27 déc. 2020

Yakuza : Like a Dragon - Le réveil du Phoenix

Considérée comme une déclinaison spirituelle de Shenmue, la série Yakuza s’est imposée grâce à ses quartiers japonais – Kamurocho en tête – plus vrais que nature, ses personnages charismatiques et ses thématiques mêlant action, amour et humour. Dirigée par Toshihiro Nagoshi, figure historique de SEGA, la franchise s’est parfois permise des incartades temporelles en s’intéressant notamment à l’ère d’Edo (Kenzan, Ishin) ou en se muant en une espèce de survival-horror (Dead Souls). Pourtant, malgré tous les spin-off sortis jusqu’à maintenant, quelques voix commençaient à s’élever pour demander un renouvellement de la formule. L’équipe de développement a pris le problème à bras le corps et risque d’en surprendre plus d’un avec Yakuza : Like a Dragon. Déstabilisant et enivrant ! À condition de se laisser happer par ses combats… au tour par tour. 


L’histoire du très apprécié Kiryu Kazuma – Le Dragon de Dojima – étant bouclée, SEGA repart à zéro ou presque. Ce septième épisode canonique marque ainsi les débuts d’Ichiban Kasuga, un bleu de la famille Arakawa appartenant au clan Tojo, une puissante organisation mafieuse de Tokyo. Gauche et excentrique, le gamin voue un véritable culte au patriarche, Masumi Arakawa (campé par l’acteur japonais Kiichi Nakai), qui l’a tiré d’une mort certaine alors qu’il n’était qu’adolescent. De par son statut du « bas de l’échelle », Ichiban n’a pas la stature d’un capitaine et ne fait qu’effectuer des tâches subalternes comme, par exemple, des perceptions auprès des mauvais payeurs. Loyal et avec le cœur sur la main, le garçon est attachant et son rang du bas de l’échelle marque une rupture avec les derniers épisodes de la licence. Après une petite phase « préparatoire », l’histoire prend un tournant lorsque Arakawa, son mentor, se retrouve dans une mauvaise posture. Lui devant la vie, Ichiban accepte de plaider coupable pour un crime qu’il n’a pas commis et se retrouve pendant dix-huit années derrière les barreaux. De l’année 2001, le joueur est propulsé en 2019 (avec un passage assez amusant lorsque le personnage découvre le phénomène des smartphones et des selfies) et découvre que tout, absolument tout, a changé. Alors qu’il vient de passer près d’une vingtaine d’années à l’ombre, Ichiban est seul, rejeté par ses pairs et apprend que son patriarche tant aimé a pris une décision insensée. Le début d’un scénario spectaculaire, passionnant et surprenant.


L’honneur des hommes 


Sans dévier de la trajectoire tracée par les jeux Yakuza, Like a Dragon distille un ton plus léger mais tout aussi percutant que ses prédécesseurs. S’inspirant des codes de la mafia et des films de gangster, il exploite des protagonistes au caractère fort et joue avec les émotions. Sans révéler les moments fondateurs de l’intrigue, ce brave Ichiban va en voir des vertes et des pas mûrs et redémarrer une nouvelle vie avec les difficultés que cela représente. Ce qui marque, au-delà des individus complètement barrés, ce sont les situations qui laissent esquisser de larges sourires, notamment lorsque le héros fait référence à Dragon Quest (les combats prennent alors un air de RPG à l’ancienne) ou lorsque celui-ci enfourche une bicyclette pour ramasser des canettes dans la rue. La force de Yakuza : Like a Dragon, c’est de manier avec élégance des moments très sérieux à des évènements totalement déjantés. Entre deux missions, il est d’ailleurs toujours possible de flâner pour se taper un bon repas, prendre du bon temps, faire du kart, du golf, du karaoké ou se délecter de nombreux jeux d’arcade. Difficile d’ailleurs de se plaindre quand la sélection réunit Virtua Fighter 2, Virtua Fighter 5 Final Showdown, Space Harrier, Out Run, Fantasy Zone, Super Hang-On… et autres UFO Catchers. Il est même possible de pratiquer des jeux de carte ou des divertissements japonais/chinois ancestraux comme le Shogi ou le Mahjong. De quoi s’éclater avec des jeux dans le jeu ! Quant aux combats, ils vont probablement diviser.  


Le choix fatidique 


SEGA a fait le choix du combat au tour par tour. Au départ, il faut avouer que c’est vraiment déstabilisant car on ne peut plus se déplacer en temps réel pour choper les ennemis et leur coller une bonne rouste en s’aidant des éléments du décor (on peut toujours mais c’est plus compliqué). Là, tout le monde tape à tour de rôle avec un système qui fleure bon la stratégie. Il est possible de déclencher des actions automatiques mais ne plus avoir le contrôle lors des affrontements risque de vous faire sortir de l’ambiance. D’autant que les animations sont très dynamiques avec un impact bien présent et un rythme soutenu. Le jeu apprend en douceur à manier la « roue » des actions, comme le fait de parer au bon moment pour contre-attaquer ensuite. RPG oblige, les développeurs se sont appuyés sur des poncifs bien connus comme les objets de soin, de vitesse ou encore de puissance. Chaque personnage dispose également de coups surpuissants qui vont grignoter une jauge. On est donc en terrain connu mais quelques subtilités sont toutefois présentes. Ainsi, il est possible – à partir d’un certain moment de l’aventure – de faire appel à des Acolytes (de gros balèzes) qui viennent vous filer un coup de main et qui font office d’invocations. C’est complètement barré mais drôle. Et évidemment, les actions valent leur pesant de cacahuètes comme Nanba, le SDF qui utilise des pigeons pour porter certains coups. On vous laisse aussi découvrir les poses charnelles de l’hôtesse Saeko. C’est donc au gré de l’expérience que vous allez rencontrer des opposants de plus en plus résistants et il vous faudra faire quelques tours dans les menus pour booster les axes d’amélioration (style, passion, charisme…) de votre héros. On s’y fait assez vite même si ça ne plaira pas à tout le monde. Reste que ce côté innovant aurait pu être mis en avant sur le plan visuel. Et ce n’est pas vraiment le cas…  


Un moteur qui s’essouffle 


Il y a quelques temps, on a vu passer un certain Judgment sur PlayStation 4 et celui-ci avait, dans ses lumières et ses effets, quelque chose à part. Yakuza : Like a Dragon paraît moins spectaculaire et on sent que le moteur 3D de 2015, le Dragon Engine, arrive en bout de cycle. Ce n’est certainement pas moche mais certaines textures sont franchement fades et les graphismes sont inégaux. Indéniablement, le jeu est plus beau lorsque le soleil vient à se coucher et que Kamurocho s’illumine de mille feux. Les environnements sont en tout cas suffisamment détaillés pour ne pas trancher avec des personnages toujours superbement modélisés. Le jeu de SEGA souffle incontestablement le chaud et le froid (murs invisibles…) selon les moments mais il a le mérite de proposer plusieurs modes d’affichage, soit en 30 fps avec une résolution en 4K, soit en 60 fps avec une résolution moindre. À vous de voir ce que vous préférez mais il faut avouer que l’animation en 60 images par seconde est un confort non négligeable. Quoiqu’il en soit, le voyage vaut le détour pour son dépaysement (Kamurocho, Yokohama…) et il serait dommage de passer à coté à cause d’une technique perfectible.


