sera ainsi jusqu’en 2013, année où Crystal Dynamic décide de lui offrir – avec le support d’Eidos Montréal – un reboot remarquable reposant sur trois épisodes. Shadow of the Tomb Raider est justement ce troisième et dernier acte piloté par le studio québécois. L’intrigue prend place juste après Rise of the Tomb Raider et pose ses valises au cœur de la jungle péruvienne. Et encore une fois, Lara se retrouve en mauvaise posture…


Cette dernière a décidément le chic pour se mettre dans des situations pas possibles. L’avion qui les transporte, elle et Jonah, est pris au cœur d’une tempête et se fait déchirer par un vent meurtrier. Séparée de son ami, l’aventurière, restée à bord du poste de pilotage, s’écrase dans un fracas épouvantable. Le joueur reste alors suspendu à un écran noir… jusqu’à un flashback se déroulant deux jours plus tôt. Dès les premières séquences, les développeurs d’Eidos Montréal impriment leur rythme. Cinématiques spectaculaires, plans variés, expressions marquées, scènes hollywoodiennes (Michael Bay-sque, diront certains)… la demoiselle, jadis frêle et ordinaire, est devenue une pilleuse de tombes ne reculant devant rien. Désormais, la dame au piolet ne fait qu’un avec le danger. L’intrigue démarre au Mexique durant le fameux jour des Morts (dia des muertos) qui a été récemment mis en avant dans le film d’animation de Disney, Coco. Lara, capuchonnée, mène l’enquête et ne tarde pas à rencontrer des ennuis. Ah, qu’il est loin le temps où cette dernière usait d’une arme pour la première fois, restant pétrifiée à l’idée d’avoir éliminé un homme.


CATACLYSME

Cette fois, la soif de découverte de l’archéologue a causé des pertes bien plus importantes qu’elle ne pouvait imaginer. Se sentant coupable, Lara décide de réparer ce qui peut encore l’être. Avec son seul et unique indice, elle se rend au Pérou avec la ferme intention d’arrêter les Trinitaires. Jusqu’au moment où la tempête la sépare de Jonah. Si Uncharted 4 est passé par là, il faut bien admettre que la jungle de Shadow of the Tomb Raider est d’un réalisme assez stupéfiant. À la végétation touffue se mêlent les espèces animales hostiles comme pacifiques, le tout dans une ambiance sauvage du plus bel effet. Du triptyque récent, cet épisode est sans aucun doute le plus dépaysant. Forêts tropicales, grottes humides, terres inca, temples majestueux, villages de fortune… la destination péruvienne offre un large éventail d’environnements là où le précédent volet – bien qu’excellent – avait tendance à abuser de sa montagne enneigée. Et comme le jeu laisse beaucoup de place à la contemplation, on en profite pleinement. Cette impression est notamment renforcée par des cinématiques intimistes où Lara et Jonah s’ouvrent sur leur ressenti et la perte d’êtres chers. Le joueur s’immerge même dans la vie de l’héroïne lorsqu’elle n’était qu’une enfant (très casse-cou). La structure, la narration en français, la mise en scène… tout pousse à nous faire aimer ce Shadow of the Tomb Raider.


CHASSEZ LE NATUREL…

Comme on pouvait s’y attendre, ce troisième volet reprend les solides bases de ses prédécesseurs. Si Lara sait manier les armes, elle passera la majeure partie de son temps à faire hurler ses flèches, que ce soit sur les ennemis, l’environnement (pour accrocher une corde ou faire chuter une palissade de bois) ou encore les différentes espèces animales. On retrouve ainsi la chasse ainsi que tout le système de loot, de crafting et d’expérience. Au fil de l’aventure, la demoiselle gagne en compétences et peut ainsi utiliser de multiples types de munitions (flèches empoisonnées ou encore terrorisantes faisant péter un câble aux ennemis qui se jettent alors sur leurs comparses). Mais le vrai changement de Shadow of the Tomb Raider se trouve dans les phases d’infiltration puisqu’il faudra régulièrement se faufiler derrière les ennemis, se planquer dans la végétation dense, descendre en rappel ou même carrément s’enduire de boue (attention, celle-ci disparaît au contact de l’eau). Lara traque littéralement ses proies et tous les moyens sont bons (ah, les bonnes vieilles diversions, les attaques par derrière, etc.) pour parvenir à ses fins. Et comme la difficulté est entièrement paramétrable, le joueur peut adapter le challenge. Dans les modes les plus ardus, l’apprentissage de nouvelles techniques est indispensable pour s’en sortir et il est primordial de se défaire de la trame principale pour aller visiter des tombeaux ou participer à des quêtes annexes. Comme les énigmes sont un peu plus fouillées et intéressantes qu’auparavant, ces explorations et missions sont les bienvenues. Contrairement aux jeux précédents, cette propension à l’infiltration est une vraie bouffée d’oxygène, d’autant que les bourre-pifs explosifs ont été atténués. Si vous avez été saoulés par les gunfights – parfois incessants – d’Uncharted, ce Shadow of the Tomb Raider pourrait bien vous convenir.


