Death Stranding 2 : Un chef d'oeuvre qui ne plaira pas à tout le monde

Saisissant. Il n’y a pas meilleur adjectif pour qualifier l’instant où le joueur, en tout début de partie, se retrouve face à un horizon montagneux photo-réaliste. Sam Porter, héros principal du premier épisode, a décidé de prendre du recul et de s’exiler afin de protéger le bébé avec lequel il a tissé des liens très forts, l’adorable Lou. Une nouvelle fois, Kojima Productions démontre toute sa maîtrise de la mise en scène et l’apport, prodigieux, de la musique procédurale de Woodkid est palpable dès les premiers instants. Selon les actions du joueur, les percussions s’envolent, des voix s’élèvent et la boucle mélodique se transforme. Par ailleurs, à de rares instants, une focale cinématographique, prénommée Peter Jackson Camera, prend le relais pour donner encore plus d’envergure à la scène. Death Stranding 2 n’est définitivement pas un jeu comme les autres et si certains n’y verront qu’une énième démonstration de l’esprit ultra-vif de Hideo Kojima, d’autres ne pourront que tomber sous le charme d’un chef d’œuvre qui ne dit pas son nom. Spoiler : je fais partie de la seconde catégorie.


La difficulté de parler d’une telle aventure, c’est d’éviter de trahir des éléments qui gâcheraient la découverte. Par conséquent, je ne vais rester qu’en surface pour ne donner aucune clé scénaristique qui perturberait l’expérience des nouvelles joueuses et des nouveaux joueurs. Death Stranding 2 reste fidèle au concept de son aîné et il est toujours question de transporter des colis de différentes natures d’un point A à un point B, le tout étant entrecoupé de révélations, de combats contre des ennemis de passage ou des boss ou encore de moments plus calmes où on se contente de contempler l’horizon en profitant d’une musique qui vient sublimer la séquence. En progressant, le joueur reconnecte le réseau chiral au monde et il peut désormais se déplacer, après un certain temps à crapahuter dans différents lieux, à bord du Magellan, une sorte de vaisseau où se réunit tout un équipage, dont l’indétrônable Fragile. On aurait aimé que les personnages secondaires soient plus importants dans l’histoire, mais d’un autre côté, cela permet de se concentrer sur les évènements majeurs du jeu.

UN DEATH STRANDING DÉCUPLÉ


Death Stranding 2 est beaucoup moins clivant que l’original, tant dans son rythme que dans la longueur de son tutorial. Le gameplay a gagné en fluidité, on galère moins pour effectuer des tâches simples et l’ergonomie des menus, malgré la quantité d’informations, est redoutable d’efficacité. Sans surprise, l’exploration représente la grande part de l’expérience, mais elle est entrecoupée de passages moins agaçants. On peut choisir l’affrontement direct ou opter pour l’infiltration, notamment lors des déplacements dans des zones d’échoués. Son autre grande force réside dans la diversité des environnements traversés, bien plus riches que ceux du premier épisode. Ne soyez pas surpris d’arpenter des plaines majestueuses, des oasis paradisiaques, des montagnes raides ou des déserts arides. On est aussi amené à se rendre dans des endroits beaucoup plus marqués et surprenants, mais motus et bouche cousue.


Ce qui est plaisant dans Death Stranding 2, ce sont les petites touches qui font que l’aventure est constamment dynamisée par des idées étonnantes. Outre les passages qui font avancer l’histoire, le jeu intègre plein de moments suspendus, comme un concert privé vraiment excellent avec l’artiste japonais Daichi Miura – Horizon Dreamer. Cette séquence m’a rappelé Nomad Soul et le concert virtuel de David Bowie. Death Stranding 2 a aussi pour lui une grande souplesse dans le maniement des marchandises. En dehors des objets à fabriquer, comme un transporteur flottant, Sam peut tout à fait transférer les marchandises d’un pick-up à un autre en mettant les deux engins côte-à-côte. C’est impressionnant tant on a le sentiment que l’équipe de développement a poussé à fond le potentiomètre du plaisir. Les véhicules ne sont pas la seule aide à laquelle vous pouvez prétendre, le monorail est aussi un moyen de transport très utile.


