Dans le divertissement, les histoires inventées de toutes pièces ont la dent dure et le jeu vidéo n'y a pas échappé. Dans les années 1990, c'était même un sport national ! Il ne se passait pas une semaine ou un mois sans qu'un pote lâche une info saugrenue qui était ensuite relayée en masse dans toute l'école. Pour Jeuxvideo.com, entre révélations diverses et interviews obtenues dans le cadre de mon travail, je me suis amusé à déconstruire certaines légendes. Mais j'en suis sûr, on en entendra encore parler dans des années et le pauvre Howard Scott Warshaw, réalisateur d'E.T sur Atari 2600, risque d'être, à tout jamais, celui par qui le krach du jeu vidéo est arrivé.
7 févr. 2023
3 févr. 2023
Season : A letter to the future - Une expérience assumée et risquée
La scène indépendante est si riche qu’il
est tout simplement impossible de suivre le rythme effréné des sorties. Même en essayant
de garder un œil sur les nouveautés, il n’est pas rare que l’on passe à côté de
petits bijoux, même si cela impose parfois de se plonger dans l’esprit des
développeurs. Les titres indés ne répondent pas aux codes habituels des
blockbusters grand public et certaines œuvres d’auteur ont de quoi interloquer.
Ensuite, c’est quitte ou double : soit on comprend et on s’imprègne du
message et de l’expérience, soit on passe complètement à côté. Et je dois bien
l’avouer : Season m’a déstabilisé, au point où je me suis dit, à un
moment, que ce n’était tout simplement pas un jeu pour moi. Et c’est
probablement le cas.
Pour commencer, on va tout de suite
évincer ce qui représente, à mon sens, l’un des plus gros défauts du jeu. Le
choix des dialogues lents et monocordes à beau être assumé par le studio, cela
m’a totalement sorti de l’expérience ! En écoutant les premières phrases
au délicieux accent québécois, j’ai eu la désagréable sensation d’être en
présence de doubleurs lisant un texte sans faire transparaître la moindre
émotion. Même si l’univers est poétique et que l’expérience est contemplative, ce
n’est juste pas possible de proposer un rythme aussi mou ! Par moments, j’avais
la sensation de me faire raconter une histoire… par un assistant vocal ! On
parle quand même d’une jeune adulte qui décide de quitter le foyer familial
pour toujours, laissant sa mère dans son village perdu, pour suivre les traces
d’un père qui a toujours voulu découvrir le monde. Et pourtant…
Mémoires d’hier
Estelle ne peut plus attendre. Après qu’un
de ses amis ait fait un rêve prophétique, elle a décidé de quitter sa terre natale
pour profiter de la saison avant que celle-ci ne se termine. Dans Season, les
saisons correspondent à des périodes ayant été marquées par des évènements
divers et pas très joyeux. Guerre, société en perdition, rébellion, maladie...
le tableau dépeint par le titre de Scavengers (qui, pour le coup, changent
totalement de braquet après le battle royale Darwin Project) n’est vraiment pas
reluisant. Mais, par chance, la saison vécue par Estelle est d’un calme plat et
cette paix se matérialise au travers d’environnements colorés de toute beauté.
Sentant que cela ne va pas durer (le rêve de son ami n’annonçant rien de bon),
la demoiselle s’échappe de son quotidien. Mélancolique et basé sur le concept
de la mémoire et de la transmission, Season est une expérience posée qui se résume
à évoluer dans des décors en essayant de reconstituer le puzzle des événements
du passé. Interaction avec des objets, photographie d’affiches ou d’éléments
divers, enregistrement audio… chaque élément peut être ensuite consigné dans un
carnet personnalisable. Les séquences en bicyclette permettent, en parallèle,
de profiter de panoramas absolument superbes. Season est un jeu à la direction
artistique léchée et le talent des graphistes est indéniable, mais il est plus
que nécessaire, à mon avis, de le faire au bon moment. Privilégiez un moment
calme, le soir de préférence, pour vous plonger dans la chaleur de ses couleurs
et le calme de son récit.
Balade onirique
Season apparaît ainsi comme une balade contemplative
de six heures qui ne pourra que diviser. Si vous accrochez à ce type d’expériences,
l’histoire d’Estelle pourra vous interpeller, mais il faut avouer qu’elle n’est
clairement pas fait pour tout le monde (et certains n’hésiteront pas à trouver
prétentieuse). Personnellement, j’accroche aux œuvres de Quantic Dream et aux
jeux d’auteur en général (Ico, Shadow of the Colossus, Journey…). Là, si le
titre m’a immédiatement charmé visuellement, j’ai malheureusement eu un mal fou
à entrer dans cette histoire. Outre les dialogues lancinants, le manque de
rythme et l’aspect répétitif de la quête initiatique d’Estelle ont fait que je
ne me suis pas imprégné de l’ambiance sur le moment. Il faudra peut-être que je
le refasse à un autre moment. C’est d’autant
plus vrai que Season affiche un soin évident (quelques problèmes techniques,
mais l’utilisation de la DualSense sur PS5 est réussie).
