24 mars 2022

Triangle Strategy : Le Tactical-RPG qui ne manque pas de sel


L’univers du tactical-RPG est particulier pour n’importe quel novice qui s’y frotte. Le genre répond à des codes précis et il faut un certain investissement pour s’immerger dans ces mondes faits de combats stratégiques sur des damiers. Dans les années 1990, plusieurs titres ont permis au T-RPG de se démocratiser en occident (ou, en tout cas, faire connaître ce style de softs), mais la tête de gondole demeure l’incontournable Final Fantasy Tactics. Beau, prenant et intelligent, il a permis, par son atmosphère, à des millions de joueurs se s’immiscer dans le monde du tactical. Pour ma part, l’une des premières rencontres avec le genre remonte à l’excellent Mystaria (Riglord Saga en VO), un titre Saturn qui a marqué la ludothèque de la machine. Aussi, découvrir Triangle Strategy, qui s’imprègne de toute cette ambiance 90’, ça avait quelque chose de réconfortant. 

Calqué sur le visuel d’Octopath Traveler, Triangle Strategy fait agir son charme en un instant grâce sa direction artistique mêlant pixelart, 2D et 3D. Chaque lieu traversé regorge d’effets somptueux et donne l’illusion, très souvent, de se balader dans de véritables tableaux d’artistes. Les personnages en pixel ne dépareillent pas dans cet univers et se marient sans problème aux éléments 3D de l’Unreal Engine 4. Les teintes exploitées (jour, nuit, crépuscule, qu’il vente, qu’il pleuve…) rendent hommage au travail des graphistes et les intérieurs ont le mérite d’être aussi bien rendus que les panoramas somptueux auxquels on assiste durant cette longue aventure. 

UN MARIAGE POUR RENFORCER LES LIENS

Triangle Strategy rappelle certaines œuvres du passé dans son récit. Le continent Norzelia, jadis frappé par une guerre entre trois nations (Glenbrook, Aesfrost et Hyzante), est en paix depuis trois décennies. Mais depuis peu, des tensions resurgissent. Une mine, contenant le précieux sel, a été découverte et chacun a décidé d’accéder à la requête du roi Regna pour partager les ressources. Afin de sceller son alliance avec le royaume d’Aesfrost, le roi de Glenbrook a décidé de marier son fils, Serenor, à Frédérica, la demi-sœur de l’intendant d’Aesfrost. Finalement, tout ne va pas se passer comme prévu et le jeune Prince va se retrouver au cœur d’une histoire incroyable mêlant politique, affrontements et trahisons. Et le terme « politique » n’est pas usurpé tant Triangle Strategy est ultra-bavard et impose une lecture intensive pour pouvoir prendre les bonnes décisions au moment opportun (elles sont de trois formes : Éthique, Liberté et Pragmatique). Autant dire qu’il pourra laisser sur le bord de la route celles et ceux qui se désintéressent des dialogues interminables (car ils sont parfois très longs) et, plus globalement, de la politique. Certes, l’ensemble est bien amené et invite à prendre le pouls de son peuple et de ses compagnons avant de prendre une décision. Le joueur est ainsi parfois amené à modeler l’opinion pour pouvoir agir. Mais c’est une approche qui ne plaira pas à tout le monde. À l’inverse, si vous aimez vous plonger dans les récits et dévorer chaque note, vous allez adorer ! 

UNE CONTRUCTION À L’ANCIENNE

La trame narrative du jeu se déroule sur une carte, les points rouges symbolisant le scénario principal, les points verts matérialisant les quêtes annexes. Triangle Strategy reprend ainsi le concept à l’ancienne faisant correspondre chaque point d’intérêt à un lieu (et généralement une bataille). Les affrontements représentent ainsi la moitié du jeu (le reste étant dédié à la parlotte et aux choix). On retrouve les mécaniques de la plupart des titres du genre, avec des personnages attaquant à tour de rôle et disposant de capacités multiples (maîtrise de la magie, des armes, des pièges, des soins, etc.). T-RPG oblige, on retrouve le principe du damier et l’ensemble ressemble énormément à Final Fantasy Tactics. Avant de lancer un personnage à l’assaut, il faut prendre en compte sa rapidité d’exécution, sa propension à agir à distance ou au corps-à-corps, sa maîtrise du terrain (car le dénivelé a son importance) ou encore son art de l’esquive. Selon la difficulté, et même si les morts ne sont jamais définitives, chaque paramètre, jusqu’à la météo, doit être considéré sous peine de prendre cher. Classique dans son approche, Triangle Strategy est néanmoins très efficace et on prend un réel plaisir à évoluer dans cet univers en essayant de résister à des assauts de plus en plus épiques. Personnellement, j’aurais préféré que le jeu soit (beaucoup) moins bavard ou, du moins, qu’il aille à l’essentiel. Cela ne l’empêche pas d’être profond, bien écrit et les voix (anglaises comme japonaises) sont très réussies. Petit bémol tout de même : le système d’évolution n’est pas très poussé et oblige à se farcir du farming sur des missions annexes peu folichonnes. Mais c’est aussi le « prix à payer » pour profiter des multiples protagonistes (+30), des innombrables rebondissements et des choix cornéliens (pactiser avec l’ennemi, fournir un otage, délivrer des informations sensibles…) que propose le jeu. Si vous aimez le genre, Triangle Strategy est indéniablement un excellent représentant et, peut-être même, le digne successeur de Final Fantasy Tactics. 