… IL REVIENT AVEC UN GAROT

Dans cette aventure, Lara gagne en maturité et expérience. Efficace comme jamais, elle n’est plus la jeune femme qui termine cassée dans le reboot. Shadow of the Tomb Raider est un véritable retour aux sources dans le sens où le périple fait la part belle aux explorations de temples, aux énigmes et à l’infiltration. SI le jeu ne réinvente pas la formule, il s’éloigne considérablement du côté très action du précédent volet. De toute la trilogie récente, c’est assurément ce titre qui se rapproche le plus de la base conçue par Core Design. Tout n’est pas parfait, comme des expressions parfois trop appuyées ou un mode immersif un peu bizarre (les autochtones parlent leur langue, vous répondez en français – ou une autre langue – et ils vous comprennent), mais on oublie vite ces petits défauts pour se concentrer sur une escapade périlleuse et inoubliable. Probablement l’un des meilleurs volets de toute la saga.


Verdict : EXCELLENT

Fidèle à son socle ancestral sans s’éloigner de sa modernité, l’aristocrate se pare, une nouvelle fois, d’une épopée quatre étoiles. Sans que ce soit une révolution, Shadow of the Tomb Raider est une aventure remarquable, portée par des graphismes et un sound-design déments. Moins axé sur l’action, le jeu offre des séquences d’infiltration passionnantes et dessine peu à peu une héroïne qui ne recule devant rien, apprenant de ses erreurs et prêt à tout pour les réparer. Si le scénario n’est pas renversant, il est suffisamment bien écrit pour que la douzaine d’heures (voire bien plus pour le 100%) passe comme une flèche. Plus de vingt ans après, Lara Croft n’a absolument rien perdu de son charisme. Et c’est pour ça qu’on l’aime.


Points positifs :
  • Direction artistique de top niveau
  • L’ambiance au cœur de la jungle
  • La qualité de la modélisation
  • Voix françaises très réussies
  • Dépaysant, un vrai voyage !
  • Gameplay intelligent et prenant
  • Les options d’accessibilité
  • Lara reste Lara
  • Le retour aux sources de la série
Points négatifs :
  • Le mode immersif un peu loufoque
  • Une légère impression de déjà-vu
  • Mise en scène parfois surjouée
  • Non, ne cherchez pas, on tient là un des meilleurs épisodes de la série

Éditeur : Square-Enix – Développeur : Eidos Montréal – Genre : Action / Aventure – Date de sortie : 14 septembre 2018 – Plateformes : PlayStation 4, Xbox One, PC

7 sept. 2018

L'Histoire de Donkey Kong disponible partout !

Mon premier ouvrage solo, l'Histoire de Donkey Kong, est disponible depuis aujourd'hui en librairie mais aussi sur les sites de la FNAC ou encore d'Amazon. En attendant que mes prochains projets soient annoncés, ce livre est donc le premier, je l'espère, d'une longue série. Cette aventure assez soudaine a débuté en octobre dernier lorsque la direction de Pix'n Love m'a proposé de raconter les coulisses du personnage de Nintendo. L'intérêt d'un tel ouvrage repose sur la nature même du protagoniste, créé au Japon, sublimé en Angleterre et modernisé aux États-Unis. Grâce aux contacts que j'ai pu nouer avec les anciens membres de RARE, l'ouvrage a pris la dimension d'un grand making-of sur environ 240 pages. Je ne voulais pas écrire pour écrire et c'est pour cela qu'il y a un minimum de redite tout en allant à l'essentiel, c'est à dire avec de nombreuses anecdotes de développement mais aussi de secrets gravitant autour de l'ambiance des différents studios. 

L'Histoire de Donkey Kong est disponible depuis juin 2018 sur le site des Éditions Pix'n Love et désormais dans toutes les librairies ou magasins/sites spécialisés.