VERDICT : TRÈS BON 


Pas facile de passer après Kazuma Kiryu mais Ichiban est un protagoniste qui en a sous le coude. Yakuza : Like a Dragon est, mine de rien, un sacré pari pour SEGA. Le choix du combat au tour par tour aurait pu être dévastateur mais les développeurs ont trouvé une formule intéressante sans renier le lore de la série Yakuza. Inégal sur le plan technique et visuel, le jeu se démarque par son dépaysement total et ses situations aussi burlesques que géniales. Rempli d’activités et de quêtes annexes, l’aventure – qui propose les excellents doublages japonais – offre un univers qui n’a aucun équivalent. Et rien que pour ça, il vaut le détour. Déstabilisant au départ, il se veut fédérateur et passionnant. 

Points forts : 

D’une richesse considérable
Les jeux d’arcade et activités annexes
Ichiban est génial
Doublages japonais et musiques au top
Un scénario puissant
Entre sérieux et burlesque 

Points faibles :
 
Visuel moins impressionnant que Judgment
Technique inégale
Mise en scène un peu fadasse
Dialogues parfois inutilement longs
Le tour par tour ne plaira pas à tout le monde 

Éditeur : SEGA – Développeur : SEGA – Genre : Jeu de rôle – Date de sortie : 10 novembre 2020 – Plateformes : PS4, PS5, Xbox (One, S, X), PC

24 déc. 2020

Godfall : Le domaine des dieux

Il est de ces jeux qui se bonifient à mesure que l’on progresse. En nous penchant sur le cas de Godfall, ce n’est pas vraiment ce à quoi on s’attendait et c’est pourtant le ressenti qui ressort après nos longues heures de jeu à dégommer des créatures rampantes et autres soldats solidement armés. Vu comme une vitrine technologique des capacités de la nouvelle génération, le protégé de Counterplay Games avait tout pour se borner à ses beaux graphismes. C’est d’ailleurs la sensation qui émerge lors du tutorial avant que celle-ci ne s’estompe grâce à un univers enchanteur et des combats aussi fracassants qu’efficaces. Un défouloir classique par sa direction (forcément un peu répétitive pour son approche beat’em up) mais surprenant. 


Du bourre-pif ! Voilà ce que propose Goldfall. Dans cette aventure en vue à la troisième personne, le joueur incarne un héros mythologique qui doit se débarrasser des sbires de de son frère, Macros, pour ensuite se confronter à son vis-à-vis familial. En clair, c’est le boxon et la fratrie est appelée à s’entredéchirer. Pour parvenir à ses fins, l’avatar va ainsi traverser d’immenses contrées pour défier les ignominies qui peuplent ces lieux. Corps-à-corps, utilisation de techniques à distance, sorts magiques… tous les moyens sont bons pour terrasser la vermine. Entre chaque exploration, le joueur se retrouve au cœur d’un HUB pour améliorer son équipement ou faire un briefing avec l’entité du coin. La construction est plutôt basique et repose sur une montée en puissance pour visiter des endroits infestés de créatures de plus en plus résistantes. Clairières pourpres, plaines alluviales, chutes prismatiques, caldeira de cobalt… les noms des niveaux sont idylliques et respirent la nature mais les préserver ne sera pas de tout repos. Pour vaincre Macros, le héros devra, par exemple, résister aux assauts incessants des ennemis dans une tour ou encore se rendre dans un endroit appelé le Repos du Leviathan. Charmant programme, n’est-il pas ?


Terres maudites

Godfall a été l’un des premiers jeux next-gen dévoilés et il porte forcément un poids. Par conséquent, il ne faut pas trop en attendre. Non pas qu’il soit mauvais (loin de là, on y reviendra) mais il n’a rien de plus qu’un titre de la génération précédente en termes de gameplay. On traverse des contrées, on cogne, on passe à une autre zone, on cogne et ainsi de suite. De temps à autre, on se lance dans une collectionnite pour ouvrir des coffres et récupérer des artefacts… et c’est à peu près tout. La mise en scène reste assez plate, les voix sont en anglais (avec des doubleurs qui semblent réciter des textes) et la progression est ultra répétitive. Il y a bien des téléporteurs pour varier un peu les déplacements mais il n’y a rien d’inédit dans la démarche. Et là, beaucoup quitteraient le test pour aller voir ailleurs en se disant que Godfall, décidément, n’a pas grand-chose à offrir. Si ça peut s’entendre, c’est aller un peu vite en besogne.


De réelles qualités

D’abord, la direction artistique du jeu, avec ses armures à la Saint Seiya et son approche mythologique, est très intéressante. L’ensemble est coloré, pêchu et donne un look très classe à des graphismes qui sont dignes des premiers titres entrevus sur next-gen. Le jeu est super beau, très flashy, presque « too much » avec sa myriade d’effets et de particules, mais c’est ce qui fait son charme. Ensuite, le gameplay est ultra dynamique. Les combinaisons sont nombreuses, le héros dispose de finish moves spectaculaires et on peut manipuler plusieurs armes et objets pour se défaire des belligérants. Les impacts sont bien rendus et les combats sont indéniablement une grande réussite. De quoi profiter pleinement du bestiaire ultra varié (70 modèles !). Pour terminer, l’interface offre un panel de possibilités intéressantes : équipement, armurerie, compétences, ressources… il est important d’équilibrer son inventaire pour réussir chacune des missions. Tout cet ensemble fait que le jeu est accrocheur et qu’on a envie de continuer pour découvrir les différents environnements. Et comme, en plus, on peut se faire la campagne jusqu’à 3 joueurs online…


VERDICT : BON


Godfall a peut-être moins d’aura que d’autres titres comme Spider-Man : Miles Morales ou Demon’s Souls mais il tient ses promesses en matière de beat’em up ou plutôt de Slasher Looter comme aiment l’appeler ses développeurs. Graphiquement impeccable, le jeu est certes répétitif mais dispose d’un gameplay dynamique aux combos dévastateurs. Malgré l’impression de répéter les mêmes actions, il donne l’envie de continuer pour obtenir les meilleures armes. C’est sans doute une œuvre que l’on retrouvera très rapidement en occasion et qui sera à dix balles dans les bacs des magasins spé dans un an mais il assure dans son domaine. Un jeu vraiment sympatoche.