TRÈS BON

Avec sa direction artistique choyée et son atmosphère envoûtante, Triangle Strategy est le digne héritier de Final Fantasy Tactics. Extrêmement bavard, il mêle combats stratégiques, politique et choix cornéliens avec une justesse remarquable. Doté de musiques somptueuses et de doublages (anglais comme japonais) excellents, le titre se veut plus classique dans son gameplay, mais réussit pratiquement tout ce qu’il entreprend. Les quêtes annexes auraient gagné à être moins passe-partout, mais ce n’est pas ce que l’on retient. Pour quiconque aime le genre et possède une Switch, Triangle Strategy est probablement l’une des plus belles surprises de ce début d’année.


Points positifs :

Une direction artistique juste somptueuse

Des personnages auxquels on s’attache

Un gameplay classique, mais très réussi

Les musiques d’Akira Senju sont magnifiques 

Des décisions avec un véritable impact 

Plusieurs fins et un New Game +


Points négatifs :

Parfois alambiqué narrativement

Incroyablement bavard

Quelques chutes de framerate

Les missions annexes un peu passe-partout


Éditeur : Square-Enix / Développeur : Artdink / Genre : Tactical-RPG / Date de sortie : 4 mars 2022 / PEGI : 12 / Support :  Nintendo Switch

17 mars 2022

Asseto Corsa Competizione : Le Sim Racing à plein régime sur PS5 et Xbox Series


Dans le cœur des fans de simulation automobile, Asseto Corsa Competizione représente ce qui se fait de mieux. Considéré comme un maître étalon du sim racing au volant, le jeu de Kunos Simulazioni est destiné aux mordus de réalisme et de sensations fortes. En arrivant sur consoles de nouvelle génération, il vient gommer ses imperfections graphiques et permet, à toutes celles et ceux qui ont l’original sur PS4 et Xbox One, de télécharger gratuitement la mise à jour. 4K, 60 images par seconde, exploitation de la DualSense de la PlayStation 5… on a morflé, mais on a passé un excellent moment ! Si vous voulez ressortir votre volant, c’est le moment !

Quoique. Avant de sortir votre volant (dans mon cas, un G29 de Logitech), il est sans doute préférable, surtout si vous n’avez jamais touché à Asseto Corsa, d’utiliser la manette. Sur PlayStation 5, les fonctionnalités de la DualSense sont plutôt bien exploitées (LED qui s’allument et vibrent, multiples vibrations…) et les sensations gagnent en profondeur. Il faut garder à l’esprit que le jeu du studio italien n’est pas à mettre entre toutes les mains et qu’il demande du temps et de la concentration pour se laisser dompter. Bien évidemment, plusieurs modes de difficulté sont disponibles et il est possible de s’essayer à cette simulation en restant en « débutant », mais vous passerez à côté de ce qui fait son essence même. Pour appréhender les virages, éviter les pénalités et négocier les chicanes, l’apprentissage est long et peut être fastidieux. Chaque véhicule dispose de sa propre ligne de conduite et les modes de difficulté les plus élevés ne vous laisseront aucun répit, que ce soit les adversaires ou la manipulation du bolide. Un simple relâchement et la course, pourtant menée à la perfection, se termine par un classement catastrophique. Asseto Corsa n’épargne rien et exige une maîtrise totale. Les options sont très nombreuses et les réglages, interminables et extrêmement précis, feront plaisir aux fous de la mécanique. Il est donc indispensable de savoir où vous mettez les pieds. En comparaison, Gran Turismo 7 est bien plus accessible – même s’il demande lui aussi une certaine dextérité.

LE GAP DE LA VERSION NEXT-GEN ?