ONIRIQUE
Impossible de noter Season sur un plan purement numérique. Le jeu de Scavengers est une expérience si unique qu’elle ne peut convenir à tout le monde. En dépit de procédés narratifs intéressants et de phases en bicyclette absolument superbes, le récit de la jeune Estelle a tout de la carte postale interactive, mais qui peine à trouver une direction claire. C’est l’impression que j’en ai sur le moment, mais elle pourrait changer si je refais le jeu dans quelques mois. Season fait partie de cette catégorie de titres aussi séduisants que déstabilisants. J’ai essayé, mais je suis passé à côté de l’expérience. Cela n’enlève en rien la qualité de cette œuvre et les différents tests que l’on peut trouver sur le web le démontrent.
Points positifs :
Graphismes enchanteurs
L’écriture et le récit d’Estelle
Les passages à bicyclette
Les différentes interactions
Points négatifs :
(Très) lent et répétitif
Les doublages sans rythme
Soucis techniques (ralentissements, clipping, textures qui clignotent…)
Une expérience assumée, mais qui ne
plaira pas à tous
Éditeur :
Scavengers Studio / Développeur : Scavengers Studio / Genre : Jeu
contemplatif / Date de sortie :
31 janvier 2023 / Supports : PS5, PS4, PC
30 janv. 2023
M6 : Dites 66 minutes, vous nous prendriez pas pour des cons ?
Chaque dimanche, en fin de journée, c'est le même rituel. TF1 et M6 en profitent pour balancer leurs reportages avec un appétit souvent gourmand pour le luxe, le strass et les paillettes. Parfois, il y a quelques interviews exclusives sympa et il arrive que certains sujets soient complétement à côté de la plaque. Dernier exemple en date avec 66 Minutes et les passions « inavouables ». Comme on pouvait s’y attendre, le jeu vidéo n’y échappe pas et le sujet est traité avec un foutage de gueule intersidéral !
Outre les clichés par dizaine et complètement à la ramasse
(mec divorcé, gamins qui bouffent de la nourriture en boite…), on y découvre un
comptable de métier qui a « honte » de jouer aux jeux vidéo à son âge.
À 47 ans, c’est sûr que c’est totalement inavouable… Non, mais ces gens de la télé
vivent dans quel monde ? On leur rappelle l’âge moyen du joueur français ?
C’est à vomir.
Mais le plus ubuesque dans ce reportage, c’est
que rien ne va ! Genre le mec en costard débarque du taf, balance à ses
mômes de bouffer des raviolis pendant que lui s’adonne à Fortnite via une PS4
posée à même le sol sur le carrelage. En parallèle, on apprend qu'il aurait dépensé 10 000 euros (alors qu'il est encore sur PS4 Fat et ne joue, a priori, qu'au titre d'Epic). Mais, bien sûr ! Et derrière, au
moment du coucher (EN PLEIN JOUR sinon c'est pas drôle), il les invite à éteindre leur FIFA car il faut aller se pieuter. Ben voyons.
En 2023, il serait plus que temps que les chercheurs
de buzz journalistes retrouvent un tant soit peu de crédibilité.
Lamentable. À visionner en replay pour celles et ceux qui veulent gerber. Ils nous prennent vraiment pour des cons (même si l'individu en question existe, on sent bien que tout est soigneusement scénarisé).
MAJ : On me fait remarquer que le meuble n'est pas aligné par rapport au mur et que la plante tire une gueule pas possible. JPP 😂 Tu parles d'un gamer qui passe 6 heures par jour sur son jeu !
25 janv. 2023
Scrap Riders : Énigmes, baston et humour pour ce point'n click old school qui dépote !
Le héros de notre aventure, Rast, n’a rien du
sex-symbol à même de faire tomber toutes les minettes. Sa cabine est un vrai
dépotoir et la découverte de l’avatar se résume à un mec défoncé, en slibard et
affalé sur son pieu. Après une fête bien arrosée, notre gaillard se réveille.
C’est l’occasion des premières interactions avec l’environnement et la mise en
application d’un tutorial savamment amené (en gros, il faut débusquer un code pour
ouvrir un placard où se cache un adaptateur import pour une cartouche de jeu).
En plus d’afficher les poncifs du point’n click, Scrap Riders répond aussi aux
mécaniques des beat’em up, à l’ancienne, avec la combinaison de différents
boutons/touches (poing, pied, saut, coup puissant, etc.). Côté interface,
l’ensemble fait dans l’efficace avec une barre de vie et une barre de
furie – qui se remplit quand le personnage frappe ou se fait frapper. De quoi
se défaire d’un encerclement de loubards prêts à vous rosser !