Points forts :

Explosion visuelle
Gameplay avec du punch
La galerie de combos
Le bestiaire étendu
Les musiques
Un jeu qui s’assume

Points faibles :

Très répétitif, pas assez de variété dans les objectifs
Mise en scène ultra plate
Doubleurs peu motivés
Un scénario inutilement alambiqué

Éditeur : Gearbox Software – Développeur : Counterplay Games – Genre : Action – Date de sortie : 12 novembre 2020 – Plateforme : PlayStation 5

18 déc. 2020

Les jeux de course de fin 2020 : Entre fun et exigence !

L’année 2020 se termine en apothéose pour les fans de course automobile ! Que vous soyez plutôt simu ou arcade, plusieurs productions se sont démarquées ces dernières semaines ! Nous avons ainsi décidé de les réunir dans un article dédié en mettant les lumières les forces et faiblesses de chacune. Courses sur bitumes endiablées ou rallye, nos machines vont faire vrombir les moteurs. De Need for Speed Hot Pursuit – présenté dans sa version Remastered – à WRC 9 en passant par Dirt 5, nos Xbox Series X et PlayStation 5 ne seront pas de trop pour embellir les somptueux bolides lustrés ! Alors sans attendre, accrochez vos ceintures ! 





Née dans le cœur des années 1990, la série Need for Speed a vécu des fortunes diverses. D’abord portée au panthéon grâce à des épisodes fantastiques, elle a fini par rejoindre le garage des œuvres passe-partout. Ces derniers temps, la licence a carrément perdu de sa superbe et c’est donc avec une certaine curiosité que nous avons posé nos mains sur ce volet remastérisé de l’une des éditions les plus marquantes de cette dernière décennie. Il faut dire qu’avec Criterion Games aux commandes, il y avait peu de chances d’avoir une mauvaise surprise. Fondée en 1996, cette division, qui appartient désormais à Electronic Arts, est à l’origine de l’un des jeux de course les plus funs de tous les temps : Burnout ! En transposant l’esprit de Burnout à la saga Need for Speed, la franchise a retrouvé le feeling de ses débuts. Manette en mains, c’est un bonheur de foncer à plus de 250 km/h sur les routes américaines en semant les forces de l’ordre ou, au contraire, en poursuivant les fuyards. 


Fort d’une ambiance survoltée, Need for Speed Hot Pursuit est une ode à la tôle froissée, aux sorties de route spectaculaires et aux courses-poursuites haletantes. Toute l’âme du jeu repose sur cette capacité à nous mettre aux commandes de bolides ultra rapides (au nombre de 75, tous sous licence officielle), superbement modélisés, en traversant des contrées aussi sauvages que variées. Que l’on soit pilote clandestin ou policier, les sensations sont grisantes et on s’éclate à envoyer valser les concurrents ou les fuyards dans le décor. Avec son mode carrière efficace (on progresse en débloquant des véhicules et des portions de la carte) et ses courses/poursuites en ligne (le jeu est cross-plateforme), il ne manque finalement à Need for Speed Hot Pursuit que la possibilité de jouer à deux en simultané sur un même écran. C’est un crève-cœur de ne pouvoir accéder à un split screen alors que le concept du jeu était parfaitement adapté à des confrontations locales. Avec son mode qualité ou performances (4K/30fps – 1080p/60fps), Need for Speed Hot Pursuit n’a jamais été aussi propre et les nouveaux effets mettent en valeur les tracés et les voitures. Ce n’est pas renversant mais c’est plutôt joli et le gap visuel est tout de même plus prononcé que sur Un Burnout Remastered par exemple. En clair, l’excellent jeu de 2010 est de retour et plus en forme que jamais ! 



Verdict : GRISANT 






De la poussière, des paysages aussi beaux que sauvages, la nature à l’état pur… le rallye est décidément une discipline qui aspire à la liberté. Après un huitième épisode plutôt convaincant, Kylotonn revient avec une nouvelle édition pleine de promesses et placée sous le signe de la next-gen. Rallye oblige, on voit du pays ! Monte-Carlo, Suède, Mexique, Argentine, Portugal, Italie – Sardaigne, Kenya, Finlande, Nouvelle-Zélande, Turquie, Allemagne, Pays de Galles et Japon sont autant de destinations que le joueur va découvrir. Chaque spéciale comportant cinq tracés, ce n’est pas moins de 65 pistes qui sont proposées, dont les petites dernières du championnat officiel ! Les puristes apprécieront. En plus de ce contenu, WRC 9 a la bonne idée de s’appuyer sur le mode carrière entrevu dans le dernier volet. Menu réussi, progression efficace, système de messagerie, embauche des mécaniciens, arbre de compétences, paramétrages de la voiture… tout a été pensé de manière cohérente et on prend un certain plaisir à voyager de pays en pays en essayant différents bolides car tout s’enchaîne rapidement. 


Les compétiteurs, quant à eux, pourront se rabattre sur les défis ou encore le mode eSport pour révéler leurs capacités. Mais la nouveauté est à chercher du côté du Club System et ses championnats personnalisés. Le tout se déroule en ligne et chacun des participants peut effectuer les courses à son propre rythme. Il est toutefois dommage que l’interaction se limite aux classements, il aurait été possible d’envisager une astuce pour se retrouver sur la piste. En revanche, on ne peut qu’applaudir la présence du mode splitté qui permet à deux joueurs de se défier en local. L’autre joueur apparaît alors sous la forme d’un fantôme. En ce qui concerne la partie purement visuelle, WRC 9 s’en sort honorablement. Si certaines textures sont franchement fadasses, la 4K apporte une certaine authenticité aux lieux et les effets sont, dans l’ensemble, réussis. Les chargements sont également rapides sur next-gen, ce qui est une très bonne chose. Testé sur PlayStation 5, nous avons aussi pu profiter des fonctionnalités de la manette DualSense. De quoi renforcer l’immersion, surtout quand la pluie tombe et qu’elle vient se matérialiser dans le haut-parleur. Pour son entrée dans la nouvelle génération, le jeu de Kylotonn s’en sort pas mal. Assez exigeant – même si la difficulté est paramétrable – il a certes les atours d’une grosse mise à jour de l’épisode 8 mais se montre à son aise. Les amateurs du genre apprécieront.



Verdict : SOBRE ET EFFICACE





L’éditeur avait prévenu : Dirt 5 est un jeu résolument arcade et fun qui met de côté l’aspect simulation du quatrième épisode ou du 2.0. Pour cette nouvelle itération, les développeurs de Codemasters ont misé sur les couleurs flashy, le spectacle et les sensations. C’est un parti pris assumé et il est hors de question de lui espérer une sortie de route sous prétexte que sa philosophie a fait une volte-face. Dirt 5 fait ainsi la part belle au voyage en vous propulsant sur les tracés du Brésil, de l’Afrique du Sud ou encore de la Chine. Le dépaysant est varié et garanti ! En adéquation avec la direction artistique très colorée, le titre dégouline d’effets lumière classieux. Sur PlayStation 5 (la version testée), le rendu est franchement sympa mais ne cherche, à aucun moment, le photoréalisme. Par certains côtés, il rappelle l’excellent SEGA Rally du studio Sumo Digital. C’est beau, ça pète de partout et ça va vite, que demande le peuple ? Les sensations arcade vont de pair avec l’agressivité des concurrents et l’absence totale d’accidents. On a ici affaire aux bonnes grosses colissions qui tâchent mais qui n’ont comme conséquences que l’aspect esthétique de la caisse. Mention spéciale au passage pour le changement en temps réel de la météo ! 