En arrivant sur les consoles de nouvelle génération, Asseto Corsa Competizione s’offre un lifting sacrément appréciable. La 4K rend hommage à la superbe modélisation des bolides et les environnements sont plus fins et détaillés – à défaut d’être spectaculaires. L’autre point salvateur de cette mise à jour, c’est évidemment l’animation qui se montre parfaitement fluide et constante en 60 images par seconde. Les réactions n’en sont plus que efficaces et on profite pleinement des améliorations visuelles. Néanmoins, il ne faut pas s’attendre à une myriade d’options permettant de booster les graphismes. Non seulement ces dernières sont absentes, mais, en plus, on note régulièrement du clipping (ou popping, à savoir affichage tardif des décors et textures) et des scintillements. C’est encore plus flagrant quand on jette un œil dans le rétroviseur. Mais très franchement, le titre fait le job, c’est beau, ça va vite et si on aime le sim racing, c’est difficile de s’en passer tant les représentants sont peu nombreux sur consoles. L’autre point important à signaler, c’est que le titre est vendu à quarante euros si vous n’avez pas la version originale. Enfin, toutes les licences des Blancpain GT Series sont présentes, ce qui donne lieu à des ralentis d’excellente facture.

BON

Sans modifier quoi que ce soit à la formule originale, Asseto Corsa Competizione profite enfin des capacités techniques des machines de nouvelle génération. Grâce à l’apport de la PlayStation 5 et des Xbox One Series, le jeu gagne en finesse et se pare d’une résolution 4K qui rend hommage à la modélisation magistrale des bolides. Les effets sont plus jolis et l’animation ultra-fluide permet de profiter pleinement des fantastiques sensations du titre. Il ne faut en attendre aucune révolution, mais juste un confort optimal pour un jeu qui reste de qualité.

 

Points positifs :

Pour les mordus de simulation

4K et animation en 60 fps pour un rendu au top

Les sensations assez dingues au volant

Mise à jour gratuit pour les possesseurs de l’original

 

Points négatifs :

Encore du clipping

Les scintillements du rétro

Très (trop ?) sérieux dans son approche

 

Éditeur : 505 Games / Développeur : Kunos Simulazioni / Genre : Sim Racing / Date de sortie : 24 février 2022 / PEGI : 3 / Supports : PS5, Xbox Series

Multi-tests : Chocobo GP, Dying Light 2, Olli Olli World et Wanderer


Alors que défile le générique de fin de Chocobo GP, avec sa chanson hyper entraînante, votre serviteur tente toujours de comprendre pourquoi Square-Enix s’est lancé dans la création de ce Mario Kart-like à l’ambiance Final Fantasy. Sur le papier, les ingrédients sont plutôt intéressants, mais on s’aperçoit vite qu’il s’agit d’un jeu à l’esprit mobile, avec des transactions. Et à une quarantaine d’euros, malgré la possibilité de télécharger une version allégée gratuitement, il y a forcément de quoi être interpellé. Car, en l’état, même si le jeu est agréable avec ses nombreux personnages et son ambiance colorée, il pêche sérieusement en matière de durée de vie. On ne dénombre que 9 environnements (avec les incontournables variantes, miroir, etc.) et le level design est assez plat, malgré quelques pistes qui sortent du lot dans les obstacles et les embranchements. C’est dommage car l’univers FF est super attachant, les musiques sont réussies et on prend quand même un certain plaisir à effectuer les dérapages et à utiliser les différents pouvoirs.


Malheureusement, le manque de contenu, malgré une boutique bien remplie (personnages, véhicules, fonds d’écran, cosmétiques…) prend rapidement le dessus et certains choix deviennent, pour un jeu de ce type, totalement surréalistes. Pourquoi avoir limité le multijoueur local à 2 participants ? Pourquoi avoir opté pour des micro-transactions sur un tel titre familial ? Pourquoi instaurer des dialogues aussi inintéressants ? Chocobo GP avait tout pour s’imposer comme une alternative probante à Mario Kart, mais il s’encombre d’éléments qui vont surtout le destiner à celles et ceux qui aiment le côté compétitif des tournois en ligne. C’est sans doute sur cet aspect que Chocobo GP parvient à se démarquer. Son système à élimination est bien pensé et on passe outre les problèmes de visibilité (il y a beaucoup de choses à analyser : interface, magies, obstacles…) pour gravir les sommets du classement et obtenir des gils (la monnaie du jeu avec les tickets) pour débloquer les éléments de la boutique. Le titre de Square-Enix demande un certain investissement puisqu’il faut, par exemple, atteindre le niveau 60 pour avoir le privilège d’incarner Cloud. Chocobo GP est un pari, qui devrait s’améliorer au fil des saisons, mais qui s’adresse à une catégorie bien précise de joueurs.