CLIVANT, MAIS PASSIONNANT


Ne pas aimer Death Stranding 2 n’est pas un crime, surtout quand on connait le style très personnel de Hideo Kojima, mais pour quiconque recherche de l’originalité à une époque où le jeu vidéo a tendance à nous resservir sans arrêt les mêmes soupes, c’est une véritable bouffée d’air frais. Ce second épisode est d’autant plus remarquable qu’il s’appuie sur un moteur Decima parfaitement maîtrisé. C’est franchement beau à couper le souffle et certains extérieurs mettent une telle claque qu’on en vient à rester contempler le paysage pendant de longues minutes sans rien faire. Qu’il s’agisse du choix des teintes, de la qualité des effets, des textures sur les bâtiments, les véhicules, les personnages ou encore le décor, on en prend plein la poire ! Et c’est d’autant plus vrai que j’y joue sur PS5 Pro, ce qui fait que chaque élément est d’une finesse et d’une fluidité absolues. Et ne croyez pas que cette baffe visuelle se limite à des paysages standards. Sam Porter va vivre des expériences intenses et Hideo Kojima reste fidèle à sa ligne de conduite, que l’on aime ou pas.


Tout en ayant l’apparence d’une accumulation de quêtes Fedex, Death Stranding 2 parvient à toucher en plein cœur grâce à une ambiance sonore et visuelle incroyable. Lorsqu’on est en terrain ennemi, on comprend qu’il existe des dizaines de manières de parvenir à ses fins, soit en se faufilant dans la végétation, soit en surprenant l’ennemi dans le dos, soit en faisant parler les armes, par le biais d’un fusil d’assaut ou d’une arme installée sur un véhicule. Cette approche est également vraie avec les échoués qui peuvent être sacrément collants une fois qu’ils vous ont détecté. C’est tous ces moments qui font de cette suite une œuvre qui marque à l’encre indélébile. Il en va de même pour les lieux traversés qui font que le rythme du jeu est bien plus maîtrisé que le premier épisode. Impossible également de ne pas signaler la météo changeante bluffante de réalisme ou les impacts de Dame Nature qui agissent fortement sur la topographie de l’environnement (tremblements de terre, inondations…).

UNE ŒUVRE D’AUTEUR

Death Stranding 2 perpétue ainsi le concept de son aîné, tout en apportant de vraies nouveautés. On retrouve d’ailleurs le système d’éléments connectés qui permet de relier les joueurs, que ce soit par le biais de panneaux à liker, de stations d’entraide (dont celles de recharge, si pratique pour rebooster la batterie des véhicules), de marchandises d’autrui à récupérer, et bien d’autres. Il est vrai que les choix de Kojima sont parfois difficiles à suivre, qu’on reste perplexe devant certaines cinématiques un peu naïves et que tout n’est pas un summum de réussite dans le jeu, mais Death Stranding 2 symbolise vraiment ce que l’on attend d’une œuvre d’auteur. Il est d’ailleurs plus que recommandé de découvrir la VO si vous faites le jeu en VF une première fois. Les doublages sont très bons, mais profiter de la performance des actrices et acteurs officiels (Mads Mikkelsen, Léa Seydoux, Elle Fanning, Troy Baker, Lindsay Wagner…) donne une nouvelle dimension au jeu. On ne ressort pas indemne d’une expérience comme Death Stranding 2, même s’il ne plaira pas à tout le monde. Pour ma part, j’ai été totalement conquis, un peu comme je l’ai été avec les Metal Gear Solid, qui demeure l’une de mes sagas préférées.
Plus récente Plus ancienne