Côté gameplay, la conduite s’avère agréable avec une grosse propension au drift. Le feeling est accrocheur et on dévore les courses sans voir le temps passer. Non pas que le mode carrière soit d’une grande originalité mais l’ambiance (la playlist est vraiment cool) campée par Troy Baker et Nolan North – pour les anglophones mais les voix sont aussi doublées en français – a quelque chose de fédérateur. Le Playground, reposant sur le partage d’épreuves et de circuits, fête son retour tout comme l’exigeant – mais tellement fun – Gymkhana et ses défis. Les pilotes en herbe pourront également montrer toute leur maîtrise du pilotage sur le net ou via le mode local en écran splitté (quel bonheur que ce dernier n’ait pas été oublié, au même titre que celui de WRC 9). Avec ses véhicules de différentes natures (voiture, 4x4, buggy…), son fun omniprésent et sa pêche sonore, Dirt 5 a vraiment tout de la bonne pioche pour les amoureux du genre arcade. Surtout si vous y jouez sur next-gen avec des temps de chargement ultra rapides. L’approche du studio divise mais celle-ci est assumée jusqu’au bout. En plus, la DualSense est mise à contribution sur PlayStation 5. Ce fils spirituel de SEGA Rally (version SEGA Racing Studio), de DriveClub et de Motorstorm a décidément de sérieux atouts ! 


Verdict : DÉLICIEUSEMENT FUN


11 déc. 2020

Demon's Souls : Le miroir des lames

Passé maîtres dans l’art du remake, notamment grâce à un Shadow of Colossus exceptionnel, les protégés de Bluepoint Games se sont attaqués à une montagne. En collaboration avec Japan Studio, les Texans d’Austin (petit clin d’œil au passage à mon cousin et sa famille qui y vivent) ont répondu à l’appel des fans pour faire renaître de ses cendres le très exigeant Demon’s Souls. Quand on connaît l’aura de From Software et sa saga King’s Field, on imagine sans mal toute la pression qui pesait sur les épaules des développeurs. Et une nouvelle fois, après nous avoir émerveillés avec la quête de Wanda et de son fidèle destrier Argo, les créateurs américains signent un sans-faute pour leur entrée sur le champ de bataille de la PlayStation 5. La première véritable claque next-gen ?


Qu’il est loin le temps où From Software, dans son petit bureau de Shibuya, exerçait dans le domaine des applications professionnelles et des logiciels de gestion. Il aura fallu d’une conférence de Sony en octobre 1993 pour que les dirigeants, déterminés à devenir pionniers dans les applications 3D, se décident à embrasser une carrière dans l’industrie du jeu vidéo. En découvrant la PlayStation, les intéressés ont compris que l’avenir était à la trois dimensions et aux expériences plongeant le joueur dans des mondes qui n’étaient que chimères. Il aura fallu du temps pour que le studio, célèbre pour ses licences King’s Field et Armored Core, soit pris au sérieux. Dirigée par le très inspiré Hidetaka Miyazaki, c’est en s’appuyant sur les fondations de King’s Field que l’entreprise s’est faite un nom avec deux œuvres canoniques : Dark Souls et Demon’s Souls. Si la première n’est plus à présenter avec ses différents épisodes, la seconde – encensée par la critique internationale – conserve une aura indescriptible et il en fallait du courage pour se lancer dans un tel projet. Et pourtant, dès le moment où on s’empare de la manette, la magie opère…


Le voyage de l’âme

Poisseux, ténébreux mais aussi imprégné d’un art morbide, Demon’s Souls se déroule dans le royaume de Bolétaria. Cette terre, jadis si prospère, est désormais emprisonnée par un épais brouillard et les âmes démoniaques. Afin de ramener un semblant de paix, le joueur incarne un héros – personnalisable – qui doit s’aventurer au sein de contrées hostiles, souillées par la soif de pouvoir irrépressible du roi Allant XII. Le monarque, avide de puissance, a plongé son propre royaume dans une torpeur cadavérique en libérant une entité monstrueuse et l’endroit est maintenant protégée par des gardiens qui n’attendent qu’une chose : vous terrasser. Comme l’original, l’aventure est exigeante et ne se dévoilera entièrement qu’aux plus courageux. Après un court périple servant de tutorial express, l’avatar est téléporté au sein du Nexus, un temple d’une beauté hypnotisante, à la croisée des mondes entre la vie et le trépas. Refuge d’âmes perdues, la bâtisse est un hub qui permet à la fois de rejoindre l’un des cinq mondes (composées de 4 zones) mais aussi d’acheter et d’optimiser votre équipement grâce au forgeron Boldwin. Comme une respiration à des combats qui ne laissent aucun répit.


La danse des phalanges

Demon’s Souls repose sur la stratégie et les patterns d’animation des ennemis. Pour s’en sortir, il est inutile de rentrer dans le tas en se disant que ça peut passer sur un malentendu. Le titre de From Software, remodelé par Bluepoint, impose sa difficulté et oblige le joueur à réfléchir à chacune de ses actions, un mauvais timing étant synonyme de blessure ou défaite. Pour se défaire des créatures démoniaques, il est indispensable de passer un certain temps dans le menu de création du personnage. Plusieurs catégories sont proposées (chasseur, voleur, noble, barbare…), chacune avec des spécificités en termes d’attaque, de défense, de résistance, de magie, etc. Le joueur peut ainsi façonner un combattant qui lui convient et se lancer dans la quête des âmes. C’est en effet en récupérant les âmes des hommes morts sur le champ de bataille (puis revenus à la vie sous la forme d’immondices putréfiées) que le héros peut booster son inventaire et récupérer des objets indispensables à sa longue et terrible aventure. Parmi ceux-ci se trouvent différentes herbes de soin mais aussi des artefacts permettant d’obtenir de petites aides salvatrices. Un anneau vous donnera, par exemple, plus de chance de récupérer du loot sur le corps des vaincus. Et croyez-le, il faudra tout ça – et même bien plus – pour résister à ce délicat périple. Porté par un level design labyrinthique exceptionnel (très Métroïdien dans l’esprit), Demon’s Souls demande un certain sens de l’orientation et jouit de fonctionnalités online astucieuses. Concrètement, le joueur peut, au gré de son voyage, lire les messages d’aide laissés par les autres aventuriers ou même s’appuyer sur les actions de ces derniers. Les fantômes de ces joueurs apparaissent alors et indiquent la marche à suivre pour réagir face à telle ou telle menace. Dans sa progression, dans cette envie de surpassement ou dans le souhait d’aider les autres (en laissant à son tour des messages), Demon’s Souls est incroyablement immersif et pousse véritablement à trouver différents leviers pour progresser et vaincre. Et avec ce remake, ce sentiment est décuplé.