VERDICT : CORRECT


Dying Light, par son ambiance accrocheuse et son mélange de parkour et de zombies, avait réussi à s’imprégner d’une véritable identité et c’est peu dire que cette suite était attendue. 20 ans après les évènements de Harran, les conditions des survivants se sont dégradées. Toutes celles et ceux qui ont échappé à la morsure des infectés se terrent désormais dans des camps retranchés, loin du monde extérieur. Le labo à l’origine de tout le bordel n’a pas cessé ses activités et a fini par décimer la planète entière (ou presque) avec ses expériences. Aiden Calwall, le personnage que l’on incarne, parcourt le monde pour retrouver sa sœur Mia. Malgré les dangers incessants, il fait ainsi la connaissance des femmes et hommes qui tentent, à leur manière, de préserver ce qu’il reste de la planète bleue.


Aiden va ainsi rejoindre Villedor, une immense ville qui a su s’organiser pour échapper aux créatures. Seulement voilà, l’homme étant ce qu’il est, plusieurs clans s’affrontent au sein même de cette cité et c’est dans ce capharnaüm ambiant, entre les zombies et les factions, que le héros va essayer d’intervenir, en espérant mettre la main sur des indices qui lui permettront de retrouver sa sœur. Dying Light 2 est construit comme un grand monde ouvert que l’on peut arpenter en faisant des choix stratégiques. Le scénario est assez téléguidé, mais demeure efficace grâce à quelques envolées spectaculaires. La vraie force du jeu réside dans sa notion de parkour et la possibilité d’utiliser un grappin et même un parapente. Certains pourront trouver le tout un peu générique, mais les environnements sont plutôt inspirés, le système de compétences est bien ficelé et on peut également crafter son équipement. Il ne faut pas s’attendre à la richesse et à l’exploration d’un Horizon Forbidden West, mais Dying Light 2, pour qui a aimé le premier épisode, est une suite sacrément rythmée, dotée d’une ambiance remarquable et qui fait passer un bon moment !



VERDICT : BON


À une époque, les jeux de glisse étaient omniprésents et il ne passait pas six mois sans que débarque un titre de sport extrême, que ce soit du snowboard, du skate voire carrément de la motoneige. Olli Olli World n’a pas la prétention de lorgner du côté des Tony Hawk ou Coolboarders, mais mise plus sur du réflexe à la Super Meat Boy, à savoir du die and retry (ou plutôt du crash and retry dans le cas présent). Entièrement en 2D et possédant une direction artistique rafraîchissante, Olli Olli World est un jeu hyper addictif et reposant sur un gameplay très simple. Le stick L sert en effet à grinder sur les rampes et les panneaux tandis que les boutons L/R sont là pour faire tournoyer le personnage. Le stick R, quant à lui, active les grabs (pour choper la planche), ce qui donne à l’avatar la capacité de briser des obstacles, type les cristaux qui sont là pour bloquer la progression. Le principe est génial, on navigue sur une carte façon Super Mario Bros. 3 et on participe à de multiples épreuves en passant de monde en monde. De temps à autre, certains défis interviennent pour briser la relative linéarité du titre, comme la course contre l’ours dans les rapides.


Olli Olli World est drôle, sans doute trop bavard pour un jeu du genre (malgré une narration rigolote), mais il apporte une telle fraîcheur qu’on lui pardonne ses petits défauts. Il arrive parfois que le stick ne réagisse pas assez vite quand on doit faire sauter et grinder le personnage à intervalles très courts. Il paraît simple au premier abord, mais on s’aperçoit vite que la vitesse joue un rôle primordial dans la réussite des parcours et le comptage des points. Olli Olli World a pris le meilleur des épisodes passés pour amener la formule à un stade encore plus avancé. La direction artistique est excellente, les persos sont loufoques à souhait et les environnements sont suffisamment variés pour passer un bon moment ! Par ailleurs, si vous aimez le coté personnalisation, vous serez servis puisqu’on peut modifier son sportif de la tête au pied. Le type de jeu que l’on relance très souvent pour se faire quelques sessions.



VERDICT : BON


Cela faisait un bon moment que le PS VR n’avait pas été ressorti et on remercie Wanderer pour cela. Chapeauté par les studios Mtheory et Oddyboy, ce titre devait voir le jour en 2021, mais il a été reporté de quelques mois pour le finaliser dans les meilleures conditions possibles. Wanderer est une œuvre surprenante par son concept rappelant les escape games. On y campe un dénommé Asher Neumann, le petit fils d’un scientifique qui a passé son existence à travailler sur le concept du voyage temporel. Après quelques minutes de présentation, le joueur est propulsé dans un monde en perdition et se retrouve dans une ville lugubre, abandonnée et immergée. Pour comprendre d’où vient une telle catastrophe, l’utilisateur muni de son casque va ainsi arpenter chaque pan de l’appartement pour retrouver des traces et indices du passé. 