Impossible de ne pas repenser à Full Throttle au moment où Rast, accompagné de son pote androïde, sillonne les terres arides d’un monde à la Mad Max. Enfourchant sa bécane, il fonce jusqu’à un bar où l’attend toute une galerie de personnages plus loufoques les uns que les autres. Entre le saoulard du coin complètement éméché, la chasseuse de primes trash, la pépée aux poumons généreux et le tenancier louche, il y a de quoi faire ! Scrap Riders navigue ainsi entre les énigmes inhérentes au genre, entre obtention de codes et association d’objets, et les séquences de baston à la Street of Rage, boss compris. L’ambiance du jeu est géniale et on tombe sous le charme de cet univers transpirant l’amour pour la science-fiction, le cyberpunk et les œuvres cinématographiques des années 1980/1990. Les noms d’oiseau fusent, l’humour (sous la ceinture) est percutant et le titre n’est jamais avare en boyaux étalés sur la sacro-sainte bien-pensance de cette époque de fragiles où le moindre second degré doit être détaillé et expliqué (mode vieux con en marche, mais ça fait du bien).
En dépit d’un bestiaire un peu chiche et qui affiche plus ou moins les mêmes patterns d’animation, Scrap Riders manie l’humour et la castagne pour notre plus grand bonheur. Pour mettre un terme à la conspiration, Rast va coller de sacrées roustes, en plus de se frotter à des individus prêts à tout pour annihiler son gang. Les boss sont d’ailleurs l’occasion de mettre à profit les différentes techniques, tout en profitant d’environnements soignés (et variés), d’animations léchées et de finish sauce cartoon bien amenés. On peut aussi lâcher un mot sur les séquences de piratage qui en rendra fou plus d’un. Bref, durant les six heures réclamées par le jeu, on s’amuse à déambuler dans un monde barré, hilarant, mais qui n’est, malheureusement, pas parfait.
Scrap Raiders
Si le jeu, dans sa globalité, est plutôt bon, il est entaché de défauts qui ont tendance à hacher l’expérience. À mon sens, le plus gros problème provient des allers-retours et du manque d’inventivité dans le level design. On aurait souhaité que la progression soit plus ambitieuse et propose, pourquoi pas, des phases à moto pour pousser le concept jusqu’au bout. L’autre point dommageable vient de l’absence de multijoueur, même si on peut concevoir que cette intégration aurait complexifié l’aventure pensée pour une épopée en solo. Mais dans le cadre d’un mode dédié, l’idée aurait eu de la gueule. Certains jugeront également que les séquences de combat, malgré leur dynamisme, manquent de surprise (là encore, dans le level design ou les patterns ennemis). Malgré cela, et même s’il est bavard, Scrap Riders est un périple qui se déguste grâce ses persos complètement perchés, son rythme et ses clins d’œil incessants à la pop-culture. Manier point’n click et beat’em up était un sacré défi, mais pour ce premier jet, Games for Tutti a vraiment assuré ! Le studio dispose de tous les ingrédients pour faire une suite encore plus ambitieuse. Et on ne demande que ça !
BON
Avec son ton à la Full Throttle et son univers singulier en pixelart, Scrap Riders est la bonne surprise de ce début d’année. Fort d’un concept original, mêlant beat’em up et point’n click, le titre de Games for Tutti en a sous le carénage et nous propulse dans un monde complètement déjanté où l’humour, les dialogues grinçants et l’hémoglobine vont de pair. Avec sa bande-son rock et son scénar’ tourmenté, voilà un jeu d’enquête/baston à même de faire vrombir tous les PC et Nintendo Switch ! Il ne lui manque pas grand-chose (level design plus inspiré, un mode multijoueur, moins d’allers-retours…) pour en faire un grand. Vivement une suite !
Points positifs :
Les persos complètement déjantés
Les références à la pop-culture
Le mélange point’n click / baston
L’atmosphère visuelle et musicale
Un
humour corrosif qui prend aux tripes
Points négatifs :
Trop d’allers-retours dans les phases point’n click
Pas de mode multi
Un
level design un peu trop en ligne droite
Éditeur : Microids / Développeur : Games
for Tutti / Genre : Point’n Click – Beat’em up / Date de sortie : 9
janvier 2023 / PEGI : 16 / Supports : Nintendo Switch, PC
20 janv. 2023
Rendez-vous avec The Share Players ce vendredi 20 février !
Ce vendredi, à 21 heures, on se retrouve sur la chaine YouTube de The Share Players pour revenir sur l'histoire mouvementée de la Saturn et de la Dreamcast de SEGA. Cela fait un petit moment que je n'ai pas mis le nez dans mes volumes de Génération SEGA, ça va être l'occasion de retrouver cette ambiance un peu folle de la firme de Haneda des années 1990.
J'en profite pour rappeler que les deux volumes de Génération SEGA (éditions standard et collector) sont toujours disponibles sur le site officiel des Éditions Omaké Books.