Beauté morbide

Bluepoint est décidément capable de bien des prodiges. En plus de proposer une relecture du gameplay, le studio texan surprend avec une maîtrise exceptionnelle du hardware de la PlayStation 5. Demon’s Souls, dans son genre, est tout simplement magnifique et affiche des décors d’une beauté saisissante. Particules atmosphériques bluffantes, richesse des textures, lumières juste divines, densité hallucinante des environnements… chaque plan est une œuvre d’art qui laisse songeur quant aux futures productions. Avancer doucement dans la pénombre à la simple lumière des torches, se retrouver face à un dragon, être impressionné par le gigantisme et la magnificence extérieure du château… le joueur est constamment appelé à user du mode photo pour se faire plaisir et enregistrer des clichés aussi somptueux qu’emblématiques. Proposant deux modes (Cinématiques ou Performances – la différence se situant dans la fluidité ou la beauté du jeu), le jeu est plus moderne dans son approche et en sort grandi. Les animations ont aussi gagné en précision, les mouvements sont plus naturels et l’impact des coups s’avère plus prononcé. Le titre a également pour lui un sound design fantastique et des compositions orchestrales pénétrantes. Graphismes, sons, gameplay… Demon’s Souls transperce l’esprit et la quasi absence de chargements pousse à y retourner. Encore et encore.

VERDICT : FANTASTIQUE

Quel jeu ! En débutant sa série King’s Field il y a 25 ans, From Software était sans doute loin de s’imaginer que celle-ci accoucherait d’un remake aussi choyé. Les développeurs texans de Bluepoint ont accompli un petit miracle en remodelant intégralement le bijou de 2009. D’une beauté insolente, cette aventure signe le départ de cette nouvelle génération avec fracas. Les fans de l’original peuvent se procurer une PlayStation 5 les yeux fermés (enfin, quand celle-ci sera à dispo) afin de revivre une quête à la fois difficile et exigeante mais empreinte d’une atmosphère unique. Chef d’œuvre.

Points forts :

Pfiou, c’est quoi ces graphismes ?
Sound design et musiques déments
Exigeant mais tellement immersif
Un Demon’s Souls plus moderne
Direction artistique irréprochable
Gameplay remodelé
La première claque next-gen PS5

Points faibles :

DualSense pas vraiment exploitée
Euh…

Éditeur : Sony – Développeur : Bluepoint Games – Genre : Action/Aventure – Date de sortie : 19 novembre 2020 – Plateformes : PlayStation 5

10 déc. 2020

Sackboy : A Big Adventure - Petit mais costaud !

Star de la série LittleBigPlanet de Media Molecule, Sackboy devient le héros de la propre aventure. Le petit bonhomme débarque dans une aventure taillée pour la famille, où convivialité, ambiance décalée et découvertes sont omniprésentes. Mignonnet à souhait, le titre de Sumo Digital n’a peut-être pas la même aura que le bondissant Miles Morales ou le glaçant Demon’s Souls mais ça serait allé un peu trop vite en besogne que de le cataloguer au rang des petits jeux. Riche en trouvailles et doté d’une atmosphère géniale, ce platformer est un vrai bonbon ! 


Alors que Patchwork Monde vit en paix, l’ignoble Vex apparaît soudainement pour semer chaos et désolation. L’infâme personnage, cynique et effrayant, sort un énorme aspirateur et kidnappe les habitants de la petite bourgade. Son but est de forcer chaque individu à travailler sur une étrange et dangereuse machine appelée le Tournebouleur. Heureusement, durant l’assaut, Sackboy parvient à s’échapper. C’est dans ce contexte que le joueur prend le contrôle du petit protagoniste en tissu. Si le scénario n’a rien de surprenant, Sackboy : A Big Adventure est loin d’avoir dit son dernier mot. Entièrement jouable en coopération jusqu’à quatre joueurs, il ne tarde pas à dévoiler sa belle maîtrise, qu’elle soit graphique ou ludique.


Le charme à l’état pur

Avec son look à la Yoshi’s Crafted World, le jeu de Sumo Digital reprend l’univers entrevu dans la trilogie LittleBigPlanet. On traverse ainsi des décors créés à partir de bouts de ficelle, de papier mâché, de carton ou encore de divers tissus. La direction artistique, inspirée, fait des merveilles et chaque niveau est l’occasion de s’émerveiller devant certaines trouvailles d’ordre cosmétique. Pour ne rien gâcher, le titre se veut très coloré et procure d’excellentes sensations grâce à un gameplay efficace. Tel un adepte de la plate-forme, ce bon vieux Sackboy peut sauter, frapper, attraper des objets et les lancer, s’agripper à un rebord, rester en l’air un court instant ou encore donner un coup de tête sur le sol. Ces aptitudes ne sont pas de trop pour venir à bout de certains ennemis ou pour interagir avec les nombreux éléments du décor. Ultra classique dans sa démarche et ses intentions, Sackboy : A Big Adventure n’en reste pas moins charmant et diablement accrocheur. Et ce, pour plusieurs raisons… 


Outre la partie visuelle, le jeu laisse planer une ambiance excellente. En plus des bruitages et voix réussis, l’aventure distille des mélodies atmosphériques de qualité mais se permet également de piocher dans le répertoire des chansons de ces dernières années (voire bien moins récentes). On vous laisse découvrir ça par vous-mêmes pour ne pas gâcher la surprise mais c’est étonnant de sautiller dans un décor qui se dandine sur le son de Bruno Mars (et ce n’est pas une blague). L’autre surprise provient de l’utilisation de la manette DualSense puisque vous serez amenés à user des gâchettes adaptatives pour le grappin ou déplacer des blocs mobiles à l’aide du capteur gyroscopique. Si les intentions sont moins poussées que dans Astro's Playroom (vitrine technologique de la manette), elles sont tout de même à saluer. Côté plate-forme, on est sur du LittleBigPlanet avec des orbes, des clochettes et une foule d’objets à collectionner pour grimer son perso sous toutes les coutures. Costume de tigre, punk, magicien… les possibilités sont vastes et vous feront sourire en découvrant certains accoutrements complétement barrés. Et bien évidemment, on peut s’amuser – comme dans LBP – à changer les mimiques du héros à sa guise.


Une aventure en ligne droite ? 