Le jeu nous fait ainsi traverser les époques et les lieux, le tout dans une ambiance vraiment réussie. L’ensemble est un peu téléguidé certes, mais l’apport de personnages secondaires et de séquences à l’adrénaline montante donne un peu de hauteur à une expérience qui s’avère assez répétitive. Les énigmes ont tout de même le mérite de s’ouvrir à plusieurs mécaniques de gameplay et le challenge est au rendez-vous. Plutôt bien réalisé, avec de jolis décors et des détails assez nombreux, Wanderer est un voyage temporel qui interpelle par sa variété visuelle (nouvel an de 1959, Boston en 1986, Yucatan en 1525 et 378, Woodstock en 1969…) et son récit. Il est tout de même regrettable que le jeu soit intégralement en anglais, sans aucun sous-titre (!), car son approche d’escape game vaut le détour pour qui veut dépoussiérer son PS VR, en attendant le second modèle qui doit arriver l’an prochain.



VERDICT : BON


15 mars 2022

Moto Roader MC : Arcade, nostalgie et CD-ROM²


À moins de connaître avec une infinie précision le jeu vidéo japonais, il y a de fortes chances pour que vous n’avez jamais entendu parler de Moto Roader MC. Paru en décembre 1992 sur le Super CD-ROM², l’extension de la PC Engine, ce titre signé Masaya Games rappelle les grands classiques que sont les Super Off Road ou encore Micro Machines. Mais la comparaison s’arrête là car Moto Roader mélangent à la fois de l’action, des obstacles et des accélérateurs dans tous les sens. Reste à savoir si la formule est toujours efficace trente ans après.


Ratalaika Games a racheté les droits des jeux Masaya et poursuit sa quête du néo-retrogaming débutée avec les adaptations de Gynoug et Gley Lancer. Moto Roader MC est une simple conversion de l’original sur les machines du moment et n’a aucunement la prétention d’être un remaster. Il s’agit d’un jeu de course en vue aérienne pouvant se parcourir en solo ou à plusieurs et qui demande pas mal de maîtrise. Comme d’habitude avec ce type de jeux, s’habituer au gameplay exige une certaine concentration sous peine de voir valdinguer son véhicule dans tous les sens. Sur la piste, cinq compétiteurs s’affrontent et le but est bien évidemment de terminer premier. Seulement voilà, les obstacles ne manquent pas et la difficulté monte encore d’un cran quand les collisions sont activées.

 
QUEL FOURRE-TOUT !

C’est peu dire que Moto Roader MC est un capharnaüm visuel. En course, le joueur peut en effet lancer des missiles pour ralentir ses adversaires, mais il doit en plus négocier les virages avec précision et utiliser chaque élément avec intelligence. Le jeu regorge d’idées, avec des accélérateurs, des tracés scindés en plusieurs parties (on sort par un bout de l’écran, on entre par l’autre), des sols glissants, un train qui manque de vous écraser, un pingouin qui se balade sur la piste et bien d’autres. Les développeurs ont puisé dans leur imagination pour mettre en scène de nombreuses situations différentes et cette variété est fort appréciable. Le problème, c’est que la visibilité fait vraiment défaut et qu’on se retrouve parfois dans le sens inverse de la course sans comprendre ce qu’il s’est passé. Et malgré les différentes ligues et la cinquantaine de circuits, se déroulant dans des environnements divers, on fait assez vite le tour de Moto Roader MC. 

LES AJOUTS DE LA CONVERSION

Jeu d’arcade dans l’âme, Moto Roader MC propose quelques modes de jeu pour rebooster l’intérêt, mais l’ensemble est tout de même très limité. Il n’y aucun mode en ligne, et si les filtres graphiques sont présents, ils ne suffisent pas à défaire l’impression d’une conversion un peu trop expédiée. Il faut tout de même souligner le rythme des courses et la qualité de la bande-son, qui était la grande force du support CD-rom à l’époque. 


CORRECT

Très arcade et pas évident à prendre en main, Moto Roader MC est un titre agréable du catalogue Super CD-Rom² et c’est plutôt cool de pouvoir s’y essayer, à petit prix, sur les consoles du moment. Toutefois, la visibilité n’est pas toujours optimale et les quelques modes ne suffisent pas à faire oublier les défauts du jeu, à commencer par l’absence de courses en ligne. Avec sa cinquantaine de tracés et ses nombreux obstacles, il respire les années 1990 et pourra intriguer les nostalgiques. Mais seulement eux, car il ne s’agit en rien d’un remaster.

