NieR Replicant ver.1.22 : Sur les traces d'Automata

Bâti sur les vestiges de Drakengard, une œuvre parue sur PlayStation 2 en 2003, NieR est un spin-off qui s’est forgé une solide réputation avec le temps. Si la licence est entrée au Panthéon grâce à l’épisode Automata de PlatinumGames, c’est bel et bien Replicant, suite directe de la cinquième fin de Drakengard, qui a posé les fondations de la série. Pour ce remake, le studio Toylogic a tenté un véritable pari puisqu’il s’est appuyé sur le volet de Cavia, tout en lorgnant du côté d’Automata. Selon Saki Ito, directeur du développement, l’équipe voulait que les joueurs ayant découvert le dernier épisode de la franchise puissent profiter de l’original. Tout en respectant fidèlement NieR Replicant, ils l’ont modernisé et le résultat est surprenant. Suffisamment pour faire oublier le titre paru il y a onze ans ?


Été 2053. Dans un paysage frappé par une brise glaciale, tout n’est que ruines et désolation. Deux jeunes gens, bien mal en point, tentent de survivre face à des créatures qui ne cessent de les traquer. On fait ainsi la connaissance du héros et de sa sœur, Yonah, en proie à une maladie qui la ronge peu à peu. Après un rapide tutorial, le scénario nous téléporte plus d’un millénaire après ces évènements. On apprend que les épidémies décident les populations et que les entités maléfiques sont appelées les Ombres. Le pitch tranche profondément avec le village et le vert des alentours et le début de l’aventure s’enfonce dans les stéréotypes japonais avec des quêtes inintéressantes (et autant d’allers-retours). Heureusement, cette mise en bouche ne dure pas. Yonah trouve le moyen de fausser compagnie à son frérot et une opération sauvetage dynamite la structure de l’aventure. Néanmoins, NieR Replicant retombe dans ses travers et rend parfois perplexe. Les dialogues sont souvent vides, les objectifs n’apportent pas grand-chose (des quêtes Fedex, en veux-tu, en voilà !), et pourtant, grâce à ses combats et son panache, il empêche de lâcher la manette. Au-delà du grimoire qui nous accompagne, c’est surtout le côté action-RPG teinté de shoot qui interpelle mais aussi ses angles de caméras qui font qu’on se retrouve parfois avec des séquences de plate-formes. Cet entremêlement de genres fait qu’on zappe les défauts.


Une pincée d’Automata


Lorsqu’on se retrouve en plein combat, on comprend où les développeurs ont voulu en venir. En s’inspirant du chef d’œuvre de PlatinumGames et de Yoko Taro, Toylogic offre des affrontements extrêmement dynamiques, très fluides et savamment animés. Aux coups au corps-à-corps viennent se mêler des tirs à distance qui apportent une touche spectaculaire aux rixes et on en redemande ! Au début, il est vrai que les Ombres sont peu variées et qu’on se retrouve souvent à bastonner les mêmes créatures (on en vient même à avoir le sourire en croisant un bon gros sanglier des familles) mais la variété des environnements est appréciable et les thèmes musicaux, très vocaux, distillent une atmosphère particulière. Sur le plan de la progression, NieR Replicant reste assez classique donc, avec pas mal de quêtes annexes, et un fil rouge conducteur. À mesure que l’on avance, le personnage gagne en XP et on peut lui octroyer toute une foule d’améliorations (on récupère du loot, on achète, on vend, le grand classique quoi). La construction du titre aurait toutefois mérité une mise à niveau car les allers-retours incessants pourraient avoir raison de la patience de certaines personnes – surtout quand il s’agit d’aller chercher ou donner un objet. Les ficelles sont un peu trop grosses par moments et les temps de chargement (y compris sur PlayStation 5, ce qui fait penser à un manque d’optimisation) n’aident pas. Mais comme expliqué plus haut, on a envie d’aider le héros à sauver sa frangine et la liberté que procure l’aventure est immersive.


L’esthétisme avant la technique


Sur le plan technique, NieR Replicant est bien supérieur à son ainé mais il ne faut pas s’attendre à une révélation. Le tout manque quand même de détails, les textures sont grossières et on traverse, globalement, des lieux très vides. En revanche, l’animation a gagné en fluidité (sur PS5) et le jeu dégage un certain esthétisme. Les environnements dégagent, grâce à des jeux de lumière et des effets spéciaux réussis, une vraie poésie et les personnages ont gagné en réalisme. L’O.S.T, comportant 45 pistes, n’est pas en reste. Formidablement mise au goût du jour, elle profite de superbes envolées vocales et met en valeur le talent de plusieurs compositeurs nippons avec, à la baguette, le génial Keiichi Okabe. Entre mélopées atmosphériques, mélodies mélancoliques et puissance symphonique, l’œuvre de l’un des compositeurs les plus en vue du moment est un régal ! Les doublages ont également été refaits pour plus d’authenticité (il y a notamment l’actrice qui campe Abby dans The Last of Us 2 pour le rôle de Kainé).


NieR Replicant ver.1.22474487139… (son véritable nom, si, si) n’est pas un titre parfait mais il a vraiment une ambiance et un style accrocheurs. Par ailleurs, à la vingtaine d’heures que comporte l’histoire principale viennent se greffer un épisode additionnel (la Sirène) ainsi que des donjons complémentaires. Il est ainsi possible de débloquer des tenues inédites (Kabuki et Samouraï) mais aussi changer les balles ennemies par le visage d’Emile. Largement de quoi faire, d’autant que le New Game + est toujours présent (pour découvrir une fin différente).


VERDICT : TRÈS BON


NieR Replicant ver.1.22474487139… peut paraître désuet par certains côtés (sa structure, ses décors un peu vides, ses innombrables quêtes annexes bateau…) mais il demeure une valeur sûre de l’action-RPG moderne. À la fois poétique, mélancolique et mature, l’œuvre de Yoko Taro – subtilement remise au goût du jour par Toylogic – a le bon goût de proposer différents niveaux de difficulté, ce qui permet à tout le monde de profiter pleinement de l’expérience. Les combats sont réglés avec minutie, les rixes sont dynamiques et l’aventure a également un avantage que d’autres jeux du même genre n’ont pas : sa variété visuelle. Dès lors, malgré ses défauts, si vous aimez ce type d’expérience, il paraît difficile de passer à côté de NieR Replicant. Ne serait-ce que pour découvrir cette déjantée de Kainé.

Points positifs :

Esthétiquement réussi
L’ambiance et les musiques réorchestrées
Système de combat revu et corrigé
Solide durée de vie
Personnages très attachants
Doublages japonais et anglais au top !


Points négatifs :

Chargements un peu longuets (même sur PS5)
C’est un peu vieillot techniquement parlant
Décors trop vides et manquant de détails


Éditeur : Square-Enix / Développeur : Toylogic / Genre : Action-RPG / Date de sortie : 23 avril 2021 / Nombre de joueurs : 1 / PEGI : 18 / Support : PlayStation 5, PlayStation 4, PC, Xbox One, Xbox Series X
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