Si vous passerez le plus clair de votre temps à chiper les orbes, Sackboy : A Big Adventure propose aussi de petites respirations sympathiques. Entre deux niveaux, la peluche au sourire béat pourra ainsi se lancer dans des défis de contre-la-montre, explorer les cartes ou bien encore débusquer des clés pour ouvrir des passages verrouillés. Quelques énigmes (et combats de boss) sont ainsi présentes pour essayer de vous ralentir et la difficulté progressive fait qu’on ne peste pas toutes les cinq minutes comme dans Crash Bandicoot 4. Pour ne rien gâcher, le jeu pullule d’idées rafraîchissantes, comme lorsqu’il faut patauger dans la mélasse pour pouvoir marcher sur des murs aux textures glissantes. Vous serez même amenés à ramener à leur enclos des brebis égarées. Tous ces éléments font que ce titre de lancement (aussi compatible PS4) est une bonne pioche. Avec ses textures de toute beauté (l’effet de certains tissus est dingue), son animation en 60 images/seconde et sa définition en 4K dynamique, ce Sackboy a décidément de solides atouts. On ne lui reprochera finalement que son approche trop classique (et un peu répétitive à la longue), son level design assez linéaire et sa caméra fixe qui peut s’avérer gênante pour doser certains sauts. Sorti de là, c’est un jeu de plate-forme plutôt convaincant que la PlayStation 4 et sa petite sœur accueillent en cette fin d’année.

VERDICT : BON

Un peu mis de coté face aux géants que sont Miles Morales et Demon’s Souls, Sackboy : A Big Adventure est une aventure plaisante. Malgré un sentiment de déjà-vu et une progression linéaire, le titre de Sumo Digital distille une atmosphère apaisante et permet de s’éclater à plusieurs sur la même machine. En attendant de pouvoir en profiter en ligne (via un coop’ online qui ne devrait pas traîner), voilà un platformer qui s’assume et qui prouve que Sony souhaite s’adresser au plus grand nombre, de la maman ou papa gamer au petit dernier de la famille. On le retrouvera sans doute très vite à petit prix en occasion mais c’est assurément un bon p’tit titre sans prétention. 

Points forts : 

Franchement joli et en 60 i/seconde
La bande-son surprenante
Le multijoueur, ultra fun
La DA de LittleBigPlanet
Sackboy tout simplement
Un gameplay malin 

Points faibles : 

Level design pas foufou
Formule très classique
Un manque de renouvellement sur la fin 

Éditeur : Sony – Développeur : Sumo Digital – Genre : Plate-formes – Date de sortie : 19 novembre 2020 – Plateformes : PS4, PS5

9 déc. 2020

Spider-Man : Miles Morales - Toile de maître ?

Il y a deux ans, Insomniac Games a réalisé le rêve de nombreux fans en transposant les aventures de Spider-Man dans une œuvre dépassant les espérances. Si la structure en monde ouvert n’avait rien de fondatrice, c’est avant tout par son immersion et son gameplay ultra maîtrisé que le titre s’est démarqué de ses prédecesseurs. Grisant, visuellement somptueux et profitant d’une architecture dédiée à sa cause, Marvel’s Spider-Man est devenu l’un des représentants incontournables de Sony et ce n’est pas une surprise de le retrouver en première ligne dès le lancement de la PlayStation 5. Jeu de lancement à fort potentiel, Spider-Man : Miles Morales poursuit les travaux de Peter Parker et nous demande, une nouvelle fois, de sauver New York d’une terrible menace. Alors Spidey nouvelle génération, ça donne quoi ?  


Miles Morales, jeune américain de la communauté hispanique de New York, possède le même don que Peter Parker après avoir été piqué par une araignée modifiée génétiquement du labo d’Osborn. Dans cette nouvelle aventure, le « vrai » Spider-Man prend quelques vacances et laisse son acolyte prendre ses marques dans la Big Apple. Première chose que l’on constate, c’est que c’est indéniablement plus beau et fouillé que dans la précédente aventure. Outre la qualité des textures, le jeu surprend par le drapé des vêtements, les pores de la peau, l’omniprésence des effets et les multiples réflexions du ray-tracing. L’introduction en met plein la vue avec des particules qui volent dans tous les sens, un grand nombre de PNJ, des décors qui explosent et le tout est sublimé par la saison hivernale mise en avant dans ce stand-alone. Il est évident que la PlayStation 5 nous décrochera bien plus la mâchoire dans les mois à venir mais pour une entrée en matière, c’est sacrément convaincant. Celles et ceux qui ne jurent que par la fluidité pourront se rabattre sur le mode proposant du 60 images par seconde mais supprimant le ray-tracing. Dans un titre comme Spider-Man, profiter de cette liberté avec une animation aussi impeccable, ça peut faire une sacrée différence. Encore plus lorsqu’on est habitué au jeu vidéo sur consoles, support qui aura mis du temps à profiter de ce confort.


Peur sur la ville 

New York ne s’endormant jamais, Miles Morales aura fort à faire pour mettre un terme à la nouvelle conspiration qui plane sur la mégalopole – et plus directement sur Harlem. Si le scénario n’a rien de surprenant, les protégés d’Insomiac Games prouvent, une nouvelle fois, qu’ils sont passés maîtres dans l’art de la mise en scène. Certaines séquences sont franchement étonnantes (on avait pu en avoir un aperçu lors de la présentation de la PlayStation 5) et font profiter d’un gameplay toujours aussi nerveux. Entre deux phases de voltige, notre cher Miles exploite toute la panoplie du super-héros : exploration, combats et infiltration, le melting-pot gagnant ! On retrouve les mécaniques hyper solides du premier épisode avec une richesse de mouvements assez folle. Que ce soit au corps-à-corps ou à distance, Spidey est un véritable équilibriste. N’hésitant pas à décocher des finishs aussi brutaux que spectaculaires, le héros dispose en plus d’un pouvoir inédit : l’énergie bioélectrique. De quoi profiter de nouveaux combos !


Spider-Man 1.5 ? 

Très efficace, ce Miles Morales offre une quête très prenante d’environ 8/10 heures. À cela viennent s’ajouter les sempiternels objectifs secondaires. Si certaines missions sont plutôt sympathiques, on se farcit encore de la collectionnite avec des éléments à retrouver ou des coffres à ouvrir à travers la ville. Dans un autre jeu, ça pourrait vite devenir agaçant mais ce Spider-Man : Miles Morales est si enivrant qu’on passe son temps à voltiger ou à se balader dans les rues en faisant des selfies avec les passants. On ne s’ennuie à aucun moment, l’ambiance (voix comme B.O) est excellente et les personnages sont vraiment attachants. Comme on pouvait s’y attendre, il n’y a rien d’original dans la proposition d’Insomniac Games mais le titre est réalisé avec un tel soin et une telle envie de bien faire que ce stand-alone, à moins d’être totalement hermétique à l’univers du héros du regretté Stan Lee, doit faire partie de votre ludothèque.