 

Points positifs :

Le côté arcade et fun

Des courses plutôt variées visuellement

Le multijoueur en local

 

Points négatifs : 

Un peu brouillon tout de même

Pas de courses en ligne

Assez répétitif

 

Éditeur : Ratalaika Games / Développeur : Ratalaika Games / Genre : Course à la Micro-Machines / Date de sortie : 25 février 2022 / PEGI : 7 / Supports : PS4, PS5, Xbox Series, One, PC, Nintendo Switch

Final Fantasy VI Pixel Remaster : Opéra et symphonie pour une aventure culte

 C’est toujours un exercice périlleux de s’attaquer à un tel monument. Pour tout ce qu’il représente et pour tout ce qu’il diffuse, Final Fantasy VI – qui fut longtemps éloigné du continent européen – est une œuvre majeure et incontournable de l’Histoire vidéoludique. Alors que les précédents épisodes de la franchise avaient une approche fantastico-médiéval, le dernier volet de la Super Famicom a surpris tout le monde par la richesse de son univers techno-industriel, de son gameplay et de ses personnages hauts-en-couleur. À l’approche de ses trente ans d’existence, il demeure toujours aussi incroyable et cette version Pixel Remaster est probablement l’épisode ultime pour en profiter pleinement. 


Il suffit de redécouvrir l’intro avec le thème de Terra pour que des frissons se mettent à nous parcourir l’échine. Porté par un Nobuo Uematsu au sommet de son art, Final Fantasy VI Pixel Remaster laisse apprécier en quelques secondes toute l’envolée orchestrale du maestro japonais. Comme ses confrères, l’une des grandes forces de cette édition réside dans la réinterprétation et l’amélioration significative des mélodies du jeu. Les originales auraient pu se suffire à elles-mêmes, mais il suffit de réentendre les quelques notes de cuivres du prologue pour replonger. Et cette fois, à l’inverse de bon nombre de rééditions, tout est traduit en français ! Autant dire qu’on a bien du mal à s’en défaire une fois que l’aventure est commencée. Mais d’où vient réellement FF VI ?

UNE ŒUVRE MULTI-CULTURELLE

Aujourd’hui, la création d’un jeu repose sur un schéma bien établi avec des tâches définies pour chaque artiste, modeleur 3D, designer, programmeur, etc. Final Fantasy VI, quant à lui, a été façonné « au feeling », chacun apportant ses idées à mesure que le développement progressait. Au gré des expérimentations, l’univers et les personnages se sont affinés et c’est finalement la conjonction de nouveaux employés – apportant un souffle inédit à l’univers – et le trio Sakaguchi / Kitase / Ito qui va, peu à peu, modeler l’atmosphère immersif de ce sixième épisode. Par rapport à ses prédécesseurs, l’histoire de Final Fantasy VI se montre plus sombre, plus ténébreuse. Le jeu débute un siècle après une guerre ayant opposé les humains et les Espers, des êtres doués de magie. Au terme du conflit, chaque clan s’est mis à vivre de son côté tout en conservant une haine prononcée de l’ennemi d’autrefois. Au fil des décennies, les hommes ont développé la technologie et se sont éloignés de la magie. En parallèle, la Magitek, mélange de magie, de technologie et d’ingénierie génétique, a émergé et a fait naître un Empire puissant. Fou de conquête, ce dernier n’a désormais qu’un but : s’emparer du monde en manipulant les humains. Mais de jeunes gens vont se liguer pour contrecarrer les plans de l’Empereur Gestahl.

DES SÉQUENCES TOUJOURS AUSSI MÉMORABLES

Quiconque a pu terminer Final Fantasy VI ne peut que s’y résoudre : le jeu multiplie les moments d’anthologie et happe par le charisme de ses héros. Terra, Locke, Edgar, Sabin, Celes… tous apportent un regard sur l’univers si singulier de l’œuvre de Squaresoft.  Le scénario a été rédigé par plusieurs membres de l’équipe de développement, mais cela n’empêche pas l’alchimie de se créer à mesurer que l’on progresse. Cette édition Pixel Remaster a ainsi fait le pari de revisiter la célèbre scène de l’opéra et le résultat est tout simplement remarquable. Outre le travail sur la lumière, les développeurs ont choisi de faire appel à des chanteurs qui s’exécutent en anglais, espagnol, italien, allemand, japonais, coréen et français ! Dans la langue de Molière, le rendu est très réussi ! Rien que pour cette scène, cette itération Pixel Remaster mérite le détour. En parallèle de cela, on découvre parfois quelques petites différences par rapport à l’original, notamment des moments un peu plus atténués sur le plan de la violence des évènements. Cela ne change pas le récit, mais cela tranche évidemment avec les thématiques adultes retranscrites dans cette œuvre. Côté graphismes, Final Fantasy VI Pixel Remaster conserve le charme du pixelart et enrichit sa palette d’effets pour un rendu plus percutant lors des combats. Kazuko Shibuya, quant à elle, a retravaillé l’intégralité des sprites, ce qui procure à cet épisode une tonalité visuelle vraiment intéressante. 