Pour la sortie du livre, j'ai été interviewé par David Doucet du magazine LesInrocks, le papier est à découvrir ici : https://www.lesinrocks.com/2018/05/18/jeux-video/donkey-kong-dans-tous-ses-etats-111084604/

 



 

6 sept. 2018

Les dernières compilations Capcom



Capcom, décidément très porté sur le rétro en ce moment, nous livre une double compilation de la licence Mega Man X. Bien que légèrement inférieur à la série d’origine, cet arc scénaristique ne manque pas d’intérêt. Le premier épisode de la compilation est assurément le plus intéressant car il réunit les trois volets de la Super Nintendo ainsi que Mega Man X 4 paru sur Saturn, PlayStation et PC. Et là, c’est bien simple, vous en aurez pour votre argent ! Ces titres sont de grande qualité et vous feront passer un super moment. On restera plus mesuré avec la seconde compilation qui, elle, regroupe Mega Man X 5, 6, 7 et 8, souvent considérés comme des sous-épisodes. Ils ne sont pas catastrophiques mais manquent d’envergure et de finition.

Compilation oblige, on était en droit d’attendre un beau petit paquet d’options. Pas de chance, vous pouvez oublier les bonus liés au gameplay. À part la possibilité de jouer avec un mode pour débutant, le titre n’offre pas d’option de « rembobinage » lorsque vous mourrez, ni même de sauvegarde instantanée. Au niveau visuel, deux filtres – désactivables – sont disponibles, il est possible de jouer en 4:3 et on note un lissage bienvenu pour les épisodes les plus modernes en 3D. Enfin, modernité oblige, les chargements sont imperceptibles. Ce n’est pas Byzance mais c’est mieux que rien.

En guise de nouveauté, l’éditeur a pensé à intégrer un mode X Challenge qui permet, en adaptant son arsenal, de se frotter à deux boss simultanément ! Assez jouissive, cette section plaira aux amoureux de la difficulté. Pour terminer, sachez que Capcom a fait montre de générosité en accompagnant sa compil’ de petites gâteries comme un sound-test, des illustrations, des trailers ou encore des images de goodies. On aurait apprécié l’ajout d’un making of mais ne soyons pas trop gourmands. Mega Man X Collection est une tentative rétro sympathique qui ravira les amateurs du Blue Bomber. L’ensemble peut paraître inégal (la première compil demeurant la meilleure) mais le combo ne manque pas d’impact. 

7 / 10



Éditeur : Capcom – Développeur : Capcom – Genre : Action / Plateforme – Date de sortie : 24 juillet 2018 – Plateforme : PS4, Xbox One, Switch, PC







Quelques semaines avant Mega Man, ce fut au tour d’une licence historique de se livrer à la joie de la compilation. Street Fighter, le bien-nommé, s’est ainsi offert un festival pour son trentième anniversaire. Oui, ça nous rajeunit sévèrement tout ça ! Toujours est-il que vous allez pouvoir vous frotter à une douzaine d’épisodes parus entre 1987, date de la sortie du premier Street, et 1999, année de l’arrivée de l’excellent Third Strike. Autant dire que vous allez en bouffer du Street II qui est proposé ici avec ses multiples déclinaisons. Turbo, Super, Hyper Fighting, tous répondent présents ! Mais que les amoureux des autres arcs scénaristiques se rassurent, il y en a pour tout le monde !

Ainsi, Street Fighter 30th Anniversary Collection a la bonne idée de proposer la série des Alpha, soit les trois épisodes arcade, ainsi que le fameux Street III. Il y a donc largement de quoi faire, surtout que le gameplay, d’une série à une autre, diffère fortement. Capcom, pour les besoins de sa compil, a décidé de s’appuyer sur les montures arcade, ce qui risque de faire grincer quelques dents. En effet, on aurait bien aimé que les derniers épisodes, notamment les Alpha 1 et 2 ou encore Third Strike soient repris des versions Saturn ou Dreamcast. Cela aurait permis de profiter d’une meilleure qualité sonore. De la même manière, et bien que la durée de vie soit conséquente, l’éditeur aurait pu ajouter des Pocket Fighter, Super Puzzle Fighter II ou même les Street Fighter EX.

En matière d’options, la compil fait le strict minimum avec quelques possibilités visuelles mais rien de foufou. Heureusement, le jeu se rattrape par le biais de son musée, réunissant historique, personnages, musiques et même une série de making-of sous la forme d’images. Dommage, on aurait bien signé pour un format vidéo. Mais ça serait faire la fine bouche, Street Fighter 30th Anniversary Collection est une chouette compilation mais qui aurait pu être encore plus riche en options et jeux. 

7 / 10



Éditeur : Capcom – Développeur : Capcom – Genre : Action / Plateforme – Date de sortie : 24 juillet 2018 – Plateforme : PS4, Xbox One, Switch, PC