VERDICT : TRÈS BON

« Sans maîtrise, la puissance n’est rien », disait une célèbre pub. C’est exactement ce que l’on ressent avec ce Spider-Man : Miles Morales. Bien qu’il reprenne les poncifs du premier épisode, le jeu est d’une telle générosité qu’il procure un gros sentiment de liberté. Fort de sa réalisation somptueuse et de son ambiance accrocheuse, le dernier né des studios d’Insomniac Games (en attendant Ratchet and Clank : Rift Apart) fait une entrée remarquée et remarquable sur PlayStation 5. Et sachez que la version PlayStation 4 s’en sort, elle aussi, avec les honneurs. 

Points forts : 

New York, plus belle que jamais
Personnages intéressants et attachants
Incroyablement grisant
Combats ultra maîtrisés
L’ambiance (voix + B.O) fabuleuse 

Points faibles : 
Court en ligne droite
Une formule essorée
La DualSense pas exploitée 

Éditeur : Sony – Développeur : Insomniac Games – Genre : Action – Date de sortie : 19 novembre 2020 – Plateformes : PS4, PS5

6 déc. 2020

FIFA 21 : Le football nouvelle génération ?

Dans le monde de la simulation footballistique, deux cadors règnent sans partage. Mastodonte parmi les mastodontes, FIFA défie chaque année PES pour s’emparer du trône. Depuis quelques temps, la série a tout de même du mal à se renouveler et on pouvait craindre que cet épisode, en pleine transition entre l’ancienne génération et la nouvelle, allait se retrouver entre deux eaux. Quelques matchs suffisent pour comprendre que ce n’est pas en 2020 que la licence va surprendre. En se reposant sur ses bases, Electronic Arts alimente – bien malgré lui - la légende qui veut que, désormais, FIFA est au grand public ce qu’est Pro Evolution Soccer aux puristes. Très arcade, ce FIFA 21 est là pour le spectacle et il ne s’en cache pas. On pouvait tout de même espérer que l’arrivée des versions next-gen, PlayStation 5 et Xbox Series X/S, redore un peu le blason d’une franchise à bout de souffle. On a donc rechaussé nos crampons, désarticulé nos membres en mode Volta et bravé les pelouses des enceintes les plus célèbres pour se faire une idée. Alors FIFA 21 sur next-gen, ça donne quoi ? 


Nouvelle génération oblige, la première chose que l’on a fait en démarrant ce FIFA 21 sur Xbox Series X (notre version), c’est de faire une comparaison avec « l’ancienne » mouture pour en déceler les améliorations graphiques. Comme on pouvait s’y attendre, c’est plus beau mais il faudra probablement attendre FIFA 22 (en espérant un changement de moteur 3D) pour en prendre plein les mirettes. De là à dire que les évolutions sont mineures, il ne faut pas non plus exagérer. Indéniablement, les visages sont beaucoup plus détaillés, le mouvement des cheveux est bien rendu et on note une optimisation des effets de lumière. La pelouse a également été retravaillée. Cela confère aux ralentis un réalisme accru et les amatrices et amateurs de foot sauront apprécier ce gap visuel. Réalisme toujours avec l’ajout de cinématiques (descente du bus, joie des sportifs, liesse des supporters…) mais l’éditeur devrait, à l’avenir, arrêter de prendre les gens pour des idiots en diffusant des cinématiques laissent entrevoir des scènes encore plus impressionnantes. FIFA 21 dans sa version next-gen est plus vivant, plus spectaculaire et demeure sans doute le plus beau jeu de football à l’heure actuelle. Mais il n’est en rien révolutionnaire graphiquement, demeure du FIFA pur jus dans sa direction artistique et il n’y a plus qu’à espérer qu’EA mette le paquet pour l’évolution visuelle, l’année prochaine, soit du même impact qu’un Virtua Striker 2 sur Dreamcast (une véritable baffe graphique à l’époque).


Plus lent, plus technique ? 

Ce FIFA 21 de nouvelle génération accueille une nouvelle caméra. Plus télévisuelle, plus immersive, elle adapte son zoom en fonction des phases offensives et défensive. Comme elle est plus éloignée, elle donne l’impression d’un jeu ralenti, plus agréable, moins arcade et moins stéréotypé. Ce ressenti va de pair avec des animations et des collisions qui ont été optimisées. On peste moins sur les pertes de balles, la physique du ballon correspond plus à ce que l’on peut attendre d’une simulation et les contacts sont mieux reproduits. Il en va de même pour les gardiens qui commettent moins d’erreurs, se relèvent plus vite et paraissent un peu plus efficaces sur les sorties aériennes. Il est toutefois dommage que l’accent soit mis, une nouvelle fois, sur les phases offensives. Les attaquants transpercent littéralement les défenses et le feeling arcade n’est jamais bien loin. Mais dans l’ensemble, ce FIFA 21 next-gen profite de retouches de gameplay intéressantes.


Un contenu toujours aussi énorme 

En dépit de quelques équipes exclusives à PES (un peu rageant quand on aime jouer avec certains effectifs, comme les Samurai Blues japonais), EA conserve son leadership en matière de contenu, que ce soit dans la base de données, les stades disponibles, la modélisation des athlètes ou les modes de jeu. Toujours plus riche, la section FUT (Fifa Ultimate Team) voit la coopération être étendue à d’autres modes comme Clashs d’équipe et il est désormais possible de customiser son équipe et surtout son propre stade. Enfin, et parce que c’était attendu depuis longtemps, les éléments liés à la Forme ont totalement disparu, ce qui permet de passer plus de temps sur le terrain plutôt que dans les menus. La carrière, quant à elle, reste fidèle à elle-même. On note toutefois de petites choses intéressantes comme le fait de pouvoir influer (en faisant des remplacements ou carrément votre entrée sur le terrain) sur un match simulé en vue 2D. Le système des entraînements est aussi moins contraignant. Côté Volta, c’est du pareil au même avec une formule qui semble, dans l’ensemble, moins convaincre les fans, certains en allant jusqu’à espérer le retour d’un mode scénarisé. Par certains aspects, dans son ambiance et son approche, FIFA en fait parfois des caisses alors qu’il pourrait largement s’en passer. En attendant la version réellement next-gen (peut-être l’année prochaine), FIFA 21 fait le job, vous fera profiter de vos beaux écrans et consoles nouvelle génération en 4K mais ne bouleverse en rien son socle.

VERDICT : CORRECT 

Attendue au tournant, cette version de FIFA 21 parvient à améliorer certains points fâcheux tout en boostant les graphismes – même si la comparaison est surtout palpable lors des ralentis. Comme on pouvait l’espérer, le gap visuel est bien de la partie mais ne révolutionne en rien la formule d’origine, si ce n’est par l’apport d’une nouvelle caméra et d’animations et collisions retouchées. Moins arcade, plus agréable, cet épisode enrichi demeure un jeu de foot très correct mais il est évident que la franchise arrive à la fin d’un cycle. EA va devoir revoir intégralement son moteur de jeu, repenser la philosophie de sa licence et mettre l’accent sur le réalisme, qu’il s’agisse du visuel ou du gameplay. Rendez-vous l’année prochaine en espérant, cette fois, se prendre une vraie baffe dans la figure. 