UNE EXPÉRIENCE QUI DÉFIE LE TEMPS

En plus de tout ce dont nous avons parlé plus haut, Final Fantasy VI Pixel Remaster modernise la formule de l’original en proposant à l’utilisateur d’accélérer les affrontements ou, même, de les activer automatiquement, l’IA se chargeant de combattre. La progression est également plus aisée grâce à une visualisation des points d’intérêt sur la map et une interface revue et corrigée, même si la police de caractère, un peu trop « stricte », tranche avec l’univers de la franchise. En termes de gameplay, FF VI reste fidèle à l’ATB (Active Time Battle) issu de FF IV tandis que les chimères jouent un rôle prépondérant dans l’aventure. La notion de groupe est souvent mise en avant et oblige le joueur, à plusieurs reprises, à remodeler son escouade en fonction du scénario. Bref, de bout en bout, Final Fantasy VI est fidèle à son prestige, mais le redécouvrir avec l’édition Pixel Remaster permet de profiter d’un confort exceptionnel et d’une séquence, l’opéra, sublimée. Si vous n’avez qu’un seul Pixel Remaster à choisir, c’est celui-ci.

CULTE

Paru il y a vingt huit ans, Final Fantasy VI demeure à ce jour l’un des épisodes les plus appréciés de la franchise. À l’époque, Hironobu Sakaguchi et son équipe voulaient atteindre une certaine forme de réalisme et ils ont utilisé tous les moyens à disposition, y compris les logiciels 3D, pour donner naissance à leur vision. Si l’original est culte, le redécouvrir avec la prestance de l’édition Pixel Remaster apporte un confort (interface, options, traduction…) dont il est difficile de se passer une fois le jeu terminé. Et puis, rien que pour la séquence de l’opéra, cette fois entièrement chantée, refaire cet épisode vaut le détour. Intemporel, génial, inoubliable… les mots manquent pour qualifier l’expérience FFVI.


Points positifs :

Un jeu culte tout simplement

Les musiques réorchestées sous la supervision de Nobuo Uematsu

Le rendu Pixel Remaster est convaincant

La scène de l’opéra sublimée (VF remarquable)

Le confort apporté par cette version


Points négatifs :

La police, un choix étrange

Quelques éléments « atténués »

 

Éditeur : Square-Enix / Développeur : Square-Enix / Genre : Jeu de rôle / Date de sortie : 23 février 2022 / PEGI : 7 / Support : PC

                                                       

8 mars 2022

Uncharted - Legacy of Thieves Collection : Aventure et grand spectacle

Mai 2016. Après de longs mois d’attente, la communauté PlayStation découvre la quatrième aventure de Nathan Drake. Exclusif à la PlayStation 4, le nouvel Uncharted renverse l’industrie et les joueurs par son dynamisme, son scénario, son aspect cinématographique et sa réalisation démentielle. Les notes, dithyrambiques, sont à l’image de l’enthousiasme suscité par les folles escapades de l’explorateur Nate, de sa compagne Elena et du frangin fonceur Sam. Depuis, bien de l’eau a coulé sous les ponts et c’est à quelques encablures de la sortie d’Horizon Forbidden West que Sony a décidé de proposer aux fans de la licence la possibilité au titre de Naughty Dog sur PlayStation 5. Et pour l’occasion, la compilation réunit l’épisode original et l’extension The Lost Legacy. Alors, Uncharted 4 est-il aussi fracassant qu’en 2016 ?

 


Sobriété. Le sous-titre ne s’encombre d’aucune fioriture et permet au joueur de se lancer, au choix, dans Uncharted 4 : A Thief’s End ou son chapitre additionnel The Lost Legacy. Quelques minutes suffisent ainsi à retrouver tout le panache de la saga, de son action parfaitement mise en scène à son humour percutant en passant par la diversité de ses environnements. Uncharted 4 reste dans la droite lignée que ses prédécesseurs et fait la part belle au voyage, à l’exploration et à l’escalade. Évidemment, cette quatrième aventure résonne un peu comme l’aventure ultime de Nate et les développeurs se sont fait un malin plaisir à multiplier les clins d’œil. Difficile de ne pas sourire en découvrant le héros s’amuser sur Crash Bandicoot pendant que sa femme se fout de sa tronche. C’est bien simple, on commence et on ne peut plus s’arrêter.