Points forts : 

Des ralentis somptueux
Le plus beau jeu de foot du moment
Un contenu considérable
Plus de temps de chargement
Animations et collisions améliorées 

Points faibles : 

Le PC totalement oublié
Pas de claque visuelle
FIFA perd des licences chaque année
Trop porté sur l’attaque 

Éditeur : Electronic Arts – Développeur : Electronic Arts – Genre : Sport – Date de sortie : 4 décembre 2020 – Plateformes : PlayStation 5, Xbox One Series X

3 déc. 2020

Kingdom Hearts : Melody of Melody - Féérie musicale

Maître incontesté du RPG à la japonaise, Square-Enix aime, parfois, sortir de sa zone de confort pour se frotter à des genres différents. On se souvient ainsi de certaines "incartades" (assez malheureuses) comme The Bouncer ou Driving Emotion Type-S à l'époque du grand Squaresoft. Sans chercher à aller aussi loin, en se pliant à l'exercice du beat'em up ou de la course automobile, l'éditeur a pris l'habitude à transposer ses séries fétiches dans l'univers du jeu de rythme. Ainsi, après le spin-off Final Fantasy : Theatrhythm, c'est au tour de la franchise Kingdom Hearts d'être croquée à la sauce du rhythm action. Sublimée par les majestueuses compositions de Yoko Shimomura, Melody of Memory est une œuvre intéressante qui devrait faire craquer de nombreux mélomanes.


Le titre de Square-Enix ne s'encombre pas de fioritures visuelles. Tout en conservant le style graphique de la saga, il en reprend ses poncifs artistiques et fait appel à la variété du lore Disney pour transformer la progression en un délicieux voyage mélodique. Le voyage est de qualité mais on ne peut s'empêcher de regretter les décors taillés à la serpe et les modèles assez basiques des personnages. Heureusement, l'essentiel n'est pas là… 


La manette est votre instrument 

Le gameplay répond à un principe mêlant action et rythme. Concrètement, les personnages courent en ligne droite sur une partition et le joueur doit utiliser différentes touches et combinaisons pour influer sur les actions de l'avatar : sauter, attaquer, se déplacer latéralement, déclencher des sorts magiques, etc. En chemin, chaque ennemi qui tente de bloquer le héros est plus ou moins vulnérables ou résistants. Certains doivent être frappés plusieurs fois pendant que d'autres ne craignent que la magie. Il faut ainsi agir en conséquence pour pouvoir progresser sans que la jauge de vie ne s'étiole. Lorsque des orbes survolent le sol, une touche prévue à cet effet permet au personnage de planer pour grapiller un maximum de points. C'est simple et efficace. Bien évidemment, une explication sur le papier ne vaudra rien en comparaison des impressions que l'on vit manette en mains. 


Le rythme sinon rien 

Jeu de rythme oblige, cette progression sur rails ne serait rien sans les thèmes de Yoko Shimomura. Chaque action vient s’inscrire dans un seul et unique but : que l’élimination des ennemis soit coordonnée au rythme de la musique. On apprécie ainsi d’évoluer dans un panel assez large de mélodies plus ou moins dynamiques selon l’environnement traversé. Certains thèmes sont plus sombres, d’autres plus enjoués. Ce mélange musical apporte énormément à l’expérience même, s’il est vrai, la visibilité n’est pas toujours optimale. Les monstres ont parfois tendance à apparaître soudainement et il faut un petit temps d’adaptation pour saisir toutes les subtilités du gameplay. Certaines personnes pourront trouver que les protagonistes ne vont pas assez vite, voire même que certains tableaux soient assez lents. Heureusement, le titre laisse une marge d’erreur plutôt conséquente, ce qui fait qu’on progresse sans rencontrer trop de difficultés – en tout cas pendant une bonne partie de l’aventure.


En termes de contenu, Kingdom Hearts : Melody of Memory s'articule, avant tout, autour du mode principal. Dans celui-ci, le joueur parcourt les différents mondes en débloquant, à mesure qu'il progresse, les différents niveaux. Le périple est assez linéaire mais les stages ont la bonne idée de ne pas s'éterniser tout en faisant profiter d'un playlist absolument gargantuesque. On profite ainsi de musiques sublimes, aussi diverses qu'inspirées. Pour tout débloquer et profiter des combats de boss (avec un gameplay légèrement remanié), il faudra de nombreuses heures. Il est même possible de crafter des objets pour créer des sorts qui ne seront pas de trop pour résister aux monstres les plus véloces. Dans son souci d'ouverture, Square-Enix a ajouté un mode « Morceaux au choix » qui permet au joueur de sélectionner la musique de son choix en y incorporant diverses variations. Là encore, plusieurs options font leur apparition, comme un mode simplifié adapté aux plus jeunes. Les amoureux du challenge, quant à eux, opteront pour le mode virtuose.


El maestro 

Preuve de la générosité des développeurs, Kingdom Hearts : Melody of Memory propose également un mode duel pouvant accueillir un adversaire en local ou en ligne. À l’instar des jeux de réflexion à la Puyo Puyo ou Tetris, vos performances infligent des malus à l’opposant et l’objectif est d’obtenir le meilleur score. L'ensemble fonctionne plutôt bien et les défis peuvent être extrêmement serrés. Le mode coopératif, quant à lui, scinde l’écran en deux et chaque joueur doit performer sa partie de piste pour réussir chaque tableau. Là encore, c’est classique mais bien amené et intéressant. Il est important de signaler que la version Switch propose carrément un mode accueillant jusqu’à 8 joueurs en local mais nous n’avons pas pu essayer cette mouture. En même temps, difficile de trouver huit joueurs – avec huit consoles – pour s’y plonger. Il est d'ailleurs un peu regrettable que le mode coopératif soit uniquement dispo en local car ça aurait pu être très sympa en ligne.

VERDICT : BON 

Même si la vitesse de défilement aurait pu gagner en célérité, Kingdom Hearts : Melody of Memory est un spin-off réussi qui parvient, avec un gameplay maîtrisé, à transposer l’univers de la franchise dans le monde du rythme et de la musique. Bien que datée, la réalisation se veut colorée et affiche des environnements variés. Entre rythme et action, le jeu aux 150 morceaux profite en plus de modes solo comme multijoueur, que ce soit en local ou en ligne. Bref, à part le manque de visibilité par endroits, difficile de reprocher grand-chose à cet épisode qui respire la générosité.

Points forts :

150 morceaux magnifiques
Le gameplay, simple et efficace
Plusieurs modes de jeu
La durée de vie
Un vrai challenge en expert 

Points faibles : 

Un manque de visibilité par moments
Visuellement dépassé
Scénario anecdotique
Moins surprenant qu’un Theatrhythm 

Éditeur : Square-Enix – Développeur : Square-Enix – Genre : Rythme – Date de sortie : 13 novembre 2020 – Plateformes : PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series X, Nintendo Switch