 

L’AVENTURE AVEC UN GRAND A

De nature, Nate a souvent l’art de se mettre dans des situations impossibles, mais c’est encore pire avec son frère Sam, qui est un peu un fil rouge durant toute l’aventure. Alors que l’intrépide héros a finalement réussi à se marier et se poser, voilà que le frangin débarque et chamboule tout. Une nouvelle fois embarqué dans une folle histoire, le brave Nathan va en voir de toutes les couleurs ! Dans son gameplay, Uncharted 4 reste très instinctif, que ce soit dans ses séquences de grimpette ou lors des phases d’action. Ces dernières n’ont rien d’exceptionnel, mais elles ont gagné en souplesse par rapport à l’épisode précédent. À l’inverse, les moments d’escalade sont excellents, notamment grâce à cette corde que l’aventurier peut accrocher à certains endroits. Forcément, le jeu est sorti en 2016 donc il pourra paraître très linéaire dans l’esprit (dans le sens où la plupart des niveaux sont « en couloirs »), mais tout ce qu’il tente et assume, il le réussit. L’autre de ses grandes forces, ce sont ses animations. Elles sont absolument remarquables et rendent les personnages incroyablement souples. Lorsque Nathan ferme une porte, ouvre une grille, colle un mur, se faufile, les mouvements contextuels sont fluides. Forcément, toutes les phases de QTE ont un peu vieilli et certains aspects peinent à convaincre de nos jours. C’est notamment le cas du passage vers la tombe d’Avery, qui s’étend en longueur et qui fait très jeu vidéo. On apprécie d’autant plus les séquences plus ouvertes, comme à Madagascar avec la jeep. Même s’il n’est pas toujours facile de retrouver son chemin, il y a des idées excellentes comme le treuil à utiliser à plusieurs reprises et la possibilité de stopper son véhicule pour s’occuper de l’ennemi ou trouver des trésors. Avec les tonneaux explosifs et les armes disposées un peu partout, on sent venir les évènements à des kilomètres parfois, mais ça ne gêne pas plus que ça car on est toujours immergé dans une aventure incroyable. Et visuellement, ça claque sévère !

PAS UNE RIDE

En profitant de l’instantanéité de la PlayStation 5, Uncharted 4 gagne en confort. Graphiquement, le jeu est toujours aussi superbe et révèle des personnages, décors et effets d’une infinie beauté. Les dialogues, omniprésents, sont absolument géniaux et bourrés d’humour, si bien qu’on ne s’ennuie pas une seconde. La nouvelle console de Sony donne de l’envergure à une aventure qui est égale à elle-même : immersive et passionnante. Il est vrai que, par moments, le jeu souffre de quelques longueurs et perd un peu de son rythme – notamment lors de certaines énigmes – mais ça ne suffit pas pour faire décrocher, surtout quand les moments d’anthologie (cette course poursuite de dingue à Madagascar) se multiplient. Uncharted 4 est bel et bien une pépite. Le chapitre additionnel, quant à lui, est dans la droite lignée de son homologue, mais s’intéresse au personnage de Chloe Frazer, l’un des protagonistes les plus appréciés de la saga. Tout aussi somptueux, cet épisode se veut aussi plus ouvert et on s’amuse des chamailleries entre l’héroïne et son acolyte, Nadine Ross. Bref, si vous n'avez jamais fait l’un ou l’autre de ces titres, c’est le moment de vous laisser tenter par cette compil’ plein de panache !


TRÈS BON

Uncharted : Legacy of Thieves Collection est une compilation indispensable si vous aimez les grandes aventures, les récits à la Indiana Jones et l’humour percutant. La PlayStation 5 apporte un confort supplémentaire, à la fois dans les temps de chargement et le visuel, et le résultat est vraiment à la hauteur de celui qui nous avait mis une claque en 2016. Les années coulent sur Nathan Drake et même si certains aspects ont vieilli, l’archéologue résiste sans problème aux blockbusters du moment. Si vous n’avez jamais fait Uncharted 4 et le stand alone The Lost Legacy, foncez, vous ne le regretterez pas !

 

Points positifs :

Deux jeux absolument géniaux

L’humour et la narration, de vraies pipelettes !

Visuellement percutant

Un mode performance réussi

Un doublage français XXL

 

Points négatifs :

Certains aspects ont vieilli

4K en 30 images par seconde

Aucun multijoueur


Éditeur : Sony / Développeur : Naughty Dog / Genre : Action-Aventure / Date de sortie : 28 janvier 2022 / PEGI : 16 / Support : PlayStation 5